• Une patrouille militaire pour contrôler en permanence la zone Les médecins et les infirmiers ont peur pour leur sécurité. Depuis le 14 janvier, les agressions n'ont cessé de se répéter contre les cadres médical et paramédical des établissements hospitaliers de Charles-Nicolle et de la Rabta qui exercent les nerfs tendus et la peur au ventre d'être agressés à n'importe quel moment. Brimades, humiliations....sont devenues leur lot quotidien. Le corps médical, qui travaillent dans de telles conditions déplorables et qui doivent supporter les coups de colère de patients, excédés par la qualité exécrable des prestations sanitaires sont préoccupés par les agressions dont ils font l'objet de la part de délinquants qui s'attaquent à eux pour leur dérober leurs objets personnels. Dernière agression en date: celle d'une résidente et d'une interne exerçant au centre de néonatalogie et de maternité de la Rabta. Inquiète des actes de vandalisme perpétrés par une bande de jeunes voyous dans le parking situé à proximité du centre, l'une d'elles sort pour vérifier si sa voiture stationnée dans le parking à proximité de l'établissement n'a pas subi d'attaque de délinquants rôdant quotidiennement dans les parages. Celle-ci ne s'aperçoit pas de la présence d'une bande de jeunes dissimulés non loin de là, guettant le moment propice pour s'attaquer à l'une des voitures afin d'en subtiliser le contenu. La jeune femme arrive à point nommé et elle est violemment attaquée et délestée de ses affaires personnelles. Les délinquants s'empressent de lui arracher les clés de la voiture et démarrent en trombe devant une jeune femme médusée et en état de choc. L'automobile est retrouvée le lendemain abandonnée dans la ville de l'Ariana. Il ne s'agit pas de la seule attaque perpétrée contre le personnel du centre. Il y a à peine un mois, pénétrant, le matin, à 7h00 dans l'établissement, une des sages-femmes est violemment attaquée par derrière par deux agresseurs qui la plaquent contre le sol et s'emparent de son sac. Recrudescence des agressions et des actes de vandalisme Les agressions répétées dont sont victimes les membres du personnel s'expliqueraient, dès le début, par le mauvais choix de l'emplacement du centre qui se trouve sur le mont de la Rabta à proximité des quartiers chauds, expliquent le directeur général de l'hôpital M. Abdelhamid Soltani et le docteur professeur Néji Khaled, chef de service des urgences et président du comité médical, qui a dû faire face au ras-le-bol des résidents refusant de continuer à travailler tant que leur sécurité n'est pas assurée. «Les résidents sont la cheville ouvrière de l'établissement. Ces derniers sont sur le qui-vive et ont peur pour leur sécurité. Ils ont décidé, par solidarité avec leurs collègues, de faire grève. J'ai eu beaucoup de peine à les convaincre d'assurer les gardes, les consultations, les explorations, les accouchements...Dans cet établissement, on ne peut pas se permettre, avec une cinquantaine d'accouchements par jour, d'interrompre le travail. Ce serait mettre les patientes en danger, ce qui est inconcevable», relève le président du comité médical. Une concertation a eu lieu entre les ministères de la Santé publique et de la Défense nationale pour prendre les dispositions nécessaires afin de renforcer la sécurité de l'établissement hospitalier. D'ores et déjà, une patrouille militaire assurera un contrôle permanent de toute la zone. Des agents de la sécurité effectueront des rondes et ratisseront les points de passage par lesquels les délinquants accèdent à l'établissement hospitalier. «L'accès au parking dans lequel plusieurs voitures ont été volées sera dorénavant fermé la nuit, ajoute le directeur de l'hôpital. Il faudra aussi renforcer l'équipe des gardiens ». Le ministère de la Santé a lancé, il y a deux jours, un appel aux médecins, infirmiers...pour organiser une marche protestataire afin de sensibiliser l'opinion publique sur le problème de la violence et de l'insécurité dans les établissements hospitaliers. «A travers cette marche, nous avons voulu adresser un message à l'opinion publique. Il n'y a aucune raison acceptable d'avoir recours à la violence. C'est vrai qu'il y a des insuffisances. C'est vrai que la qualité des soins n'est pas optimale, mais cela ne justifie pas l'agression faite au personnel médical et paramédical, a affirmé Dr Meftah, chargé de mission auprès du ministère de la Santé. Le ministère poursuivra en justice ceux qui sont impliqués dans des actes de vandalisme. Cette marche est aussi un message adressé au syndicat et au tissu associatif afin de leur dire que nous soutenons leur lutte pour les causes justes».Au-delà des mesures ponctuelles prises par le ministère de la Santé publique, une commission tripartite regroupant les ministères de la Santé publique, de l'Intérieur et de la Défense nationale a mis en place, il y a deux semaines, une stratégie comportant plusieurs axes, dont l'un concerne la sécurité dans les établissements hospitaliers. Des militaires et des agents de sécurité assureront le contrôle permanent du mont de la Rabta et une ligne hotline sera installée pour coordonner 24 heures sur 24 les interventions entre les trois ministères. Par ailleurs, le problème de l'insécurité pourra être, en partie résolu, en optimisant les prestations de la médecine de première ligne, ce qui permettra de désengorger les urgences. «Si la première ligne travaille correctement, il y aura moins de patients qui se rendront aux urgences et aux CHU».