Samedi prochain aura lieu à l'hôtel Africa, à Tunis, une cérémonie de remise de trophées au profit de plusieurs représentants de la société. La manifestation est à l'initiative de l'ONG OpenGovTN, qui milite pour la transparence de l'administration et du gouvernement, ainsi que de la société civile. Donc au droit d'accès des citoyens à l'information publique. Les récipiendaires de ces trophées seront au nombre de six et ils représenteront les catagories suivantes : les municipalités et les organismes régionaux, les organismes publics, les associations et les ONG, les personnages publics, les personnalités de la société civile et, enfin, les médias. Initiative audacieuse, en un sens. Comme le souligne M. Souhaïl Alouini, membre de l'ONG, l'action s'inscrit à contre-courant de toute une mentalité et de certaines habitudes qui constituent souvent le terreau de la corruption. Le groupe compterait aujourd'hui pas moins de 700 personnes, toutes bénévoles et, dans le même temps, actives d'une façon ou d'une autre, souligne M. Alouini. Lequel ajoute qu'une trentaine de députés de l'ANC font partie du groupe et, d'autre part, que les différentes tendances politiques y sont représentées. Tout a commencé sur Facebook, dans la foulée de la révolution, avec un objectif : «Verrouiller» le processus démocratique, le rendre irréversible et, dans le même mouvement, développer la démocratie participative. Même si on se défend de s'aligner sur les expériences des étrangers, on reconnaît que l'on «apprend d'eux». Il est vrai qu'une expérience de «gouvernement ouvert» a été menée aux Etats-Unis depuis l'arrivée au pouvoir d'Obama et qu'elle peut servir de modèle de référence. Le Brésil est également en pointe, tandis que l'Europe suit derrière, «un peu à la traîne»... M. Souhaïl Alouini rappelle cependant que la démarche est originale chez nous. Ce n'est pas faux. Parmi les entreprises engagées par OpenGovTN, il y a la plainte déposée contre l'ANC auprès du Tribunal administratif: «pour non-application de sa loi interne» ! La procédure suit son cours, à son rythme. «Nous avons placé la barre haut, sachant qu'il faut faire cela si l'on veut obtenir quelque chose de sérieux...» Cette plainte est intervenue suite au constat que les PV des réunions des commissions n'étaient pas publiés. Toutefois, il y a déjà des acquis : avec le vote électronique, on peut voir qui a voté oui et qui a voté non ; on peut savoir qui est absent, sans compter la retransmission à la télévision des débats de la plénière... En attendant d'autres, comme le fait pour les ministres d'afficher l'état de leurs biens avant d'assumer leurs charges, ou que les administrations mettent d'office l'information publique à disposition du citoyen... Ce dont on est loin, puisqu'aussi bien le citoyen que le journaliste doit souvent batailler pour accéder à cette information, malgré le décret-loi 41 de 2001... un «décret révolutionnaire», admet M. Alouini. On suivra donc avec intérêt cette action éminemment stratégique prévue samedi prochain à 16h : décerner aux méritants les lauriers de la transparence !