Par Zouheir El KADHI La Tunisie est un pays faiblement doté en ressources énergétiques, contrairement à plusieurs pays dont ses voisins, l'Algérie et la Libye. La hausse des cours du pétrole brut observée au cours de ces dernières années a alarmé les opinions publiques. Et le défi énergétique sera sans doute la préoccupation majeure des autorités dans les prochaines années. En effet, la consommation croit fortement et les ressources, si elles ne s'épuisent, deviennent de plus en plus chères alors que les énergies renouvelables ne sont pas encore prêtes à remplacer le pétrole de façon massive. Pour mesurer l'ampleur du défi énergétique des prochaines décennies, nul besoin de faire appel à des spécialistes. Il suffit en effet de consulter les statistiques énergétiques. On notera à ce sujet que la facture énergétique tunisienne qui désigne le solde financier « importations-exportations » d'énergie (pétrole, gaz, électricité, etc.) s'est élevée à 3.900 MD en 2012. La forte dépendance tunisienne aux importations d'énergies résulte principalement de deux facteurs. D'une part, la hausse quasiment continue du prix du baril de pétrole et d'autre part, la dépréciation du dinar par rapport au dollar qui renchérit davantage le coût de l'énergie importée. Une grande partie de la détérioration du solde commercial s'explique d'ailleurs par l'alourdissement de la facture énergétique. Une bonne mesure de l'évolution du «poids» de l'énergie dans l'économie tunisienne est l'intensité énergétique finale, à savoir le ratio entre la consommation finale d'énergie et le PIB (produit intérieur brut). La figure ci-après exprime l'évolution de cette intensité énergétique finale depuis 1995. Ainsi en 2012, l'intensité énergétique finale était de 161 tep/MD, autrement dit pour produire 1MD de PIB, on avait besoin ou on consommait 161 tep (tonnes équivalent pétrole), à comparer en dinars constants à l'intensité en 1995 qui était de 202 tep/MD. Si la réduction est notable, il faut cependant préciser que la Tunisie fait encore partie du groupe de pays qui ont encore aujourd'hui l'une des intensités énergétiques la plus élevée. Ainsi, et même si personne ne peut prédire ce que sera le paysage énergétique dans les années futures, nous devons mener aujourd'hui un débat et fixer une stratégie énergétique nationale qui établira les orientations de la politique énergétique avec des objectifs chiffrés précis, ambitieux mais réalisables. Comme la plupart des pays importateurs, la Tunisie doit assurer sa sécurité énergétique, favoriser une exploitation rationnelle de ses ressources et développer les énergies renouvelables. Un tel débat doit s'établir en prenant compte d'un contexte de prix à la hausse. En effet, une stratégie doit s'inscrire dans un contexte de prix des énergies en hausse. La demande mondiale en énergie ne cesse d'augmenter, alors que les réserves prouvées demeurent limitées. A terme, la stratégie doit être concentrée sur les axes suivants : La sécurité d'approvisionnement énergétique : les autorités devraient s'employer à assurer une sécurité d'approvisionnement énergétique de long terme. L'amélioration de l'indépendance énergétique : pour réduire la dépendance énergétique de la Tunisie, il n'y a d'autres choix que de promouvoir les économies d'énergie et d'investir dans les énergies renouvelables. En effet, ces énergies assurent un approvisionnement fiable à long terme. La promotion des économies d'énergie : les autorités doivent créer des crédits d'impôt en faveur des économies d'énergie et des énergies renouvelables.