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Entrelacs mystiques et ardeurs épicuriennes
«Images à outrance» de Mourad Harbaoui (*)
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 01 - 2013

Avec cette énième exposition, l'artiste vient de se carrer sur le toit des arts plastiques en Tunisie. Emerveillement garanti !
Il faut le reconnaître : le monde de Mourad Harbaoui n'est pas aisé à sonder. Que lui-même place cette exposition ‘‘entre le figuratif et l'abstrait'', cela ne fait que compliquer la tâche pour qui cherche à y déceler un message, un sens, une intention, une idée. Le mieux, pour explorer cet univers foisonnant de beauté et de luminosité, serait de voir l'œuvre, non à travers les toiles, mais à travers la personne même de l'artiste. A 42 ans, l'homme, par tant de candeur, d'humanisme et de générosité exubérante, est resté à ce jour un bébé.
Ce Harbaoui (qui n'a rien de belliqueux, contrairement au nom qu'il porte) est un bébé à l'état pur. Ni calcul ni cupidité. Offrez-lui le monde entier dans une main et il vous le rendra en entier de l'autre, avec un large sourire en prime. Mais c'est un bébé qui voit tout en grand, qui ne fait pas les choses à moitié. A commencer par le vernissage de cette exposition, vendredi dernier, garni d'un catalogue de haute qualité, de mets succulents, de boissons raffinées, et d'un... orchestre occidental, sans parler d'une assistance visiblement triée sur le volet.
L'art en fête, pour tout dire. Néanmoins, une petite fausse note : l'artiste, sanglé dans un costume noir, présentait un visage barbouillé de peinture blafarde. Il était quasiment méconnaissable. A qui lui en demandait la raison, il confiait, l'air bien sérieux et anxieux : «Je suis triste pour le devenir de la culture dans notre pays... Mais bon, oublions pour le moment, je ne vais pas gâcher ma propre fête tout de même...». Tel un bébé qui frémit à l'idée de perdre un jour sa maman... Mais bon, oublions. Et revenons à l'expo.
La magie de l'art
Trois procédés sont réunis avec une telle homogénéité et un tel goût que c'est l'émerveillement pour la vue : huile sur toile, acrylique et tapisserie assurée par la manufacture Robert Four. Les sujets sont des silhouettes translucides, frappées de flou, souvent entrelacées et formant un tout mystique et profond, tour à tour évanescentes, distraites, éperdues ou rêveuses. On pense en particulier à ‘‘La foule'' (huile sur toile), une masse compacte et dense dont, au premier plan, se démarque une silhouette lui tournant le dos, comme en rupture de ban. L'art a ceci d'étrange et de magique qu'il peut se prêter à une infinité de lectures possibles, chaque regard selon sa propre sensibilité, sa propre interprétation, sa propre imagination. Le véritable artiste-peintre, pensons-nous, est celui qui, à travers son œuvre, sait établir avec l'autre une espèce de complicité où ce dernier croit avoir, pour sa part, enrichi la toile rien qu'en lui conférant un sens auquel l'artiste n'a point songé.
D'autres se dressent comme un appel à – et de – la vie : corps ardents, concupiscents, lascifs, épicuriens. Mais Mourad Harbaoui, sans être pudibond ou puriste, sait s'arrêter sur le pas de la décence : le nu, sous ses pinceaux, n'a rien de choquant, il est allusion, jamais effusion ou piètre précision. La débauche, en revanche, est dans les couleurs : déjà bien luxuriantes. Elles s'imbriquent, se chevauchent, se télescopent et dégagent une lumière curieuse, ni éblouissante ni mate, apollinienne. Et on pense ici, à ‘‘Corps en fuite'' (acrylique sur toile), une fresque où les sujets, pris de tous côtés, se présentent comme des surimpressions décelables à la faveur d'une palette de couleurs allant du rouge pâle au jaune ocre en passant par un vert plus insinué qu'avéré.
Pour sûr que Mourad ne cherche pas vraiment le clinquant dans tout ce qu'il fait, mais sa générosité est là, débordante, tangible dans ses rapports avec l'humain comme dans son œuvre, une générosité sans limites, sans fatuité non plus, discrète. Et c'est probablement ça la définition du beau : une réunion de subtilité, d'intelligence et d'élégance, sans fioritures ni excès de brillant. Les mots sont lâchés : subtils et élégants sont justement les tableaux de Harbaoui. Avec cette ingénuité typique qui lui reste collée à l'esprit, au cœur et aux pinceaux. Ajoutons-y un brin de folie qui tantôt l'égaie, tantôt l'assombrit, et on réalise que Mourad Harbaoui est un petit bébé à l'intérieur duquel s'exalte et s'extasie un Grand Artiste. Allez voir d'abord, on en reparlera après...
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(*) A la Maison des Arts, le Belvédère, jusqu'au 31 janvier 2013


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