Profitant du mois de Ramadan et de «l'absence» des conseils municipaux provisoires, le phénomène a repris de plus belle. Au grand dam des écolos et des commerçants...en attendant une opération d'envergure qu'on dit imminente Dans pratiquement toutes les communes du pays, le constat est clair, net et frappant : le phénomène des étals anarchiques fait désormais cavalier seul et ne semble pas près de s'essouffler. On peut même dire qu'il est, mine de rien, en train de battre ses propres records de résistance et de longévité, après avoir longtemps croulé, sous Ben Ali, sous la terreur d'une police municipale qui ne pardonnait jamais. Questions : comment ce phénomène a pu retrouver son aura ? Jusqu'où ira sa combativité ? La fuite en avant Le retour en force dudit phénomène s'opéra, faut-il le souligner, au lendemain de la révolution lorsque, profitant de la fuite sécuritaire qui s'en est suivie, les étals anarchiques sont redevenus subitement envahissants et omniprésents dans toutes les rues commerçantes de nos villes, y compris dans les points névralgiques et, parfois même, à deux pas de l'Hôtel de Ville, à proximité donc de la police municipale qui a, il est vrai, perdu ses armes de dissuasion. «L'abdication» de cette police a été telle que son armada a été même prise à partie, dans certaines municipalités, par des propriétaire d'étals anarchiques. Dans d'autres communes, ces derniers, furieux, ont poussé le culot au point de lancer des sit-in. Au point aussi d'envahir le siège de la mairie pour réclamer, sinon le départ du président de la municipalité, du moins la récupération de leurs marchandises saisies. La fuite en avant quoi ! D'ailleurs, ce constat amer est aujourd'hui sur toutes les lèvres dans la plupart des communes où on continue — Ô quelle fatalité — de compter, désarmés et impuissants, les dégâts. Des dégâts d'autant plus considérables qu'ils ont porté un coup dur aux municipalités, à deux niveaux, au moins, à savoir : - Primo : les recettes engrangées par les municipalités au titre des taxes imposés aux établissements commerciaux ont connu une nette dégringolade causée par le refus des commerçants exerçant légalement de payer ces taxes, sous prétexte de la concurrence déloyale des étals anarchiques. Victimes, ces derniers le sont effectivement. «Non seulement, ce commerce parallèle des plus sauvages nous a rendu la vie impossible, mais aussi on nous demande d'honorer nos taxes. Non, c'est de la pure injustice», s'indigne Salah Belguith, vieux tenancier d'un point de vente de légumes et fruits au marché municipal de la ville de l'Ariana. - Secundo : ledit phénomène a complètement défiguré le paysage environnemental des cités où, outre une circulation automobile paralysée, les déchets et ordures générés par ces étals sont difficilement enlevables, ou presque. D'où des odeurs nauséabondes et un terrain de prédilection pour les mouches, les moustiques et les chats et chiens errants ! Rendez-vous après l'Aïd Reste maintenant à savoir si la «roue libre» des étals anarchiques durera encore. Et là, éclaircie dans la grisaille, sous la forme de la volonté manifestée récemment par le ministère de l'Intérieur de repartir, au lendemain de l'Aïd, à l'offensive dans le cadre d'une opération «coup de poing» dans l'objectif d'en finir une fois pour toutes avec ce phénomène. Oui, mais aux bons tissus, il faut bien de bons tailleurs, et ce n'est sans doute pas avec des conseils municipaux provisoires, et manquant de logistique, de motivation et de confiance qu'on prétendra y parvenir.