Un exploit, un bel exploit, ça s'invente plus qu'il ne se fabrique. Il fait partie d'un ordre assez exceptionnel. Là où le jeu devrait avoir la priorité absolue... Le rôle de Korbi (récupérateur) ne suffit pas à l'équipe de Tunisie qui a besoin d'un milieu à la fois relanceur et créateur L'équipe de Tunisie aurait besoin d'un nouveau souffle et certainement de beaucoup de chance pour se faire une raison dans une compétition africaine qui semble lui échapper plutôt que lui appartenir. Pour son troisième match demain contre le Cameroun, elle serait ainsi appelée à susciter tout ce qu'elle serait capable non seulement d'entreprendre et d'accomplir, mais aussi et surtout de forcer au moment où elle n'aurait pour ainsi dire aucune autre alternative. Ce qui lui a manqué depuis le début de la CAN, ce qui l'a fait surtout souffrir, elle devrait le retrouver et le combler aujourd'hui et plus que jamais. Benzarti, qui se proclamait depuis sa nomination comme le principal instigateur d'une éventuelle métamorphose de l'équipe, devrait dépasser le stade des simples promesses, pour inscrire sa stratégie et ses conceptions tactiques dans un véritable impératif de jeu, d'esprit offensif et d'attaque, d'engagement et de conquête. Sur ces mêmes colonnes, on n'a jamais cessé d'insister et au risque de nous répéter, nous pensons qu'avoir des idées bien élaborées ne suffit pas en football et encore moins dans une épreuve comme la CAN. Toujours est-il qu'il serait toujours nécessaire de favoriser l'émergence et l'éclosion de facteurs pouvant redonner vie et âme à l'équipe. Mais encore faut-il en avoir les acteurs pouvant réellement déclencher la transformation et l'accomplissement souhaités. Les choix adoptés jusque-là, à tort ou à raison, nous donnent encore et toujours matière à réflexion.Jusque- là, l'idée que l'on se fait de la sélection et qu'on continue encore à "entretenir" est celle d'une équipe cherchant souvent à bloquer ses adversaires par des considérations essentiellement défensives. Autrement dit, elle tient toujours à se donner raison par l'intermédiaire d'un jeu et d'un comportement bien particuliers. Quand elle s'exprime sur le terrain, elle a tendance à subir plutôt qu'à prendre les initiatives, à créer et à diversifier. Résultat: elle n'est jamais à l'abri des mauvaises surprises. Plus encore, son sort, son destin ne sont plus entre ses mains... Le modèle auquel elle devrait désormais aspirer, et spécialement demain contre le Cameroun, devrait l'inciter, notamment avec son entraîneur, à accréditer l'idée selon laquelle toute victoire se mérite plus qu'elle ne se revendique. Ça ne peut être là que la conséquence d'un fonctionnement en circuit ouvert. Inutile de recourir à d'autres repères et encore moins à des arguments auxquels la sélection ne saurait justement s'identifier. Il serait bon, et surtout épanouissant pour les joueurs de la nouvelle génération, qu'elle apprenne à penser son avenir en termes de situations, toujours tournée vers la confirmation de soi, qu'elle continue, en dépit de tout, à avancer pour ne pas reculer. Elle vaincra tout autant qu'elle aura le pouvoir d'appeler les choses par leurs noms... Par ici le salut... Très souvent, l'on ne cesse de penser que le jeu fait partie de l'intrigue, surtout quand on cherche le résultat, ou lorsqu'on a un "acquis" à préserver. Le comportement de l'équipe de Tunisie devrait prendre aujourd'hui un autre sens, une autre dimension. Il devrait être indexé sur les aptitudes des joueurs en termes de jeu et d'inspiration. Le temps où l'on préconisait l'idée de la défense inconditionnelle et à tout prix est bien révolu. Il est certes nécessaire de savoir défendre et aucune équipe ne saurait se passer des joueurs qui ont cette vocation et dont le rôle est aussi important que déterminant. Mais le football, le vrai, est partout et un peu de tout. L'instinct de créativité s'indique comme tel pour toute équipe qui cherche à s'imposer à travers la vérité du terrain. Benzarti et l'équipe de Tunisie ne devraient pas oublier la priorité que devrait avoir le jeu dans les approches et les options tactiques. Toute stratégie s'inspirant de l'obligation de défendre pour gagner a son revers, car aussi réaliste soit-elle, elle n'élimine pas tous les risques. Un exploit, un bel exploit, ça s'invente plus qu'il ne se fabrique. Il fait partie d'un ordre assez exceptionnel en ce sens qu'il ne mélange pas, qu'il ne sert pas, contrairement à ce qu'on pourrait penser, uniquement de décor. Car réduire en fin de compte le sort de la sélection aux seules considérations défensives a et aura de toute évidence pour effet de conditionner le comportement des joueurs, de réduire leur marge de liberté et fait oublier l'essentiel: leurs aptitudes et leurs capacités à s'imposer pas seulement sportivement, mais aussi et surtout avec de véritables arguments de terrain...