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Intervenir au sein du milieu familial
Délinquance juvénile — La prise en charge sociologique
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 11 - 2011

Certes, les mineurs délinquants ne représentent qu'une minorité de la jeunesse tunisienne. Toutefois, leurs besoins spécifiques en matière de rééducation appropriée ne sauraient se réduire en une mesure d'internement et des règles disciplinaires : ils engagent une intervention efficace au niveau sociologique. Après les prestations disciplinaires, celles concernant la formation, la prise en charge psychologique et le suivi assuré par la Direction des prisons et de la rééducation, dont il a été question dans des articles précédents sur ces colonnes, c'est au tour du sociologue de nous éclairer, notamment, dans le cadre de l'enquête menée sur le système de rééducation des mineurs délinquants, sur la cartographie des délits commis par des mineurs, mais aussi sur la prise en charge sociologique, son apport et ses défaillances.
La prise en charge sociologique des mineurs délinquants constitue le point crucial de l'action de rééducation. Elle l'est en raison du rapport de causalité qui lie le délit commis ou la délinquance juvénile aux facteurs sociologiques qui les favorisent.
M. Mourad El Aïchi est sociologue au Centre de rééducation des mineurs délinquants de Gammarth. Ses vingt ans de carrière dans le domaine de la rééducation des enfants délinquants lui permettent de voir clair, ce qui est la source même du phénomène, ses facteurs favorabes, ses variantes, notamment à l'échelle régionale, ainsi que les solutions qu'il convient d'apporter pour sauver le jeune de la délinquance et prévenir une perte éventuellement irrémédiable.
L'environnement social et la situation économique de l'enfant représentent les terrains qui favorisent la délinquance. Selon l'avis du sociologue, la plupart des enfants placés dans un centre de rééducation sont issus de quartiers défavorisés où le manque de moyens matériels, la fraglité de la famille et la recrudescence de la délinquance sont monnaie courante. « Le mineur délinquant est mû par un sentiment de haine prononcé envers la société et, en particulier, envers son environnement social. Ses relations avec son entourage et avec ses semblables sont chargées de susceptibilité. Renfermé sur lui-même, il refuse d'admettre sa propre réalité et aspire à évoluer vers une situation sociale et économique meilleure par tous les moyens et dans les plus bref délais. Ses tourments sont dus, essentiellement, aux conditions souvent fort détériorées des mineurs. Ils sont, de surcroît, nourris par le divorce des parents, la démission de ces derniers par rapport à la mission éducative et affective. Dégoûté, négligé, l'enfant passe le plus clair de son temps dans la rue, livré à son sort et partant pour des amitiés nuisibles et des actes irresponsables», explique M. El Aïchi.
Pour ce qui est des mineurs délinquants issus d'un niveau social élevé, le problème réside, de même, dans la démission parentale et le déficit éducatif.
Cartographie régionale
Ce qui est, par ailleurs, intéressant à noter, c'est que les causes directes des délits commis par les mineurs varient selon les régions. Dans le Nord-Ouest, les mineurs délinquants s'adonnent essentiellement à des vols. Ces actes sont commis par besoin : la pauvreté pousse les enfants à voler pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Généralement, ces enfants sont récupérables car leurs délits sont commis par pure nécessité matérielle. « Le taux de meurtres y est nettement inférieur aux taux enregistrés dans les autres régions. Ce délit est généralement commis pour rétablir l'honneur», indique notre sociologue. Au Cap Bon, le vol des mineurs est un signe de «vice», de distinction. Les ados issus de cette région volent aussi pour émigrer clandestinement. «Ils sont fort expérimentés dans ce sens», fait remarquer M. El Aïchi. Les choses prennent une ampleur plus grande dans la région du Grand-Tunis. Selon le sociologue, les mineurs sont motivés par le principe du crime pour le crime. « La majorité des mineurs délinquants sont issus des quartiers défavorisés. Dans ces zones, les grands criminels représentent des idoles pour les jeunes, des repères. C'est pourquoi ils tendent à suivre leurs pas et à s'identifier à eux», explique M. El Aïchi.
En suivant toujous la cartographie de la délinquance juvénile, l'on découvre également que les régions du Sud sont connues pour la prolifération des actes de violence qui s'y commettent. Les meutres sont commis pour rétablir son honneur ou celui d'une fille appartenant à son entourage familial. Les régions du Sahel, quant à elles, se distinguent par des actes de vol ou de manipulation. « Le progès technologique a engendré l'émergence de nouveaux crimes chez les mineurs férus d'informatique. Il a été procédé, à Bizerte, à l'arrestation d'un mineur pour falsification de billets. L'imitation était fort réussie et tout autant inquiétante», renchérit le sociologue.
Système ouvert, semi-ouvert ou fermé
Le profil du mineur délinquant et son tempéramment peuvent être définis à partir du degré de gravité des délits. Ce détail est pris en considération par la direction du centre de rééducation et par le juge des enfants. Aussi, les enfants sont répartis en trois situations pénales : système ouvert, système semi-ouvert et système fermé. Dans le premier cas, les enfants ont la possibilité de sortir quotidiennement du centre. Ils vont à l'école et rentrent au centre comme si c'était un foyer. «Une fois dehors, ils sont suivis par les éducateurs. Notre rôle est de les protéger et de les encadrer en permanence», souligne M. El Aïchi. Pour ce qui est des enfants placés dans le système semi-ouvert, ils peuvent sortir par moments, notamment lors des fêtes religieuses, pour voir leurs familles ; une démarche qui nécessite une autorisation de la part du juge pour enfants. Quant aux enfants placés sous le régime fermé, ils représentent généralement un profil précis : ils sont durs de caractère, têtus, d'autant plus que leurs délits s'avèrent des plus graves, comme le meurtre, la tentative de meurtre et le trafic de stupéfiants. « Cette catégorie bénéficie d'un programme spécifique. L'on focalise, entre autres, sur l'effort physique et l'incitation aux activités d'intelligence afin de permettre au jeune de se défouler, de purger ses pulsions négatives et d'orienter son intelligence vers des activités positives, plutôt que vers le crime», indique le sociologue. Et d'ajouter que l'évolution comportementale des mineurs de cette catégorie leur permet de passer à la catégorie semi-ouvert.
Pour aider le mineur à quitter la sphère de la délinquance et s'intégrer positivement et efficacement dans son environnement social et économique, les sociologues spécialisés s'appliquent à un travail méthodique qui consiste, d'abord, à étudier de près le contexte social de l'enfant. Pour ce, l'équipe du sociologue se rend sur place pour découvrir les défaillances matérielles, connaître les problèmes sociaux, familiaux et relationnels qu'endure l'enfant dans son milieu naturel et réfléchir, avec la famille du concerné, sur les éventuelles solutions. «Il faut rappeler que l'objectif est d'aider l'enfant et d'éviter sa rechute. Le centre de rééducation dénote l'espoir en un avenir meilleur, contairement à la prison. C'est pourquoi nous fournissons le maximum d'efforts pour empêcher le mineur de devenir un criminel dans l'avenir», souligne notre interlocuteur.
La prise en charge sociologique tient compte de tous ces détails. Elle démarre avec un rapport d'observation du sociologue, enchaîne avec un travail assidu tant dans le centre que dans le milieu naturel de l'enfant, en laissant aux ONGs spécialisées le soin du suivi post-détention. Le sociologue traite des problèmes que vit la famille et œuvre afin de l'aider, ainsi que l'enfant, à améliorer la situation et à réinstaurer l'harmonie dans la relation parents / enfant. Il intervient même auprès des institutions afin de garantir aux parents un travail en cas de chômage et d'absence de source de revenus. Des aides matérielles sont ainsi accordées aux familles démunies.
Avant sa libération, l'enfant est assisté par des associations qui le préparent à la sortie et à la réintégration dans la société. Toutefois, et malgré ces efforts, le meilleur reste à venir. Le sociologue montre du doigt le déphasage au niveau de la coordination entre les parties concernées. «Une meilleure coordination entre le ministère des Affaires sociales, le délégué de l'enfant, la brigade des mineurs, le ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle, ainsi que la société civile oeuvrant dans le domaine de l'enfance est souhaité pour assurer le suivi post-détention du mineur délinquant et lui favoriser une réintégration sociale placée sous le signe de l'espoir et de la confiance en soi», note M. El Aïchi.


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