Par Habib CHEKILI Nous sommes à près de 5 mois du déclenchement de notre révolution, par laquelle notre jeunesse a terrassé un puissant régime policier et corrompu, au prix d'un généreux sacrifice et d'une volonté déterminée de libérer le peuple tunisien. Où en somme-nous maintenant ? Malheureusement pas très avancés ! Les grèves, les manifestations, les sit-in, la violence, les agressions, la dégradation des biens, les incendies, la désobéissance civile reprennent et continuent malgré les dégâts que ces actes occasionnent à notre pays. Les investisseurs locaux, durement éprouvés par le vandalisme d'une poignée d'irresponsables, peinent à redémarrer pour redresser leurs activités. Les investisseurs étrangers se lassent d'une agitation qui dure et envisagent la délocalisation de leurs usines vers d'autres pays. Le gouvernement provisoire et les organes politiques de sauvegarde de la révolution, destinés à faire avancer notre pays vers la mise en place de nouvelles institutions démocratiques pour le moderniser, passent le plus clair de leur temps à faire face aux conflits internes, à la lutte contre l'insécurité et au dosage des inévitables couvre-feu ! Entre-temps, l'insécurité persiste; les exigences des uns et des autres continuent de plus belle. La prise en otage de notre économie par un certain nombre de nos salariés est inacceptable. Ces derniers profitent de cette situation de fragilité pour revendiquer et faire des grèves, et ce, au vu et au su du syndicat et des partis politiques qui sont apparemment plus préoccupés de plaire, par esprit de clientélisme, que de prendre une position responsable et servir l'intérêt de la nation. Nous avons eu la chance de bénéficier des services d'un gouvernement provisoire désintéressé et compétent, assisté d'organes associatifs qualifiés. Laissons-les travailler en paix pour notre bien ! Sinon, ils ne pourront pas remplir leur mission et nous aider à réussir. Nous sommes réputés comme étant une société éduquée et civilisée ! Montrons-le en nous comportant comme tel ! Soyons notre libre arbitre, notre autodiscipline, des citoyens responsables qui inspirent le respect et la sympathie ! Soyons dignes des sacrifices consentis par notre jeunesse pour nous libérer d'un régime dictatorial désastreux ! Pour une fois, essayons de prendre exemple sur cette jeunesse, dont certains martyrs nous ont fait don de leur vie, et soyons plus patients, plus généreux, moins égoïstes et moins opportunistes. La réalisation de notre rêve et objectif de créer un Etat démocratique, avec une société libre, évoluée et prospère ne s'obtient pas par la précipitation pour nous accaparer des avantages tout de suite (nous d'abord et tant pis pour les autres !), ni par l'attitude égoïste de vouloir prendre un pouvoir ou une position, en période critique d'instabilité post-révolutionnaire, mais plutôt par une attitude altruiste et constructive, privilégiant l'intérêt général à l'intérêt particulier. Agissons main dans la main pour reconstruire notre pays qui a été délabré par plusieurs décennies de mauvaise gestion et collaborons ensemble à élaborer un grand gâteau que nous aurons le plaisir de partager avantageusement, au lieu de nous acharner sur celui, bien maigre, qui nous reste. Enfin, soyons plus matures et responsable pour laisser notre armée défendre nos frontières contre les terroristes qui menacent et laisser notre police et garde nationale assurer notre sécurité contre les pilleurs et les délinquants. La réussite de notre révolution est notre responsabilité. Nous devons être raisonnables et bons citoyens, pour mettre en place les nouvelles futures institutions qui nous permettront d'espérer accéder à une nouvelle ère de république démocratique.