«La Chine est loin d'être un pays idéal. Beaucoup reste encore à parfaire et à réformer. Toutefois, la réforme, l'ouverture et le partenariat doivent répondre aux conditions nationales chinoises. Autant nous nous opposons catégoriquement à toute intervention étrangère dans nos affaires intérieures autant nous refusons de donner des leçons aux autres. Les droits de l'Homme revêtent une dimension globale et intégrale. La Chine compte 1,3 milliard d'âmes. Faut-il leur donner à manger ou faut-il multiplier les partis politiques ?», tient à souligner M. Zhai Jun, vice-ministre chinois des Affaires étrangères, tout en précisant que la voie que s'est tracée son pays est la bonne parce qu'elle répond aux aspirations profondes du peuple chinois. Bien sûr, on peut répliquer au responsable chinois qu'on peut à la fois donner à manger et garantir la liberté. Toutefois, si en théorie, cela semble possible, dans la réalité, les choses sont loin d'être aussi simples. Que signifie, en effet, la liberté pour 1,3 milliard d'âmes qui ont des besoins élémentaires !? Ventre creux, oreilles sourdes, dit-on. L'actualité internationale nous renvoie quotidiennement à d'horribles scènes où des jeunes, des femmes, des vieillards voire des populations tout entières sont livrées à elles-mêmes, au désespoir, à la misère et au désarroi. C'est que les droits de l'Homme, la démocratie et les libertés sont le couronnement de tout un processus de développement que l'Occident a mis plus de cinq siècles à réaliser. Et encore‑! Car, il suffit aujourd'hui de voir la réalité en face pour s'apercevoir et découvrir l'autre réalité des vieilles nations dites démocratiques. Il n'est ici nullement question ni de critiquer l'Occident ni de glorifier la Chine. Il s'agit tout simplement de nuancer, de relativiser et de faire preuve de plus d'objectivité et d'impartialité. Les droits de l'Homme sont des valeurs si nobles et si sacrées qu'ils méritent d'être appréhendés dans leur globalité. Que signifient, en effet, les droits de l'Homme pour un citoyen du monde qui souffre de la faim, de la soif et de maladies‑? Que veulent dire les droits de l'Homme pour un Africain sans nourriture, sans logement, sans travail, sans soins et sans espoir‑? A noter que l'Occident n'a pas lésiné sur les moyens pour venir en aide à ses banquiers qui sont pourtant à l'origine de la plus grave crise économique dont les premières victimes sont les pays pauvres. Si cet Occident se souciait vraiment des droits de l'Homme, pourquoi est-il si avare et si exigeant dès qu'il s'agit de venir en aide aux pays pauvres‑?! C'est qu'hélas, nos chers amis occidentaux procèdent toujours par la politique de deux poids, deux mesures. Les droits de l'Homme sont bien souvent instrumentalisés pour, très curieusement, déstabiliser les pays émergents et, notamment, les plus modérés d'entre eux. Et si certains pays occidentaux montrent du doigt la Chine qu'ils accusent de non-respect des droits de l'Homme, c'est bien souvent pour tenter de la déstabiliser. Aujourd'hui, la Chine, comme les autres pays émergents, semble déranger certaines parties occidentales qui veulent toujours dominer le monde. Elles refusent, en fait, que la Chine ou d'autres pays émergents les concurrencent. La Chine fait trembler l'Occident parce qu'elle ose franchir leur chasse gardée, gagne les appels d'offres internationaux et investit de plus en plus les espaces jadis réservés uniquement à certaines grandes puissances occidentales. Les droits de l'Homme sont si sacrés qu'ils méritent d'être appréhendés dans une approche globale et universelle. Ils ne sont ni un fonds de commerce exploité par des groupuscules en marge de leur société, ni un caprice occidental et encore moins des slogans creux. Pour la Chine comme pour plusieurs autres pays du Sud, les droits de l'Homme sont d'abord le droit à la dignité, c'est-à-dire le droit de manger à sa faim, au logement, à la santé, à l'éducation, au travail… Ensuite, ce sont les peuples qui forgent en toute liberté leur destin. En d'autres termes, ce sont les Chinois et eux seuls qui sont concernés par leur propre sort. «Nous sommes terriblement agressés par les critiques injustes et partiales de l'Occident. Et pourtant, nous, en Chine, nous sommes un peuple pacifique et respectueux des autres cultures. Nous ne voulons jamais nous ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays ou peuples. Pourquoi certains pays occidentaux font-ils une fixation sur la Chine ? C'est injuste !», nous dit une jeune cadre universitaire à Pékin. Notre interlocutrice est fière de son pays qui ne cesse de progresser et de s'ouvrir sur le monde. Une chose est certaine : en Chine comme dans les autres pays du monde, les droits de l'Homme sont un idéal toujours à parfaire. Actuellement, aucun pays au monde ne peut prétendre les incarner ou se targuer d'en être une référence. Et l'on ne peut que douter sérieusement de tous ceux qui veulent s'ériger en donneurs de leçons en matière de droits de l'Homme qui sont un combat si sacré et si exaltant pour l'humanité tout entière qu'ils méritent davantage de respect de l'autre, d'égalité, de justice et moins d'hypocrisie, d'égocentrisme et d'instrumentalisation politique.