La création d'une agence nationale de renseignements dans le but de renforcer la lutte contre le terrorisme, phénomène devenu, il est vrai, une grande menace pour la paix et la stabilité du pays s'impose. L'idée semble aujourd'hui faire l'unanimité quant à la nécessité de sa concrétisation. En effet, une commission issue des services spéciaux du ministère de l'Intérieur s'y penche déjà, croit-on savoir, dans la perspective d'identifier les meilleures formules techniques et juridiques susceptibles d'aboutir à la création d'une agence de renseignements en bonne et due forme. Celle-là même qui devra donner le plus escompté dans une lutte contre le terrorisme qui s'annonce âpre, de longue haleine et chargée de menaces et d'incertitudes. «Dans un pays comme le nôtre désormais largement exposé aux dangers d'Al Qaïda, il est inadmissible de voir le pouvoir hésiter encore à réaliser ce projet», s'étonne une source sécuritaire qui nous renvoie à «la prodigieuse réussite qu'a connue cette expérience dans des pays arabes tels que l'Algérie et l'Egypte qui, grâce à leurs services de renseignements et d'espionnage, ont pu contrecarrer la poussée de la nébuleuse intégriste sur leurs territoires». Et de préciser encore que «c'est justement en l'absence de ces services que l'Algérie, par exemple, avait essuyé de très lourdes pertes en vies humaines au déclenchement de sa lutte contre le terrorisme, avant de maîtriser la situation au lendemain de la création d'une agence de renseignements». FBI à la tunisienne Tout cela pour dire franchement que ce qui s'est passé en Algérie dans les années 90 pourrait se reproduire dans nos murs. La similitude est troublante, s'agissant du même ennemi et des mêmes particularités de la lutte. Or, pour la Tunisie, qui doit s'en inspirer, le temps n'est plus à l'hésitation, mais à une mobilisation tous azimuts qui ne laissera rien au hasard. D'où la nécessité, voire l'obligation, de créer sa propre agence de renseignements, et le plus tôt serait le mieux. Une agence appelée surtout à remplacer les actuels services de renseignements (Al Istaâlamet) dépendant des ministères de l'Intérieur et de la Défense et qui... ont fait leur temps. Des services qui, faut-il le rappeler, géraient alors «tranquillement» un dossier terroriste presque dégarni étant donné que les jihadistes tunisiens, les vrais, étaient à l'époque soit en prison, soit impliqués dans les guerres saintes en Irak, en Afghanistan, en Algérie et en Tchétchénie. Rien à voir donc avec la terrible spirale d'Al Qaïda qui plane aujourd'hui sur le pays. De surcroît, l'émergence d'une agence tunisienne de renseignements sera entièrement consacrée à la lutte contre le terrorisme, autrement dit à la défense de la sûreté nationale. Une agence dont l'efficience et l'utilité dépendent de plusieurs conditions incontournables dont notamment: 1 — La mise en place de services opérationnels 24 heures sur 24. 2 — La mobilisation d'unités spéciales promptes à intervenir à tout moment. 3 — L'enrôlement de compétences nationales dans les domaines des télécommunications, de l'informatique et de la collecte des renseignements. 4 — Le recrutement de taupes et d'indics pour mieux... infiltrer les rangs des terroristes. 5 — La synchronisation des efforts avec les ministères concernés (Défense, Transport, Santé, Affaires religieuses et Affaires étrangères). 6 — Le renforcement de l'action commune avec les pays frères et amis. 7 — L'imposition d'un suivi de tous les instants. 8 — La nécessité de s'inspirer de l'exemple incomparable de l'agence de renseignements américaine FBI dont les exploits retentissants ne sont plus à démontrer en matière de défense du territoire US. Aurons-nous, nous aussi, notre propre FBI à la tunisienne? Wait and see.