ATHENES (Reuters) — Environ 4.000 fonctionnaires grecs ont manifesté hier devant le Parlement à Athènes pour dénoncer les nouvelles mesures d'austérité négociées par le gouvernement avec l'Union européenne et le FMI. Ministères, perceptions, écoles, hôpitaux et services publics ont fermé leurs portes pour un mouvement de grève de 48 heures, à l'appel du syndicat Adedy, principale organisation du secteur public. "Jamais ! Nous ne paierons jamais pour l'UE et le FMI", chantaient les manifestants dont la mobilisation était bien moins forte que lors de précédents rassemblements contre le plan d'austérité lancé par le gouvernement de George Papandréou. Les organisations syndicales promettent un mouvement de plus grande ampleur hier avec la participation des employés du secteur privé à l'occasion d'une troisième journée de grève conjointe depuis le début de l'année. "Nous avons tout perdu en une nuit. Je les supplie de ne pas prendre mes économies. J'ai travaillé pendant 30 ans pour cet argent", se lamentait une enseignante de 56 ans. Un de ses collègues portait un crucifix sur lequel était perché un hibou pour symboliser la mort du système éducatif grec. Des militants du Parti communiste grec ont déployé une banderole sur les murs des rues au pied de l'Acropole avec l'inscription "Peuples d'Europe, révoltez-vous". Dix ans de crise‑? Pour l'instant, les manifestations antigouvernementales n'ont rassemblé que quelques dizaines de milliers de personnes, mais la colère semble gagner l'opinion publique grecque depuis la présentation dimanche de mesures draconiennes pour réduire le déficit budgétaire du pays. Athènes a promis aux pays de la zone euro et au Fonds monétaire international une politique de gel des salaires et de réduction des montants des retraites en échange d'un plan d'aide de 110 milliards d'euros sur trois ans. Un sondage réalisé vendredi par l'institut Alco, avant l'adoption du plan d'aide, montre qu'un Grec sur deux est prêt à descendre dans la rue pour s'opposer aux mesures d'austérité. "Nous sommes dans une situation difficile", a reconnu le ministre du Travail, Andreas Loverdos, lors d'une présentation du plan de réforme des retraites. "Je veux vous assurer qu'en dépit des réactions et des sévères critiques, notre but est de sauver la Grèce et nous nous y tiendrons", a-t-il dit. La presse grecque relayait hier les inquiétudes de la population qui redoute de voir les classes moyennes et les retraités payer pour des années de corruption et de fraude fiscale responsables de la crise budgétaire que connaît le pays. "Il va être très difficile de convaincre les gens que la facture sera bien payée par les responsables et par ceux qui en ont les moyens mais ne paient pas", écrit le quotidien de centre droit Eleftheros Typos. Une enquête réalisée par Kappa Research pour le quotidien To Vima hier montre qu'un tiers des Grecs s'attendent à ce que cette crise dure au moins dix ans.