ATHENES (Reuters) — Des manifestants ont mis le feu à des poubelles et à deux caméras de télévision, hier à Athènes, en marge d'un cortège du 1er-Mai réunissant des milliers de personnes protestant contre les mesures d'austérité pour faire face à la crise de la dette grecque. Lors d'un rassemblement, la police a tiré des gaz lacrymogènes pour empêcher une vingtaine de manifestants d'atteindre le Parlement. Les manifestants se sont repliés et le cortège, qui dans l'ensemble s'est déroulé de manière pacifique, a poursuivi sa route, ont rapporté des témoins. Les magasins étaient fermés, les bateaux sont restés à quai et les rues de la capitale étaient pratiquement vides, à l'exception des manifestants. Des responsables de l'Union européenne et du FMI discutent depuis plusieurs jours avec les autorités grecques d'une nouveau train de mesures d'austérité. Parmi les slogans scandés par les manifestants, on pouvait entendre : "Non à la junte du FMI", allusion à la junte des colonels, au pouvoir en Grèce entre 1967 et 1974, ou encore, "Pas touche à nos droits! FMI et Commission européenne dehors !" Beaucoup de manifestants interrogés réclamaient des sanctions contre les responsables de la crise, dans un pays où les scandales de corruption et de fraude fiscale ne sont pas rares. "Il faudrait jeter à la mer tous les escrocs, toutes les personnes et les politiciens responsables de cette crise", déclarait Sotiris Oikonomou, agent d'assurance de 58 ans. La police a, selon ses premières estimations, dénombré 17.000 manifestants, soit une participation équivalente à celle des précédentes manifestations contre l'austérité. Certains semblaient résignés à l'adoption de ces mesures. "Je ne m'attends pas à ce que cette manifestation change quoi que ce soit. Nous combattons seulement pour notre dignité", a dit Oikonomou. Des analystes estiment que les protestations pourraient monter en intensité à la fin de l'été, une fois que l'impact des mesures d'austérité se sera fait sentir, et les investisseurs craignent que cela entrave les réformes. Les agences de notation ont prévenu qu'elles pourraient encore abaisser la note de la Grèce si le gouvernement perd le soutien de la population. Le gouvernement a déjà accepté trois trains de mesures d'austérité, avec une augmentation de la fiscalité et un gel des retraites pour les six prochains mois, et beaucoup redoutent que le plan UE/FMI réduise encore le niveau de vie dans un pays où une personne sur cinq vit déjà sous le seuil de pauvreté, selon des données de l'UE. "Nous ne permettrons pas la destruction de nos droits, nous bloquerons leurs projets", a prévenu la confédération syndicale du secteur public, Adedy. Des responsables syndicaux ont déclaré qu'en échange d'une aide, la Grèce était invitée à réduire son déficit de 10% de son PIB d'ici 2010-2011 en augmentant la TVA, en supprimant les 13e et 14e mois dans le secteur public et en bloquant les salaires des fonctionnaires. Selon un sondage Alco pour le journal Proto Thema, 51,3% des Grecs sont prêts à manifester si ces nouvelles mesures sont adoptées. Mais si une majorité de Grecs sont en désaccord avec le plan d'austérité, le Premier ministre George Papandréou reste l'homme politique le plus populaire et son Parti socialiste (Pasok) est en tête des sondages.