Le secteur du bâtiment est classé en troisième position en matière de consommation d'énergie après l'industrie et le transport avec un taux de 27%. En 2020, il est prévu que le secteur occupera la deuxième place et la troisième en 2030. Pour la Tunisie qui a pris conscience très tôt de l'importance de la maîtrise de l'énergie dans tous les secteurs, en promulguant les textes législatifs adéquats et en créant les mécanismes et les structures en vue d'encourager toutes les parties à utiliser les énergies renouvelables, il est impératif de prendre les mesures qui s'imposent en vue de réduire cette facture énergétique et de diminuer l'émission de gaz à effet de serre. C'est dans ce cadre que s'inscrit la journée d'étude organisée, mardi, par l'Anme Agence nationale de maîtrise de l'énergie sous l'égide des ministères de l'Equipement et de l'Aménagement du territoire, de l'Industrie et de la Technologie avec pour thème «L'application des textes réglementaires relatifs à l'efficacité énergétique dans les bâtiments». Au programme de cette journée, une présentation de la stratégie nationale de maîtrise de l'énergie dans le secteur du bâtiment ainsi que de l'état d'avancement de l'application des textes réglementaires relatifs aux caractéristiques techniques permettant de réduire la consommation d'énergie dans les nouveaux bâtiments. Rappelons que les textes en question sont au nombre de deux: l'un promulgué le 1er juin 2009. Il s'agit d'un arrêté fixant les spécifications techniques minimales visant l'économie dans la consommation d'énergie des projets de construction et d'extension des bâtiments à usage résidentiel. L'autre date du 23 juillet 2008 fixe les spécifications techniques minimales visant l'économie dans la consommation d'énergie des projets de construction et d'extension des bâtiments à usage de bureaux ou assimilés. Un enjeu crucial Il faut dire que le secteur du bâtiment bénéficie depuis des années d'un dispositif réglementaire et incitatif visant la rationalisation de la consommation d'énergie et portant sur un projet de réglementation thermique des bâtiments à travers la conception de bâtiments adaptés à notre climat national et l'utilisation de matériaux et de techniques de construction énergiquement efficaces. Vu l'objectif national qui consiste en la réalisation de 70.000 logements à efficacité énergétique à l'horizon 2014, la mise en application effective de ces réglementations s'avère cruciale. M.Mounir Bahri, directeur de l'utilisation rationnelle de l'énergie à l'ANME, a dans ce cadre indiqué que l'Etat tunisien a mis en place une stratégie en vue de réduire la consommation d'énergie à travers l'amélioration de l'enveloppe extérieure des bâtiments et la promotion des équipements énergétiquement performants. L'étape pilote de cette stratégie a touché toutes les catégories de bâtiment et s'est manifestée à travers 43 opérations de démonstration ayant touché plusieurs logements. Les coûts des opérations d'amélioration par rapport au coût global des bâtiments construits sont de l'ordre de 10% pour les logements sociaux, 5% pour les logements économiques et 3% pour le haut standing. Dans cette perspective, la mise en place de la réglementation thermique des bâtiments neufs en Tunisie s'est avérée d'une grande importance. Dans ce sens et selon M.Bahri, les prochains textes réglementaires viseront les bâtiments à usage industriel et hôtelier. Dans les règles de l'art M. Amine Turki, secrétaire général de l'Ordre des architectes de Tunisie et président de la commission en charge de dresser la liste des architectes auditeurs énergétiques, nous a indiqué que le rôle des architectes dans l'économie de l'énergie est très important. Cette dernière commence, pour eux, dès le «premier trait de crayon» et au niveau de la conception. Leur contribution intervient aussi au niveau de l'enveloppe du bâtiment qui doit être, selon notre interlocuteur, «saine» au niveau de la maçonnerie, des ouvertures, etc. «Les énergies renouvelables représentent, par ailleurs, une option fondamentale dans cette dynamique. Quelles que soient leurs sources, elles permettent de minimiser l'utilisation des énergies polluantes», a-t-il souligné. Enfin, l'architecte joue un rôle essentiel au niveau de l'utilisation des appareils et outillages adéquats. A ce propos, il a affirmé qu'il est important de bien concevoir et dimensionner les appareils. «Tous ces facteurs sont importants mais à des degrés différents. Je dirais d'ailleurs que celui qui vient en tête de liste est l'isolation du bâtiment qui peut aller jusqu'à 50 ans», a-t-il ajouté. Le rôle de l'architecte ne doit, donc, pas se restreindre au volet de la conception. Les architectes et les ingénieurs doivent voir leurs rôles s'étendre. Il faut vérifier que ce qui a été construit l'a été dans les règles de l'art, a-t-il indiqué. Pour ce qui est de la réglementation thermique dans les bâtiments neufs, M.Turki l'a qualifiée de «très bon premier pas». Elle ne doit, cependant, pas s'arrêter là. En conclusion, il a relevé qu'il convient d'appliquer les lois, de renforcer le rôle des architectes dans le suivi des projets pour atteindredes résultats efficients. Des expériences dans le traitement des projets ayant trait à l'efficacité énergétique ont été aussi présentées, notamment celles de la société «Planet», de la Snit, de la municipalité du Kram et bien d'autres projets dans le secteur des services publics. Des interventions très techniques ont, dans ce cadre, permis de tracer ces expériences et leurs particularités aussi bien au niveau de l'identification du projet, de l'identification sommaire des composants du bâtiment que de l'enveloppe et de classement énergétique du bâtiment. Notons que c'est le ministre de l'Industrie et de la Technologie a, par ailleurs, assuré la clôture de cette journée d'étude.