«Bêtes» à cirque ou combats de quartier : débuts sinistres Dès l'aube du siècle dernier, la boxe s'impose comme un sport à profits maigres pour les boxeurs, gras pour ceux qui gravitaient autour et qui exploitaient honteusement les amateurs et les professionnels avec la bénédiction des fédérations… Tenue à l'écart du progrès industriel et technique, l'Afrique entière colonisée, n'avait accès ni à l'éducation ni au sport… Le principe des premiers conquérants qui estimaient qu'«un peuple illettré est bien plus facile à mater qu'un peuple évolué», demeurait valable pour les colonisateurs des XIXe et XXe siècles… Parfois, dans un village, des hommes (blancs) venus d'Europe découvraient un athlète au gabaris impressionnant; ils lui promettaient alors tous les trésors du monde avant de l'expédier, en fond de cale, en France ou en Grande-Bretagne afin de le présenter dans les foires, telle une bête curieuse… Cette nouvelle sorte d'esclavage permettait d'offrir aux badauds ravis des combats «bidons» dans des baraques foraines ou dans des «Makhzen», dépôts vétustes et délabrés… L'Africain, le lion indomptable qu'est le nègre, est exhibé comme la super-vedette du spectacle mais rarement le mieux payé… L'exploitation durait jusqu'au moment où l'âge, les coups et conditions de vie déplorables avaient eu raison de la santé et de la vie parfois de ces nouveaux esclaves. Peu d'entre eux connaissaient la base de ce noble art, celle qui consiste à donner et surtout à éviter les coups… Seule comptait l'ossature de gladiateur de l'intéressé… Avant la Première Guerre mondiale (1914-1918), la boxe n'existait pratiquement pas en Afrique ! On commençait à Dakar (Sénégal), à Casablanca (Maroc) et à Tunis (Tunisie) où se déroulaient des combats plus ou moins clandestins et sans grande portée (bagarre de quartier, houma)… Dans les rues des quartiers très pauvres, tel le cas en Tunisie à El Hafsia où se trouve la hara — le quartier populaire des Juifs tunisiens — à Bab El Fella, Bab Saâdoun, Bab Lakouess, Bab El Khadhra, Bab El Assal, El Halfaouine, Ras Ettabia, Sidi El Bahri, les enfants boxaient entre deux shoots dans un ballon confectionné avec de vieux chiffons ou d'une partie de «pousse-moi que je te pousse, «grêche», lutte…