«Nous devons une fière chandelle à la résurrection du peuple tunisien le 14 janvier», c'est le sentiment que nous, employés de Tunisie Télécom porterons au fur et à mesure que le complot visant à s'emparer de cette entreprise publique se démasque de jour en jour, il est vrai, par la seule volonté des employés qui sont en train de creuser partout derrière les contractuels aux salaires mirobolants et forcer le destin tant bien que mal en raison des verrouillages soigneusement montés depuis l'arrivée d'EIT en 2006. En fait, la mafia «Ben Ali-Trabelsi et leurs gendres» avait commencé très tôt la mainmise sur la stratégie et le devenir de Tunisie Télécom‑: Divona avait déjà commencé à tirer profit de cette association de malfaiteurs en subtilisant les clients data de Tunisie Télécom assisté en somme par le PDG qui a été sans doute mandaté à la tête de Tunisie Télécom pour un roadmap précis concernant la privatisation de Tunisie Télécom. Tunisiana a également et largement bénéficié de cette complaisance des dirigeants de Tunisie Télécom qui ont, semble-t-il, reçu les ordres du palais de Carthage pour que Tunisie Télécom sorte de toute ville que pénètre Tunisiana, on se souviendra de la période où on va à l'agence commerciale pour une puce qu'on ne trouve pas et qu'on se retrouve contraint d'aller chez Tunisiana, certains allaient chercher leur puce Télécom dans les villes où Tunisiana n'est pas encore là (le bon vieux temps où la puce Télécom incarne le prestige)! Malgré toute cette pression, à la fin de 2006, Tunisie Télécom est toujours l'opérateur dominant en mobile avec 70% des parts de marché. Le mariage EIT-Tunisie Télécom offrait un terrain fertile aux pratiques mafieuses du palais, la mafia l'a bien compris et il a été secrètement finalisé au palais. On n'a jamais su comment EIT est passé aux commandes de Tunisie Télécom et devenu maître incontesté! C'est ce qu'on constatait depuis le commencement de la mainmise d'EIT sur Tunisie Télécom à partir du recrutement de quatrième compétence rare et nécessaire (la convention initiale —rendue publique— prévoyait trois postes uniquement pour EIT‑: Commercial, Financier et DGA). Vraisemblablement, EIT avait des assurances depuis le début pour l'acquisition des 16% nécessaires à la prise de contrôle de Tunisie Télécom, la rumeur rebondissait à chaque fois de plus en plus fort à tel point qu'en 2007 la valeur de la cession avait même circulé pour un montant de 2.000 millions de dinars. EIT n'obtint rien et allait même chercher un acquéreur pour vendre ses actions par deux fois, mais à chaque fois la mafia du palais trouvait le moyen de le faire taire, en lui proposant des compromis aux frais du peuple avec plus de pouvoir au niveau de la gouvernance de Tunisie Télécom ou comme par exemple le cadeau fait à la société mère DIG en lui offrant 22,6% du capital de Karthago Airlines en août 2008. EIT, très agréablement surpris par ces attitudes insensées, ne refusa jamais aucun cadeau. Mieux : EIT/DIG/Dubai Holding s'allie à cette mafia en montant diverses affaires ensemble. Par ailleurs, EIT, raisonnant toujours en investisseur mais jamais en partenaire stratégique, a fait valoir son opportunisme en réclamant davantage de pouvoirs de contrôle sur Tunisie Télécom, ce qui ne lui a jamais été refusé, puisque de tels pouvoirs seront conférés par les pactes d'actionnaires, lesquels pactes sont jalousement tenus secrets pour ne pas être démasqués par le peuple tunisien! C'est ainsi qu'EIT s'est emparé du contrôle de Tunisie Télécom, d'une part, juridiquement au moyen des statuts et pactes d'associés ou d'actionnaires qui lui confèrent des clauses léonines en vertu desquels aucune décision n'est prise en conseil d'administration en l'absence d'EIT ni même en assemblée générale, cette situation a été renforcée par l'assemblée ordinaire du 1er décembre 2010 approuvant la cotation en Bourses de Paris et de Tunis après que la Carepp l'a autorisé dans sa réunion du 9 décembre 2010. D'autre part, opérationnellement, au niveau de la gouvernance et du contrôle interne par la création de divers comités à égalité de membres entre la Tunisie et EIT (à noter qu'aucun membre sous les couleurs de la Tunisie dans ces divers comités ne représente vraiment les intérêts de la société et surtout des employés!) et la substitution des contractuels aux salaires mirobolants aux responsables statutaires. Cette tactique vise à écarter les compétences statutaires qui auraient été réfractaires et résistantes aux pratiques douteuses, voire illicites qui président à la gestion et à la gouvernance ramenée par le partenaire stratégique (lire catastrophique), ceux qui adhèrent à leurs manigances seront rapidement invités à démissionner pour être recrutés en bons élèves d'EIT. L'opportunisme des administrateurs et de leur armada de contractuels, combinée à la passivité volontaire de l'Etat et aux dysfonctionnements des mécanismes de contrôle ont entraîné la déconfiture et la relégation de ce qu'était le fleuron de l'économie nationale qu'est Tunisie Télécom de la situation d'opérateur dominant à une position de dauphin en mobile, le même sort aurait été vraisemblablement réservé pour le fixe, l'augmentation des tarifs du fixe qui a coïncidé étrangement avec le démarrage du concurrent Orange en est un fort témoignage. EIT a tout bonnement réussi à avoir l'emprise totale sur Tunisie Télécom avec seulement 35% des actions! (ce n'est plus un souci d'aller chercher les 16%, se disaient les émirs du pétrole), l'Etat, en renonçant à ses droit de veto, même si les décisions délibérées mettraient en péril l'économie du pays, avait démissionné de son rôle et de ses obligations envers cette entreprise publique et a abandonné 8.500 employés à la merci des caprices d'EIT et de ses valets, c'est du moins ce que laisse prédire le document de référence rendu public récemment et préparant la cotation en Bourse de Tunisie Télécom qu'on a pu analyser et sortir ce constat. On comprend dès lors pourquoi le gouvernement provisoire, dont la volonté se trouve hypothéquée par les engagements du pouvoir déchu à travers les pactes d'associés, semble être contraint de faire le sourd-muet envers les doléances des employés de Tunisie Télécom pour forcer l'application de l'accord du 9 février 2011 et ce, en dépit de ses bonnes intentions traduites par l'initiation de la série des réunions opposant les concernés‑: syndicat, direction générale de Tunisie Télécom, la tutelle, et les Affaires sociales et ayant abouti à la conclusion du fameux accord du 17 février 2011 et les accords qui s'en suivent. Le blocage de la situation est, à l'évidence, l'œuvre d'EIT qui a opposé son veto en bloc à tous les arrangements, non pas parce qu'il tient tant à ces 63 contractuels de compétences rares et nécessaires tel qu'on s'efforce de faire croire à l'opinion publique par le truchement de polémiques lancées par des médias de bas niveau et sans scrupule à la solde des contractuels, mais parce que les valets d'EIT ont pris l'habitude de négocier les arrangements au détriment du peuple tunisien et veulent faire valoir les décisions de la dernière assemblée des actionnaires tenue en décembre 2010, dont principalement la cotation en Bourse, l'ouverture du capital à l'épargne et le licenciement de quelque 2.000 employés. Il semble que les sbires d'EIT n'ont pas réalisé encore que les employés de Tunisie Télécom se sont soulevés contre leur système malade transposé à Tunisie Télécom et qu'ils feraient mieux de plier bagages avant d'être balayés par la justice. D'ailleurs quelques dizaines de dossiers douteux sont en cours de finalisation, quant à EIT, il doit être invité à zapper tous les pactes hors normes et faire valoir la convention initiale et proposer uniquement trois candidats pour occuper les postes prévus par ladite convention. Aujourd'hui, et tant que ces 63 contractuels seront là, on constatera toujours, et avec regret que la mafia du palais continue à siroter le jus de cette association mafieuse par le biais de sociétés alliées qui ont été imposées en qualité de fournisseurs exclusifs. Ce sont ces 63 contractuels qui ont signé leurs contrats et qui les paient parfois même en avance (cas de Bienvu). Mais également des employés prêts à aller jusqu'au bout pour gagner leur cause, «c'est le moindre apport qu'on apporte à notre nouvelle Tunisie et nous sommes persuadés que si on parvient à nettoyer Tunisie Télécom et à la replacer sous le chapeau public, toutes les entreprises nationales suivront», crient d'une seule voix les employés intègres et patriotiques, notamment sur les réseaux sociaux.