La saison des soldes vient, enfin, de démarrer, au grand bonheur des commerçants et des férus de shopping. Du 15 août au 30 septembre, la plupart des vitrines afficheront des remises allant jusqu'à 50%. Cette pratique commerçiale, censée liquider les pièces déclassées des vieilles collections, sera probablement l'ultime solution pour sauver, un tant soit peu, une saison commerçiale des plus moroses. Il est 12h30 en ce jeudi 15 août. Les boutiques de prêt-à-porter et des chaussures ont déjà collé les affiches signalant la période des soldes. Plus qu'informatives, les remises affichées en grand format jouent un rôle incitateur, appelant les consommateurs à dénicher un article de qualité à un prix compétitif. « Il était grand temps de démarrer les soldes estivaux surtout après une saison bien ratée. Il faut dire que l'activité commerciale a quelque peu repris il y a à peine trois jours. Durant la période de l'Aïd, nous avons procédé à des remises à la caisse dans l'espoir d'encourager les clients à faire du shopping, en vain», indique Mme Baccouche, commerçante. Au premier jour des soldes, les commerçants accueillent une clientèle au nombre limité par rapport aux saisons des soldes précédentes. Dans une boutique pourtant de marque, seule une poignée de six clientes semble bien déterminée à profiter des soldes. Rim examine les tuniques, les panta-chevilles et les sandales. Elle se réjouit des soldes comme d'un cadeau tant attendu. « J'ai toujours eu le réflexe de profiter des périodes des soldes surtout durant les quelques premiers jours où les tailles et les pointures sont disponibles à coup sûr. Cette année encore, ajoute-t-elle, les opportunités sont plus grandes pour les clients. Le choix est immense et inclut jusqu'aux nouvelles collections». Nouvelle collection: déjà soldée! La plupart des commerçants ont, effectivement, préféré profiter des soldes pour liquider une marchandise non vendue. C'est le cas, par exemple, de Mme Baccouche qui procède déjà aux remises de 50%. «Ces remises concernent aussi la nouvelle collection. L'essentiel, c'est de vendre la marchandise, de pouvoir assurer les charges et de permettre également aux clients de se réjouir des soldes», souligne-t-elle sur un ton dénotant un sacrifice consenti. Pour Mme Nabiha, autre commerçante de prêt-à-porter féminin, solder la nouvelle collection n'est pas une bonne idée. « Les soldes constituent la solution appropriée pour liquider des pièces déclassées, notamment des articles dont les tailles ne sont pas toutes disponibles. La nouvelle collection, par contre, est restée intacte, cette année. Et puis, la saison estivale est assez longue pour permettre aux commerçants de vendre leurs marchandises et de gagner suffisamment d'argent pour combler leurs charges», explique-t-elle. Partant de cette logique, cette commerçante n'affiche qu'une réduction de 20% sur les articles déclassés. « Nous déciderons par la suite de la fouchette des remises à appliquer, selon notamment le rythme des ventes», ajoute Mme Nabiha. Pour Hanène Sassi, gérante d'une boutique, les soldes permettront probablement de sauver un tant soit peu une saison jusque-là bien ratée. En effet, avant l'assassinat de Mohamed Brahmi, l'activité commerçiale suivait un rythme quasi normal. Mais à partir du 25 juillet, tout a été chamboulé. « C'est la tristesse collective et la crainte de manquer d'argent et de denrées alimentaires qui avaient pris le dessus sur la joie de vivre, ce qui est tout à fait compréhensible d'ailleurs», fait-elle remarquer. Mme Baccouche confirme cette idée et avoue qu'il lui est arrivé de ne rien vendre la journée durant. Si certains montrent du doigt le contexte politique comme étant le principal responsable de la stagnation commerçiale, d'autres analysent la situation d'un point de vue purement économique. Sofiène est un jeune Tunisien qui s'inquiète pour la situation économique et commerciale. « Comment un Tunisien pourrait-il profiter des soldes alors que le pouvoir d'achat ne cesse de dégringoler? Aujourd'hui, les pères de famille ne parviennent plus à joindre les deux bouts surtout avec la flambée des prix des produits alimentaires, les factures bien salées et autres nécessités. Auront-ils de quoi profiter des soldes?! D'un autre côté, les commerçants — qui sont également des citoyens — sont dans le besoin de vendre leurs marchandises et d'assurer leurs revenus. Dur dilemme économique..», indique-t-il.