Par khémais FRINI Encore une querelle byzantine ! Les citoyens se sentent de plus en plus désabusés et délaissés par des forces politiques qui ne semblent pas accorder de l'intérêt à leurs désirs légitimes : la démocratie, le plein emploi et la justice sociale. Ils savent aussi que tout ceci passe par la sécurité et le développement économique. Certes des élections libres transparentes sérieuses constituent la préoccupation de tous les citoyens sans exception Ils sont prêts à jouer le jeu de la démocratie et admettre tout ce qui peut en découler. Mais leur a-t-on expliqué la nature de ces élections ? Leur enjeu ? La suite qui en découlera ? Comme ils savent que la démocratie signifie en premier lieu l'expression libre de la volonté du peuple, ils ne savent pas pour autant pour qui et pour quel projet vont-ils voter. Beaucoup de ceux qui étaient interrogés par ci par là ne se doutent pas qu'il s'agit d'élections différentes de celles qu'ils ont l'habitude de connaître.. S'agit-il d'élections législatives, présidentielles, municipales, cantonales etc. Beaucoup de citoyens n'en savent rien. Authentique. Force est de constater que le consensus sur la feuille de route n'a pas été porté au préalable à la connaissance du large public pour savoir sur quoi il va voter et la nature des prochaines élections. On sait qu'une recommandation pour une Assemblée constituante a été faite par un ex-Premier ministre au moment même où il annonçait sa démission. Une première remarque d'ordre éthique s'impose :il fallait s'abstenir vu qu'il était partant et laisser le soin à son successeur de dialoguer avec les partis et les parties prenantes de la perspective de la transition. Deuxième remarque : le vrai débat qui devrait être entrepris par les Tunisiens aujourd'hui devrait porter sur le contenu de la nouvelle Constitution et non l'organe ou l'instance qui sera chargée de la rédiger. Il n'est pas certain qu'une Constitution serait meilleure ou moins bonne parce qu'elle aura été rédigée par une assemblée de plus de 200 personnes élues sans avoir soumis aux électeurs leur projet, ou bien par un comité de rédaction d'experts sur la base de projets qui auront été pensés, réfléchis, discutés et choisis consensuellement au préalable . Il se trouve par chance que les instruments et institutions de consensus existent .Les partis politiques et la société civile représentés au niveau de la commission supérieure largement consensuelle jouent en ce moment un rôle important dans la transition démocratique et c'est tant mieux. Cette commission élabore un code électoral, pièce maîtresse, qui sera signé par la suite et personne ne trouve rien à redire malgré ses insuffisances. Elle élit une commission indépendante pour veiller et surveiller les élections. Celle-ci se montre réellement indépendante nonobstant la réalité et revendique son statut et personne ne trouve rien à redire. La commission supérieure est crainte par les partis ; elle invite les ministres pour dialoguer sur la politique suivie et les résultats obtenus et les ministres le font de bon cœur, et personne ne trouve rien à redire. Elle a fini par avoir un statut de super Parlement non élu, une trouvaille bien tunisienne en matière de démocratie. L'opinion publique finit par l'accepter faute de mieux. Mais les choses étant ce qu'elles sont, on peut penser que cette assemblée est en mesure d'engager un débat sur les régimes politiques qui conviendraient le mieux au pays et qui semblent être circonscrits autour de deux ou trois : parlementaire, présidentiel ou semi présidentiel. La commission peut très rapidement élire un comité de rédaction composé d'experts qui pourra proposer un texte, d'abord à la plénière de cette assemblée puis au peuple pour le choix définitif de la nouvelle Constitution. Cette perspective est d'autant plus faisable qu'à notre connaissance rares sont les partis ou les parties prenantes qui voudraient toucher les dispositions générales de la Constitution de 1959 ( 17 articles sur 78 ) qui n'ont jamais été modifiées.Il s'agit de l'article 1, du droit de propriété, du droit de conscience, du droit syndical, de la liberté de presse, d'opinion, d'expression, de l'égalité des citoyens, l'innocence présumée avant l'inculpation, de la souveraineté du peuple, ou bien des couleurs rouge et blanc du drapeau national ou de la devise de la République : Liberté, Ordre, Justice Si par malheur c'est le cas pour certains partis le peuple s'en rendra compte et sa sanction aux élections surtout si elles devaient être pour une Constituante serait très sévère. Le vote utile existe. Les Français l'ont bien réussi en 2002.