Les habitants de la localité d'Hammam-Lif ont vécu, hier, une journée particulière marquée par un mouvement de contestation populaire, sur fond de revendications à caractère social et économique. «De 10 heures du matin jusqu'à 15 heures de l'après-midi, heure de l'intervention des forces de sécurité pour mettre un terme à la contestation, les habitants ont dressé trois barricades empêchant quiconque de pénétrer dans la ville. La première au niveau de la cité Hached-Mellassine, la deuxième au niveau du kiosque Total, la troisième au niveau de Dar El Bey, située face au siège de la municipalité», précise une source sécuritaire présente sur place. «Les négociations avec les protestataires menées par le gouverneur de Ben Arous et les responsables de la sécurité n'ayant pas abouti, nous nous sommes trouvés obligés d'intervenir, en usant de gaz lacrymogènes, pour dégager la route et faire lever les barricades. On ne déplore aucune perte humain ni dégâts matériels. Quant aux revendications exprimées par les initateurs du mouvement de protestation, elles sont purement économiques et sociales puisqu'ils déplorent tous l'augmentation des prix, le chômage qui frappe la majorité des habitants de la région et appellent le gouvernement à leur procurer des emplois», souligne encore notre source. Non à la marginalisation Du côté des protestataires rencontrés sur place, à l'entrée de la ville d'Hammam-Lif, au niveau de la cité Hached-Mellassine, le ton est à la dénonciation de l'état de marginalisation et d'exclusion dans lequel se trouvent les habitants de la localité. Mohamed Ben Mansour, jeune résident à la cité Hached-Mellassine, détenteur d'un diplôme en menuiserie et au chômage depuis 10 ans, souligne : «Nous avons le sentiment que nous sommes les oubliés de la révolution. Le gouvernement fait la sourde oreille à nos demandes, essentiellement l'emploi des jeunes qui se trouvent dans l'obligation de s'adonner à des pratiques inacceptables telles que le commerce illicite, et en premier lieu la vente d'alcool et d'autres produits prohibés». De son côté, Mohamed Saâdaoui, maîtrisard en sciences physiques au chômage depuis 2006, se présentant comme étant le secrétaire général de la protection de la révolution, enchaîne. «Notre principale revendication a trait à l'emploi. Malheureusement, les autorités régionales ne nous écoutent pas et nos rencontres répétées avec le gouverneur n'ont eu jusqu'ici aucune suite favorable. Nous demandons à ce que le gouvernement améliore nos conditions de vie et inscrive nos préoccupations parmi ses dossiers». D'autres citoyens de la cité Hached-Mellassine, à l'instar de Samir Ben Khemaïes Bouhali, s'élèvent contre «la violence utilisée par les forces de sécurité dont les bombes lacrymogènes ont causé d'importants dégâts». Un autre citoyen, qui a tenu à garder l'anonymat, appelle à la construction d'une école primaire dans la région. Une autre explication du déclenchement du mouvement de protestation livrée par un citoyen de la ville balnéaire révèle que «les habitants de la cité Hached-Mellassine ont déclenché leur mouvement en signe de soutien aux squatteurs de Dar El Bey, informés par les forces de l'ordre qu'ils doivent évacuer le palais beylical, suite à une décision des autorités régionales». «Les occupants de Dar El Bey qui y résidaient depuis l'époque du président Bourguiba ont été délogés à l'époque du président déchu et ont été relogés dans une cité du nom de Cité 7 novembre. Seulement après la révolution, d'autres citoyens venant de plusieurs villes de l'intérieur du pays ont occupé de nouveau la demeure beylicale. Aujourd'hui, ils refusent d'y être délogés et exigent que leur soient octroyés des logements en compensation au cas où les autorités les obligeraient à partir», précise-t-il encore. Il est à préciser qu'à l'heure où nous étions en train de recueillir les informations citées plus haut (hier vers 18 heures), les pourparlers se poursuivaient encore entre les forces de l'ordre et les occupants de Dar El Bey.