«Les insurgés posent énormément de problèmes au gouvernement et la situation n'est pas stable, actuellement», nous dit M. Abdelaziz T., homme d'affaires originaire de Tripoli, avant d'ajouter : «Ils sont nombreux et armés. Ils ne veulent pas porter l'uniforme de l'armée ou celui du ministère de l'Intérieur. Des gens qui désirent apparemment gouverner et se comporter comme bon leur semble». En effet, à Ras Jédir, en ce moment, ce sont les insurgés de la ville de Zouara qui contrôlent le point de passage et gèrent la situation à leur façon, après avoir chassé les forces gouvernementales. C'est la raison pour laquelle le trafic n'est plus régulier, entre les deux pays, ces derniers jours. Les Tunisiens qui accèdent en Libye ne sont pas bien traités. En réponse, les Libyens qui arrivent en Tunisie ne sont pas les bienvenus à Ben Guerdane. Entre vendredi et samedi, vingt responsables et représentants libyens qui tenaient à assister, en signe de reconnaissance, à la journée portes ouvertes organisée par l'association humanitaire «El-Hayet» qui avait rendu beaucoup de services aux réfugiés libyens, l'an dernier, à Zarzis; et par la même occasion, offriraient des aides à cette association, n'ont pas été autorisés à passer à Ras Jédir. Ils ont malheureusement rebroussé chemin. D'autres passagers préfèrent à présent traverser 200 km de plus pour emprunter le poste frontière de Dhéhiba, dans le gouvernorat de Tataouine, dans la paix, même si de ce côté également, il y a des insurgés. Mais ils n'agressent personne et ne confisquent pas les biens comme à Ras Jédir. Leur vocation est plutôt de collaborer avec les passeurs et les contrebandiers des deux pays. M. Kilani Ben Aissa, un témoin oculaire de la place, nous dit : «Si on entend des coups de feu sur le territoire libyen , non loin de la frontière, cela provient des insurgés et c'est une tactique utilisée pour induire nos gardes-frontières en erreur et attirer l'attention de nos forces armées et gendarmes vers un endroit donné. A ce moment-là, les contrebandiers en profitent pour faire passer les produits prohibés par des pistes sahariennes.» A ce propos, les hydrocarbures et d'autres articles prohibés viennent de Libye. Les denrées alimentaires et surtout le bétail et les camélidés vont dans l'autre direction. Pour cela, le commissariat régional à l'agriculture dit avoir avisé le ministère de tutelle et d'autres parties concernées pour qu'ils prennent les mesures nécessaires afin de mettre fin à cet exode de cheptel. Dans ce sens, quinze veaux ont été saisis, vendredi, alors qu'ils s'apprêtaient à franchir la frontière à bord de camions. Pour le reste, le poste frontalier Wazen-Dhéhiba connaît un flux massif dans les deux sens. Entre 2.000 et 3.000 véhicules sont passés par ce point, vendredi. Et, en plus des fouilles habituelles effectuées par les douaniers, on vient d'installer un autre barrage, sur la seule route qui mène vers Dhéhiba. Là, pour plus de précaution, les militaires passent tout le monde au peigne fin, en quête d'armes et de munitions. Cela prend énormément de temps.