Par Taoufik CHARRADI On assiste, depuis plusieurs mois, à travers le pays, à une escalade de la violence qui atteint plusieurs secteurs et n'épargne aucune catégorie de la population. D'où l'urgence de lutter contre ce fléau qui menace le processus démocratique. Par un singulier renversement de la situation dans le pays, éclate la violence qui ressuscite tous les vieux préjugés, toutes les attaques contre la liberté d'opinion et d'expression. Ces actes de violence sont devenus fréquents, incessants et plus larges perpétrés à l'encontre de tout le monde, car ils n'épargnent aucune catégorie de la population, fragilisant chaque jour le processus démocratique auquel aspire le peuple tunisien. On l'a vu se produire contre les politiciens, contre les journalistes, contre les intellectuels, contre les citoyens, contre les patrimoines et contre les enfants. C'est un spectacle poignant de voir des enfants sans défense contre le viol, des citoyens menacés, même dans les lieux publics, trouvant à peine dans leurs maisons un asile contre les assauts de l'extérieur. Ces cruautés inouïes commises sans une ombre de raison ni prétexte soulèvent une réprobation universelle et un cri d'indignation. Ce fléau, qui gangrène l'arène sociale, est non justifiable et inqualifiable et alarme tout le monde car personne n'est épargné. Tous les amis de la liberté et de l'égalité furent touchés par cet acte et protestent solennellement au nom de la justice et de l'humanité. Si ce climat de violence ne s'arrête pas, comment faire pour organiser des élections libres, transparentes et démocratiques dans un pays exsangue qui a besoin de stabilité? Par ailleurs, ces événements ne doivent servir à personne pour exploiter les malheurs et les souffrances d'autrui pour que triomphent l'injustice et l'immoralité encore pratiquées, au troisième millénaire. Les citoyens malheureusement — mais pas toujours — par réticence, indifférence ou inconscience se contentent souvent de constater sans bouger. Seule une véritable prise de conscience permettrait peut-être de mettre un frein à cette frénétique autodestruction. Il ne s'agirait pas de débattre mais aussi d'agir, ce qui n'arrangerait pas les plans des ennemis de la révolution, des jaloux, des opportunistes ou des agitateurs politiques car le chaos et la confusion engendrés par toutes sortes de manipulations sont les armes silencieuses et invisibles. Le devoir patriotique s'impose à tous, car il est le premier des devoirs d'un citoyen. Lorsque la conscience, le soutien et la vigilance du peuple se conjuguent avec une application ferme de la loi, on peut parvenir à évincer les ennemis de la révolution. Les auteurs de ces violences sont cependant des citoyens d'une même race, d'une même religion, longtemps semblables les uns aux autres, ayant la même origine, le même destin et les mêmes traditions; se partageaient, dans le passé, la même culture et la même citoyenneté. Ces actes de violence qui règnent encore dans notre pays devraient être promptement arrêtés. Sanctionner les auteurs sert à la fois à contrer le sentiment d'impunité chez les contrevenants et absorber la déception du public. Sans quoi, ce fléau effréné peut saper les efforts des réformes démocratiques, en particulier dans un pays où les phases de transition vers un système démocratique sont relativement récentes. Dans cette perspective, il serait souhaitable que le déroulement du processus électoral soit mené dans la transparence et loin de la violence Mais, là encore, il est essentiel que les moyens de la lutte soient cohérents avec les valeurs et les principes de la démocratie.