Les chevaux partenaires de l'expérience du Centre hippique de Mahdia sont les poneys des Mogods, une race tunisienne menacée de disparition, originaire du Nord-Ouest de la Tunisie. Cette race, restée isolée dans une région rude et difficile, s'est donc purifiée par la consanguinité et un imbreeding à outrance. Son habitat est constitué par des reliefs généralement modestes, séparés par des vallées profondes qui, au nord, dominent la Méditerranée à travers une côte haute et rocheuse, et, vers le sud, surplombent ce profond couloir creusé par la Medjerda. Dans un environnement où chaque sentier est une école de difficultés, le poney des Mogods a développé une agilité prodigieuse, avec un caractère calme et énergique. Même sans être ferrés, ils grimpent les montagnes comme des chèvres. Ils sont dotés d'une grande douceur de caractère, tout en étant sobres, car ils ont été rendus endurcis par la pauvreté des ressources de l'environnement montagneux, ainsi que par les difficultés du terrain. Avec leurs tendons d'acier, leur énergie, leur calme et leur habilité de singe, les poneys des Mogods démontrent qu'ils sont les dignes descendants de cette cavalerie qui porta les Numides et Hannibal à la victoire, en faisant trembler la Rome antique ! Et Rome, ensuite, ne tarda pas à les immortaliser, lorsque la Tunisie était devenue province romaine, en les faisant figurer dans ces précieuses mosaïques, de nos jours conservées au Musée du Bardo, ou dans celui proche à l'amphithéâtre d'El Djem. Le poney des Mogods est un cheval de petite taille, appelé aussi cheval j'beli, cheval kabyle ou cheval des montagnes. Dans un bulletin de la Chambre de l'agriculture et du commerce, paru en Tunisie en 1903, le poney des Mogods est décrit ainsi pour la première fois : «La tête un peu forte et bien greffée, un profil céphalique droit, le front large, l'œil expressif, la physionomie animée, l'encolure un peu courte, mais gracieuse, la poitrine large et profonde, le dos saillant, la queue bien plantée, les membres larges, forts et avec des aplombs très réguliers. Sa taille diffère entre les 120 et les 140 centimètres au garrot. Les manteaux dominants sont le gris et l'alezan pour les chevaux des tribus des Nefzas, Amdouns et Mekna, tandis que le bai est par contre le plus commun chez les tribus des Mogods et des Hedills. Mais ils restent de toute façon des chevaux de sang, qui s'adaptent bien à un attelage léger. Au début des années 1900, environ 500 têtes étaient exportées annuellement en Italie et à Malte, et d'ici vers l'Angleterre et la France. Divers sont les auteurs de l'époque qui en exaltent, avec un vif enthousiasme, les qualités morphologiques et les aptitudes sportives. Au début du siècle dernier, Geoffrey-Saint Hilaire écrit , dans ses notes de voyage, avoir eu la chance de rencontrer en Italie, près de la petite ville de Pallanza, sur les bords du Lac Majeur, un de ces poneys des Mogods, attelé à un “coquet boghei", une sorte de voiture à deux roues. Le propriétaire, très satisfait, n'avait pas hésité à louer les qualités caractérielles et les aptitudes sportives de son petit cheval. De leur côté, les fermiers tunisiens originaires de la région de Mateur, afin de pouvoir continuer à pratiquer le jeu du polo, portèrent avec eux à Malte ou au Caire ces petits chevaux agiles et intelligents, qui suivaient les trajectoires de la balle en esquivant les coups maladroits. Ce n'est pas par hasard que Lord Mountbatten, le dernier vice-roi des Indes de 1945 à 1947, fit acheter pour son équipe de polo un lot de ces poneys des Mogods. De Selleysel, auteur du dix-neuvième siècle, à propos de leur caractère, écrit ainsi: «[...]Les chevaux des montagnes sont les meilleurs, ils ont un grand courage et nombreux sont ceux qui portent les signes des blessures qu'ils ont reçues des lions!».