Une année s'achève, une autre commence pour notre sport. Et nous en sommes encore à nous battre avec les ombres du passé... A l'heure où les Tunisiens se posent la question de savoir si leur pays basculera dans la véritable démocratie durable ou alors dans le chaos, les mêmes questions se posent avec des ombres du passé tellement lourdes, tellement envahissantes, qu'on ne voit franchement pas le bout du tunnel. C'est que le système était tellement verrouillé et tellement pollué, que nous nous rendons compte aujourd'hui de l'énormité de la tâche. Il n'y a qu'à constater la liste récemment publiée par le ministère de la Jeunesse et des Sports (et que certains veulent attribuer au seul ministre dans une tentative de la «personnaliser» et donc de mieux l'attaquer) et l'énorme levée de boucliers qui s'en est suivie. C'est qu'aujourd'hui la tendance s'est totalement inversée: les coupables sur le banc des juges et les juges au box des accusés. Le monde à l'envers! En attendant que s'éclaircisse l'horizon et qu'on y voie plus clair dans cette lutte sans merci que se livrent passé, présent et futur (à ce propos, l'issue du feuilleton Cnot, sa capacité de rompre avec le passé, de se renouveler et de se projeter vers l'avant sera très significative), notre sport continue à souffrir de quatre maux majeurs : le statut, le financement, les résultats et la communication. Nous commençons par ce dernier point qui constitue le véritable talon d'Achille d'une activité dont la vocation même est de faire savoir les choses. Or, sur ce plan bien précis, nos fédérations continuent à travailler dans le huis clos le plus total, comme s'il s'agissait d'un business privé. Et quand on daigne communiquer, c'est pour des pacotilles ou alors pour reluire l'image du président ou de quelque membre. On en oublie que ces fédérations doivent rendre compte à l'autorité de tutelle mais aussi à tous les Tunisiens à travers les médias. Concernant le statut, nous attendons toujours une refonte totale des lois qui régissent l'un des secteurs les plus importants du pays. Trop de confusion, de flou et trop... d'amateurisme mènent au chaos et engendrent des dérives de tous ordres. Il faut que cela s'arrête pour qu'on sache qui fait quoi et qui doit rendre compte. Le troisième point est lié au second. Véritable nerf de la guerre, le financement devient à la fois secondaire et ouvert à tous les trafics. Secondaire parce que nos fédérations continuent à solliciter l'aumône auprès du ministère (en même temps que ces membres tapent sur la table pour exiger leur totale indépendance?!) alors que le rôle des membres qui la composent est, entre autres, d'aller chercher les fonds pour, justement, la promotion et l'indépendance de leur sport. Dernier point, également lié aux autres : les résultats. Le sport est performance et les résultats sont les indicateurs réels de l'efficacité de l'œuvre des dirigeants. Or, sur ce plan bien précis, le constat est scandaleux quand on sait par exemple qu'en plus de 60 ans d'indépendance, la Tunisie n'a eu droit qu'à deux champions olympiques : Gammoudi et Mellouli. 60 ans, vous vous rendez compte! Et nous avons aujourd'hui d'anciens présidents de fédérations, des anciens et des actuels, qui se battent (encore et toujours) pour présider le CIO, s'y maintenir ou alors y accéder. Impensable! C'est dire que la crainte est à la mesure de l'espoir. Et vice-versa. Que nous réserve l'année 2013? De l'issue des dossiers de malversation transmis par le ministère de la Jeunesse et des Sports dépendra une bonne partie de l'avenir de notre sport. Attendons voir...