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Une chance pour «les oubliés» du développement
Point de vue - Plan économique et social
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 04 - 2011

Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde, disait Albert Camus. Eh bien, sans détour, il faut dire que les disparités régionales criantes ont été une des bases essentielles de cette révolte populaire. Les jeunes des zones défavorisées ou en manque criant de développement ont fait parvenir leurs voix pour une vie meilleure et digne. Les inégalités, c'est connu, sont une source indiscutable de crise latente.
C'est que les disparités régionales mises à nu avec l'avènement de cette insurrection et le rétablissement de la libre expression ont fait ressortir au grand jour les travers de la politique développementielle mise en œuvre par l'ancien régime qui s'était évertué, à force d'opérations à sensation, à jeter de la poudre aux yeux et à calmer les ardeurs sur cette question névralgique.
Ouled Boughanem, Tabbouba, Thala, Sakiet Sidi Youssef, Redeyef, Regueb, Sidi Bouzid, Mogran, Kalaâ Khasba, Hidra et bien d'autres zones du cordon frontalier et des zones du centre et sud du pays ont été malheureusement laissées pour compte. Un constat d'échec ravivé par la révolution populaire et relayé par les médias et qu'il s'agit de parer au plus pressé. C'est ce que vient de réaliser le gouvernement provisoire III, moins d'un mois après son installation.
L'annonce du programme économique et social à court terme ou plan de relance par les pouvoirs publics, vendredi dernier, vient répondre donc à une bonne part des revendications populaires, à savoir le développement régional et l'emploi des jeunes.
La transition démocratique faisant son chemin, il s'agit donc de relancer en priorité l'économie, sans quoi aucune stratégie de réduction des inégalités sociales ou de mise en place d'un système politique démocratique ne saurait réussir.
Au total, dix-sept mesures sont venues stimuler l'emploi (des jeunes et moins jeunes et diplômés de l'enseignement supérieur), les investissements, le secteur productif, le développement régional et l'assistance sociale aux couches démunies.
Pour focaliser sur le développement régional, il faut dire que les décisions arrêtées ont concerné notamment le doublement des montants alloués aux programmes d'utilité publique dans les régions, le démarrage de projets d'infrastructures nécessaires pour l'investissement, et la mise en place d'incitations fiscales pour stimuler l'investissement dans les zones de développement régional. Ces mesures sont de nature à stimuler l'activité dans les régions en en améliorant l'attractivité.
Il faudra également y adjoindre les décisions ayant trait à la restructuration du dispositif de microcrédits et de financement des petites et moyennes entreprises et à la création de pôles bancaires dans les régions.
A ce titre, il y a lieu d'étudier la possibilité d'une baisse des taux directeurs de la Banque centrale de Tunisie afin de contribuer à une réduction du coût du financement bancaire pour les entités économiques soucieuses de renflouer leurs intentions d'investissements et d'alléger leurs charges financières.
Politique active de promotion de l'emploi
Parallèlement à ces mesures, il a été décidé d'un plan de recrutement à court terme dans les secteurs public et privé (40.000 bénéficiaires au total) et de l'extension du programme Amel (200.000 bénéficiaires, initiatives qui devraient largement profiter aux jeunes des zones de l'intérieur. Il est plus qu'urgent en effet de parer à ce fléau du chômage afin d'endiguer ses coûts humains et sociaux. Cette politique active de promotion de l'emploi, à travers l'embauche et l'amélioration de l'employabilité des demandeurs d'emploi, devrait améliorer notablement la situation dans ce secteur à portée sociale stratégique.
Il en va de même de la décision de révision du budget de l'Etat et de la loi de finances pour l'année 2011 en vue de réallouer des dépenses significatives en faveur des zones et régions prioritaires à la lumière des demandes exprimées par les régions, l'octroi de dotations budgétaires aux autorités régionales «pour actionner localement les mécanismes de l'emploi et les aides sociales tout en adoptant des procédures qui allient rapidité, transparence et équité». Cette décentralisation est salutaire pour donner plus d'autonomie et de pouvoir aux régions.
Cette nouvelle politique régionale, empreinte de transparence des procédures pour le respect de l'égalité des chances et de l'équité, passe assurément par un rôle plus prépondérant de la société civile : tissu associatif et autres organismes (chambres de commerce et d'industrie, jeunes chambres économiques, Organisation de défense du consommateur, syndicats et patronat, organisations non gouvernementales –ONG—, etc.) sont appelés à appliquer le suivi et le contrôle nécessaires aux actions de développement programmées.
Ce partenariat public - privé s'annonce on ne peut plus indispensable pour veiller à la bonne applicabilité des mesures et d'affiner davantage l'action étatique.
Et pour boucler la boucle, il a été décidé le renforcement des aides aux familles nécessiteuses pour couvrir toutes les familles qui vivent en dessous du seuil de pauvreté (soit 185.000 familles), l'octroi de microcrédits ou des dotations pour l'amélioration du logement en faveur de 20.000 familles et l'aide ponctuelle pour les Tunisiens de retour de Libye. Et c'est là aussi un rôle fondamental de l'Etat en assurant la protection des couches les plus vulnérables.
Ainsi avec l'amélioration en perspective du niveau de vie et de la qualité du quotidien dans ces contrées et surtout le renforcement de l'attractivité des régions, l'on pourra enfin assister à des flux migratoires contraires à l'exode rural, c'est-à-dire des villes côtières et de la capitale vers les zones de l'intérieur ainsi réhabilitées en tant que pôles de production et d'investissement.
Pour garantir les chances de succès de cette stratégie de développement régional, l'Etat est tenu de consolider les fondements d'un développement durable, à travers le renforcement des infrastructures et des équipements de base, la création de sources permanentes de revenus décentes et suffisantes et l'ancrage d'une sorte de labellisation régionale compte tenu des spécificités et ressources des régions. Ainsi, dans les zones à vocation agricole, l'agriculture y sera réhabilitée, dans d'autres, il sera fondé des pôles industriels, technologiques ou de services, etc.
Cependant si le rôle de l'Etat est essentiel dans cette étape pour inciter et montrer le chemin, les opérateurs économiques, entrepreneurs et hommes d'affaires en tête, ont aussi un rôle névralgique à jouer pour accompagner et s'investir totalement dans l'effort d'activité en délaissant, une fois pour toutes, tout comportement de frilosité ou d'attentisme et de faire preuve de courage managérial, surtout que l'Etat vient de décider de mesures de soutien exceptionnelles pour soutenir les entreprises en difficulté conjoncturelle et de les maintenir en activité pour préserver et les postes d'emploi et le tissu productif.
Par courage managérial, il faut entendre le fait d'appréhender d'une manière réfléchie tout éventuel préjudice pouvant affecter la pérennité de son projet ou entreprise et d'y faire face, sachant que le risque fait partie intégrante de toute activité entrepreneuriale, risque calculé faut-il préciser. De plus, il s'agit de ne pas se laisser intimider par les pressions et les tensions qui régressent—faut-il le signaler— rapidement, et ce, quelle que soit la complexité de la situation qui reste par essence passagère dans nos contrées. Enfin, l'expression de ce courage managérial est de continuer à investir (notamment dans les zones défavorisées) à produire et à exporter dans le contexte actuel, tout en contribuant à l'effort national d'emploi et de développement régional.
En définitive, il faudra preuve d'audace, d'ingéniosité et d'abnégation pour sauver ce qui peut encore l'être en cette année charnière à marquer d'une pierre blanche.
Patriotisme économique et social
Pour revenir à ce plan économique et social, il est à remarquer qu'il s'agit juste d'un plan d'actions à court terme en vue de parer aux urgences économiques et sociales de l'heure et qu'un schéma de développement intégral pour le moyen et long termes sera une des tâches essentielles du prochain gouvernement de l'après-élections programmées en été prochain.
Les urgences de l'heure devant rester confinées dans cette quadrilogie : le redémarrage de l'activité économique, l'amélioration de la situation sur le front de l'emploi, le développement régional, la lutte contre la précarité, l'exclusion et la fracture sociale.
Cette intervention des pouvoirs publics vise en fait deux objectifs : stabiliser la situation sociale en améliorant le climat et parer à la récession qui se profile en relançant énergiquement la croissance économique.
La première tâche s'impose de facto pour assainir le climat d'instabilité sociale suite à la révolte populaire et restaurer la confiance entre gouvernants et gouvernés, alors que la seconde est on ne peut plus vitale pour booster l'économie nationale et enrayer ainsi les effets dévastateurs de la perturbation et de la baisse de l'activité durant les deux premiers mois de l'année en cours qui ont, semble-t-il, atteints la cote d'alerte. Ce plan de relance devrait donc faire bouger les lignes et préserver le pays d'une crise économique sévère.
Ainsi, la nouvelle politique budgétaire et les incitations fiscales et d'investissement arrêtées ne manqueront pas de donner les résultats escomptés pour peu que l'ensemble des Tunisiens fasse preuve de responsabilisation et de patriotisme économique et social, en mettant un terme aux «Sit-in», grèves et autres revendications à forte propension inhibitrice de l'activité économique et qui ne font qu'accentuer du reste les entorses au développement économique et social.
Le renforcement du droit de négociation et de revendications salariales et des conditions de travail des travailleurs ne doit pas constituer, en effet, une entrave de plus en cette période cruciale, surtout que le gouvernement provisoire vient de décider le démarrage des négociations sociales structurées en vue d'augmentations salariales qui amélioreront le pouvoir d'achat des salariés sans remettre en cause, toutefois, la compétitivité des entreprises économiques.
Le peuple tunisien est en train d'écrire une nouvelle page extraordinaire, de défricheur d'histoire et d'avenir. La mobilisation de toutes les parties prenantes—Etat, opérateurs économiques, travailleurs, tissu associatif, organisations patronale et syndicale, médias—est donc impérative pour réussir les enjeux de l'heure, préserver les acquis de la révolution et passer sans encombre cette phase de transition démocratique.


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