Ils ont de 7 à 77 ans, et viennent de toutes parts : étudiants, retraités, femmes au foyer, étrangères de passage, aspirants artistes. Tous sont réunis par une même passion : celle de la terre. Et ils viennent ici, dans cette zaouia séculaire, vouée à la mémoire du célèbre céramiste, dont on ne sait toujours pas s'il était andalou ou marocain, qui s'est sacrifié à cet art millénaire. Une fois par an, les élèves de Sidi Qacim, de différents niveaux, et sans ségrégation aucune, présentent leurs œuvres au public, en une fête joyeuse et colorée. Le patio, habituellement livré aux seuls pigeons du voisinage, s'anime de couleurs et de brillances. Trente apprentis céramistes exposent donc quelque 600 pièces. Ils ont travaillé, cette année, sur des œuvres d'artistes et se sont inspirés d'artistes tels que Miro, Klee, Kandinski, ou Ali Ben Salem. Ils ont été encadrés par Mohamed Hachicha et Boujemâa Belaïfa qui les a initiés à la sculpture avec la générosité d'un artiste qui sait partager son art. Dans le patio, une explosion de créativité, soutenue par une technicité certaine. Les élèves ont travaillé sur le façonnage, l'enfumage, la sculpture. Et l'on s'arrête sur les superbes poissons de Saloua Kilani, qui remportait récemment le prix d'El Abdelliya, sur les femmes girafes de Kamilia Azzouz, sur les toupies de Magda, les oursins de Sara Fray, ou encore sur les séries obsessionnelles de Mongi Herbaoui. De nombreuses techniques ont été abordées, et maîtrisées pour cette exposition, tels l'enfumage, le craquelé, le raku. Pour Mohamed Hachicha, qui préside avec science et conscience aux destinées du centre, cette exposition est le meilleur cru du point de vue technique. Et cela commence à se savoir, car on a beaucoup vu décorateurs et designers, auteurs des œuvres. La preuve ? Tout s'est vendu.