On parle beaucoup de réformes, dans les prochains mois, dans pratiquement tous les domaines. On peut juger, à la lumière des changements observés, notamment au niveau de l'appareil sécuritaire, et les annonces faites par les ministres actuellement en place pour ce qui concerne l'emploi, l'éducation, l'économie, etc., que les départements concernés ont déjà pris de l'avance. Le gouvernement sortant s'apprête, en effet, à remettre au prochain gouvernement les résultats de son travail de dix mois et des recommandations pour le futur. C'est le cas pour ce qui concerne la réforme du système éducatif : des commissions ad hoc, créées afin de faire le diagnostic du secteur et de proposer des solutions concrètes, devraient, annonce-t-on du côté du ministère, achever leurs travaux dans quelques jours et remettre leurs recommandations. Les sujets examinés par ces commissions sont au nombre de neuf : le système d'évaluation, les examens, le temps scolaire, la vie scolaire, l'orientation, les cours particuliers, les programmes et manuels scolaires, la formation continue, l'utilisation des Ntic, les langues étrangères et la gestion administrative. Ces commissions ont été sollicitées pour concevoir une stratégie prospective, basée sur des scénarios et des solutions concrètes pouvant servir à l'amélioration du contenu et du rendement du système éducatif dans ses différents cycles. A noter que ce travail n'a pas démarré de zéro et qu'il a été conçu sur la base des premiers résultats obtenus par des commissions précédentes. Afin de donner l'opportunité au grand public, corps enseignant, parents d'élèves, élèves et à toute personne capable de fournir des idées intéressantes et utiles, le ministère de l'Education a décidé de publier tous ces résultats sur son site internet et sur sa page facebook. «Après la révolution, les changements qui vont être apportés devront refléter les nouvelles ambitions des Tunisiens et les nouveaux besoins du pays », indique-t-on au ministère. Il y a certainement beaucoup de sujets qui attendent d'être examinés de près et pour la première fois, comme le changement brusque entre l'école de base et l'enseignement secondaire, au niveau de la langue d'enseignement des matières scientifiques. Enseignées en arabe pendant les neuf années de l'enseignement de base, ces matières passent systématiquement au français dès la première année du secondaire. Ce problème de langue se pose également pour les élèves des collèges et lycées pilotes. Dans ces établissements, la physique est enseignée en français et l'informatique en anglais, mais il n'y a aucune possibilité pour ces élèves d'approfondir leurs connaissances à l'aide de manuels d'exercices para-scolaires, parce qu'ils n'existent pas sur le marché. Renseignements pris auprès du ministère de l'Education, il s'avère que les para-scolaires en général ne relèvent pas de la responsabilité du ministère. Ils sont produits par des privés et, apparemment, ces derniers ne semblent pas intéressés par le petit marché des « pilotiens ». L'occasion est toutefois opportune pour savoir que le ministère de l'Education a quand même un droit de regard sur les para-scolaires. Une commission de validation du contenu existe au sein du ministère, propose ses services d'expertise, payants, aux promoteurs privés qui demandent l'agrément ministériel pour leurs manuels. C'est sur la base du rapport de cette commission que l'agrément est ensuite accordé ou non. Aujourd'hui où il est question de réformer le système éducatif et d'œuvrer pour l'amélioration de son rendement, il est essentiel que tous les manuels à usage scolaire, dont les para-scolaires, soient soumis obligatoirement à une évaluation et une validation ministérielles et que les critères d'efficacité et de sérieux soient respectés. C'est le seul moyen de débarrasser les rayons des librairies des para-scolaires bourrés de fautes, qui font plus de tort que de bien aux écoliers, collégiens et lycéens.