La récente diffusion de vidéos des soldats assassinés et égorgés au mont Chaâmbi sur la chaîne nationale a provoqué une grande polémique suscitant l'indignation de plusieurs observateurs, dont le parti du Congrès pour la République (CPR). En effet, dans un communiqué publié hier, le secrétaire général du parti a critiqué le rendement dudit organe de presse, appelant au limogeage de sa première responsable pour avoir transgressé les lois organisant la profession. De là, la question est de savoir si un politicien est en droit de critiquer le rendement d'un organe de presse, allant même jusqu'à appeler au limogeage de sa présidente-directrice générale. Eclairage du membre de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), Hichem Snoussi. Comme l'entend M.Snoussi, un parti politique, tout comme le reste des composantes de la société tunisienne, a le droit d'exprimer son point de vue quant à un contenu médiatique ou à une émission journalistique. Toutefois, il ne lui revient en aucun cas de décider des mesures à prendre dès lors qu'il s'agit d'un dépassement ou d'un manquement professionnel. Car cette tâche relève, selon lui, du champ d'investigation de l'institution y afférente, à savoir la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle. Dans la même optique, le même interlocuteur fait observer que la Haica a joué pleinement son rôle suite à la diffusion sur des chaînes télévisées des vidéos choquantes des dépouilles des martyrs de la patrie. Ce, en appelant les comités de rédaction à respecter la déontologie professionnelle et la dignité humaine lors de la couverture d'événements sanglants. « Ces règles sont précisées dans l'article 5 du décret-loi 116 de l'année 2011 ainsi que dans le pacte international des droits civiques et politiques du 16 décembre 1966. Et tous les organes de presse sont appelés à en tenir compte d'une manière rigoureuse ». Des difficultés à aplanir et des nominations à réviser S'attardant sur le rôle à jouer par la Haica pour lutter contre les nombreux dépassements professionnels de certains organes de presse depuis la révolution du 14 Janvier, M.Snoussi fait observer que les difficultés auxquelles fait face l'institution concernée affecte significativement l'efficacité de ses interventions. « Figurez-vous que l'on vient juste d'avoir un local. C'est aujourd'hui même qu'on vient de l'avoir (Ndlr :hier). La Haica n'a également pas de budget. Pourtant, elle essaye d'accomplir sa mission avec les moyens du bord ». Abondant dans le même sens, le membre de la Haica souligne que le vide institutionnel a généré l'apparition illégale de plusieurs télévisions et radios. Ce qui a compliqué davantage le travail de la Haica puisque ses neuf membres sont dans l'impossibilité de contrôler toutes les défaillances techniques et professionnelles. « Face à la poussée comme des champignons de nouveaux médias, nous avons demandé le recrutement de 20 personnes pour assurer la tâche de contrôle. Mais la réclamation a été complètement ignorée. Comment voulez-vous donc qu'une institution en panne de moyens et d'outils de travail les plus élémentaires parvienne à accomplir convenablement sa tâche ? », s'interroge-t-il. Revenant sur le rendement de certaines entreprises de presse publiques, le même interlocuteur met en cause les nominations faites d'une manière unilatérale à la tête de ces médias. Pour lui, de l'allégeance politique vient le mal. C'est que du moment que la direction générale intervient dans la rédaction et en l'absence de conseils de rédaction autonomes et interactifs, la médiocrité de la matière médiatique et les calculs personnels et politiques deviennent choses courantes. D'où la nécessité de pallier le vide institutionnel et de réviser les nominations tout en composant avec les parties compétentes.