Le fléau endémique de la corruption administrative continue de sévir aujourd'hui dans la Tunisie d'après la révolution, les exemples les plus marquants concernant l'embauche des chômeurs, l'octroi abusif de permis de construire, le changement de la nature de terrains afin de les rendre constructibles, l'attribution de privilèges administratifs, la vente de terrains à des prix dérisoires, etc. Pour enrayer ce fléau, il est urgent que notre pays se dote de nouveaux mécanismes efficaces avec la collaboration des composantes de la société civile. Tous ces points et bien d'autres ont été évoqués, le 1er juillet à Kairouan, lors de la Journée d'échange et de dialogue intitulée «Rôle des citoyens et de la société civile dans la lutte contre la corruption administrative» et organisée par la fondation pour le futur avec la collaboration de l'Association I Watch Kairouan, et ce, avec la participation de citoyens ordinaires, de médias régionaux, de responsables syndicaux, de personnalités politiques dont des membres de l'ANC et de différentes ONG et associations dont l'Association 17-Décembre de Sidi Bouzid. Quels sont les objectifs de cette journée ? D'emblée, MM. Souhail Alouini, du groupe Open Govtn, Mahmoud Ouslati, de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, Mouheb Garoui, de l'Association «I Watch» Tunisie et Julien Baudot, coordinateur du programme pour la fondation pour la future Tunisie, ont synthétisé les grandes lignes de cette journée dont les objectifs visent à renforcer le rôle de la société civile et des citoyens dans la surveillance et la lutte contre la corruption administrative dans un esprit de gouvernance locale approfondie, à proposer des recommandations concrètes capables d'améliorer les capacités de surveillance citoyenne, amener les participants à cette journée à échanger des idées autour de la problématique du rôle du citoyen et de la société civile dans la lutte contre la corruption administrative, favoriser une approche participative, surtout qu'il n'est plus possible de traiter des sujets tels que la corruption, la transparence et la bonne gouvernance sans évoquer le rôle important du citoyen. Comment prévenir la corruption administrative? Par la suite, lors des débats, l'on a évoqué le rôle des composantes de la société civile pour nettoyer les administrations gangrenées par la corruption. Ainsi, pour le jeune Abderrahim Hendaoui, cadre à l'Ismai et membre actif dans la vie associative, il serait souhaitable de créer un climat de confiance et de coopération entre l'Etat, la population, la société civile et les médias en vue d'établir une stratégie capable d'éradiquer ce fléau dangereux et de consacrer l'indépendance de la justice tout en dénonçant les abus de la corruption. Améliorer le pouvoir d'achat des citoyens Quant à M. Mohamed Naceur Salhi, porte-parole du syndicat de la police de Kairouan, il faudrait bannir la mentalité d'assisté des citoyens démissionnaires afin de leur permettre de devenir des acteurs de la bataille pour rompre une fois pour toutes avec le despotisme qui sévit encore dans notre pays. En outre, il pense qu'il serait urgent d'améliorer le pouvoir d'achat des citoyens, car c'est le besoin et la nécessité qui poussent les gens à devenir corrompus. Enfin, il estime que la corruption touche tous les rouages de l'administration, beaucoup plus que le domaine de la sûreté et qu'il faudrait infliger de lourdes sanctions aux responsables corrompus afin de servir d'exemple aux autres. La corruption administrative est héritée de l'époque Ben Ali Pour M. Julien Baudot de la Fondation pour le futur, présente en Tunisie depuis un an et demi et qui travaille à renforcer les capacités de la société civile dans les domaines des droits de l'Homme, de la promotion de la citoyenneté, de la démocratie, de la lutte pour la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, la corruption administrative est un des fléaux hérités de l'époque Ben Ali et de l'époque Rcédéiste. «Malheureusement, plusieurs études indépendantes ont montré que ce phénomène n'a pas baissé depuis la chute de l'ancien régime. Il a même augmenté à certains endroits et donc, il y a un réel enjeu à résorber ce fléau qui paralyse littéralement toute l'administration. A mon avis, pour lutter contre la corruption, il y a d'abord les méthodes politiques consistant à créer des commissions qui ne servent jamais à rien». Et il y a aussi éventuellement le fait d'associer et de redonner le pouvoir à la société civile et aux citoyens pour avoir un droit de regard et dénoncer en cas de corruption flagrante. De ce fait, l'objectif de cette journée est de rassembler différents acteurs afin qu'ils proposent des solutions surtout que l'administration a besoin d'aide pour se réformer et limiter les effets de la corruption administrative grâce à des suggestions locales.