Les deux premières journées du play-off ont été largement suffisantes pour montrer que l'équipe de Bab Jédid est très mal outillée pour répondre aux exigences du nouveau projet initié, schématisé et lancé par son nouveau président. Si le premier match a mis à nu toutes les limites de l'encadrement technique, celui de dimanche (le derby) a démontré clairement la défaillance de tout le dispositif clubiste. Et on commence même à douter de l'utilité et de la viabilité de l'association entre politique et sport. Avec le recrutement ou, si vous voulez, la récupération de Faouzi Benzarti, certains (les plus optimistes bien entendu) s'attendaient à une transformation radicale de l'équipe au double niveau du fond et de la forme. Cet optimisme a été même revu à la hausse après la 2e conférence de presse de l'entraîneur clubiste. Justement, le «Special one tunisien» promettait que l'équipe est fin prête, que les automatismes sont à leur meilleur niveau, que la volonté et l'engagement des joueurs sont sans limites... Et, bien évidemment, il va de soi que le résultat suivra! De belles promesses, et rien d'autre! Car, sur le terrain, la déception a été énorme tellement l'équipe s'est montrée trop «petite» pour une telle compétition. Elle était tellement petite qu'on a presque regretté l'éviction de Nabil Kouki... Justement, le CA de Benzarti est apparu sans âme, et sans aucun repère footballistique. Faute de registre aussi bien technique que tactique fiable... On peut affirmer que la responsabilité de l'entraîneur est énorme. Ce technicien a été rattrapé, l'espace d'un match, par tous ses vieux démons. De l'entêtement injustifié à la prise de risque inutile et sans aucun calcul. On n'arrivera jamais à trouver une explication logique à la titularisation dans l'axe du duo Souissi-Ifa. Un duo qui peut être considéré comme une insulte à une équipe de la trempe du CA. Un duo sans valeur aussi bien technique, tactique, que physique et même mentale. Un axe qui s'est retrouvé des années durant à l'origine de toutes les contre-performances du club. Et pourtant, son maintien semble éternel... On n'arriverait pas aussi à expliquer l'incorporation de Mechregui dans un match aussi important. Ce joueur, qu'on le veuille ou non, n'a rien à faire au Club Africain. Il est beaucoup plus préoccupé par l'imitation de Dhaouadi que par l'amélioration de son propre jeu. Parfois même, il semble rappeler vaguement un sport nommé football, tellement ses «déchets» sont flagrants. On n'arriverait pas également à avoir une explication logique à la titularisation de Gharbi, alors qu'il est amoindri physiquement depuis la Coupe d'Afrique. Toutes ces défaillances traduisent d'autres insuffisances beaucoup plus profondes. On pense surtout à la période de préparation, notamment physique, qui, de l'avis de certains observateurs, ne correspond aucunement au profil du Club Africain, ni encore moins à ses ambitions. Nouvelles règles de gestion En toute logique, toute préparation physique en football doit absolument reposer sur l'endurance, la vitesse, la puissance et encore plus sur l'explosivité du footballeur. D'ailleurs, et comme on l'a déjà soulevé sur ces mêmes colonnes, Jean-Paul Ancian, ancien préparateur physique de l'AS St-Etienne, et professeur d'éducation physique et sportive, estime, dans son livre Une préparation physique programmée, que toute préparation, quelle que soit sa nature, doit tenir absolument compte de la technique, de la tactique et aussi et surtout des dispositions physiques de chaque joueur. Elle doit être pragmatique. Quitte à opter pour une préparation individuelle! Justement, les aptitudes physiques ne sont pas toujours les mêmes. Au Club Africain, on a eu droit à l'inverse : une préparation à la va-vite —et donc un laisser-aller flagrant— qui ne répond, dit-on ici et là, à aucun schéma directeur, encore moins à des normes bien précises. Ce qui explique d'ailleurs ces blessures à la pelle! En plus de l'entraîneur, le président du club assume une bonne partie de responsabilité. En effet, avec autant d'argent investi, Slim Riahi aurait dû trouver la formule appropriée pour s'assurer toutes les garanties de rentabilité de cet investissement colossal, à la faveur d'une gestion rigoureuse et précise. Ce n'est malheureusement pas le cas : en mal d'expérience, et surtout de conseils utiles, le président de l'équipe de Bab Jedid est tombé dans la précipitation, ce qui a donné lieu à des nominations hasardeuses, mais surtout peu efficaces. Aujourd'hui, le président du club doit se reprendre rapidement, recomposer son groupe de conseillers en tenant compte des profils et pourquoi pas imposer de nouvelles règles de gestion...