Fin du 63e Festival de Cannes (12-23 mai) avec la cérémonie de clôture et la proclamation du palmarès par le président du jury de cette édition, l'inénarrable Tim Burton qui semblait, malgré tout le cérémonial, vraiment ailleurs. La maîtresse de cérémonie, Christine Scott Thomas, devant lui rappeler à chaque fois d'annoncer le prix suivant. Et ce, jusqu'à la Palme d'or raflée par Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures, du réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, film mystique dont le thème se focalise sur la réincarnation des esprits. «Oncle Boonmee» renvoie aux installations vidéo et dégage une atmosphère tout à fait particulière où les fantômes de femmes et d'hommes disparus réapparaissent auprès de leur famille. Cet opus à petit budget a nécessité, comme l'a affirmé le réalisateur, «trois ans et demi pour voir le jour». «Le cinéma est un mystère que partage notre monde». C'est là la définition du cinéma selon celui qui a décroché la récompense suprême. Voilà qui n'est pas pour déplaire à Tim Burton dont l'empreinte sur le palmarès est manifeste. Attendu et plébiscité par la presse internationale, Des hommes et des dieux du Français Xavier Beauvois auquel Dieu semble avoir donné un coup de pouce pour rafler le Grand Prix. Des hommes et des dieux raconte l'histoire vraie de huit moines assassinés dans des circonstances mystérieuses. Le cinéma français a été gâté par le jury de cette 63e édition qui lui a octroyé trois prix puisque Mathieu Almaric a été récompensé par le Prix de la mise en scène pour son film Tournée baignant dans une fantaisie fantasmagorique et distillée par l'atmosphère des cabarets et du style New-burlesque. Le troisième prix ayant été remporté par Juliette Binoche pour son rôle dans Copie conforme de l'Iranien Abbès Kiarostami. Il est vrai que sa prestation est époustouflante. Le prix d'interprétation masculine a été décerné en ex æquo à l'Espagnol Javier Barden dans Biutiful, du Mexicain A.G. Inarrita et l'Italien Elio Germano dans La Nostra vita, de Daniele Luchetti. Et aucun des deux n'a volé son prix parfaitement mérité vu leurs performance respectives. Enfin, le très poétique Poetry du Sud-Coréen Lee Chang-Dong mérite, lui aussi, de figurer dans le palmarès, tant il dégage grâce et poésie porté par une magnifique actrice Yun Junghee dans le rôle de la vieille Mija. Maintenant signalons la présence, après 13 ans d'absence, du cinéma africain dans le palmarès avec «le Prix du jury» décerné au film tchadien Un homme qui crie, de Mahamat Saleh Haroun qui, sur fond de guerre civile au Tchad, traite de la transmission de père en fils, de génération en génération. Que léguons-nous aux futures générations‑?, s'est interrogé Haroun dans son opus. Enfin, l'un des moments de cette cérémonie de clôture est la déclaration de Juliette Binoche concernant le cinéaste iranien Jafar Panahi‑: «Il entame le neuvième jour de grève de la faim en prison… il est parmi nous et espérons qu'il sera là l'année prochaine». Rideau donc sur Cannes 2010. Nous y reviendrons. Le palmarès Longs métrages *Palme d'Or Lung Boonmee Raluek Chat (Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures) réalisé par Apichatpong Weerasethathakul *Grand Prix Des hommes et des dieux (Of Gods and Men) réalisé par Xavier Beauvois *Prix de la mise en scène Mathieu Amalric pour Tournée (On Tour) *Prix du Jury Un homme qui crie (A Screaming Man) réalisé par Mahamat-Saleh Haroun *Prix d'interprétation masculine ex aequo – Javier Bardem dans Biutiful réalisé par Alejandro Gonzalez Inarritu – Elio Germano dans La nostra vita réalisé par Daniele Luchetti *Prix d'interprétation féminine Juliette Binoche dans Copie conforme (Certified Copy) réalisé par Abbas Kiarostami *Prix du scénario Lee Chang-dong pour Poetry Courts métrages *Palme d'Or du court métrage Chienne d'histoire (Barking Island) réalisé par Serge Avédikian *Prix du Jury - court métrage Micky Bader (Micky se baigne) réalisé par Frida Kempff