La formidable explosion démographique, industrielle et touristique n'a pas empêché les Mahdois de rester stoïquement attachés à leurs terres. Le passé éclaire ainsi le présent et... illuminera le futur Décidément, les temps ont changé à Mahdia. Hier territoire perdu et à vocation agricole, la ville est devenue une vraie métropole, particulièrement au cours de la dernière décennie qui a coïncidé avec le déclenchement d'une formidable explosion démographique, industrielle et touristique, qui a complètement métamorphosé la prestigieuse cité des Fatimides. Plus, pour un globe-trotter chevronné, «Mahdia peut désormais rivaliser avec les plus grandes villes côtières du pays, telles que Hammamet, Sousse et Djerba auxquelles elle n'a rien à envier dans tous les domaines, ou presque». C'est d'autant plus vrai que la récente création d'un tronçon reliant l'autoroute à la ville, via Boumerdès, a mis fin à cet indésirable calvaire qu'enduraient, jusque-là, les automobilistes pour rallier Mahdia. Un véritable parcours du combattant, quand on sait que, dans un passé récent, il fallait traverser plusieurs villes aux ruelles étroites du gouvernorat de Monastir pour y arriver. Une profonde mutation C'est au début de l'an 2000, racontent les Mahdois, que la ville s'est offert sa première opération lifting, avec la poussée de nouvelles usines, toutes industries confondues, venues renforcer celles déjà existantes. Un acquis d'autant plus précieux qu'il a stoppé net aussi bien le traditionnel exode vers la capitale que l'affolement du taux de chômage. Dans le même contexte, la cité est en train de se doter d'une zone industrielle en bonne et due forme. D'où de nouveaux postes d'emploi en vue et, par conséquent, une plus grande contribution de la région à la promotion de l'économie nationale. Romance touristique En parallèle, il nous a été donné de constater que Mahdia développe aujourd'hui une belle passion pour le tourisme. En témoignent les unités hôtelières qui continuent de pousser comme des champions. «Hier, on ne parlait pas tourisme ici», se souvient un vieux mahdois qui précise que : «Le temps où l'on se contentait de trois hôtels et d'une... poussière de touristes est bel et bien révolu». Il est vrai que l'on compte, en ce moment, quelque 12 hôtels dont trois de très haut standing, avec une capacité d'accueil totale estimée à plus de 2.500 lits. Un score qui pourrait être révisé à la hausse, avec l'achèvement qu'on dit imminent des travaux de construction d'autres unités hôtelières devant être aménagées dans la nouvelle zone touristique. Et dire que tous les hôtels de la ville affichent, en ce moment, un superbe et inédit surbooking. «On n'a jamais vu ça, par le passé», jubile Houcine Mhemdi, réceptionniste à l'hôtel El Mehdi, qui impute cette affluence record à «l'excellente qualité des services fournis à nos clients, à un bon accueil et à la diversité des prestations administrées dans les domaines de l'animation et de la gastronomie». Et ce n'est pas un hasard si, en sillonnant les artères de la ville, on croise des groupes de touristes de différentes nationalités, occupés à faire leur séance de shooping dans la vieille Médina qui regorge de boutiques de vente de produits d'artisanat. «Cette année, Dieu merci, on a fait le plein», avoue le propriétaire de l'une de ces boutiques, qui affirme qu'«on ne pouvait espérer mieux, à l'heure où le terrorisme frappe à nos portes et l'insécurité perdure». La grogne des taxistes Comme rien n'est parfait, Mahdia a aussi ses défauts. En effet, outre des insuffisances et carences en matière de propreté et de protection de l'environnement, la ville souffre de ces insupportables goulots d'étranglement qui constituent un calvaire quotidien pour les automobilistes. D'où l'urgence de voir la municipalité opter pour un nouveau plan de circulation qui tiendra compte de «l'étouffement» d'une cité qui croule sous le poids d'une incontrôlable explosion commerciale, allusion faite au nombre sans cesse croissant des boutiques, cafés, salles de jeux, restaurants, pizzerias et autres points de vente. Les taxistes en sont incontestablement les plus touchés. Eux qui tiennent à éviter le centre-ville, même si la clientèle n'y manque pas. A propos de ces taximen, ils ne cachent pas leur grogne, à travers moult revendications qui vont de la nécessité d'identifier des formules pouvant assurer la fluidité de la circulation, à l'augmentation du tarif du compteur, en passant par l'impératif de la saisie des fausses autorisations pour en faire bénéficier les candidats légaux qui figurent sur une longue liste d'attente. Les Sfar, Khouaja et... les sardines Mahdia, c'est aussi une belle page de l'histoire de la Tunisie. Elle qui a enfanté de grands noms qui ont laissé leur empreinte sur l'évolution du pays depuis l'ère coloniale. Rachid Sfar, Brahim Khouaja, Tahar Belkhoja y sont encore les plus célèbres, les plus aimés, pour avoir longtemps fait honneur à la capitale des Fatimides. «C'est grâce à eux, avouent les Mahdois, qu'on a commencé, historiquement, à parler de Mahdia. Et c'est également grâce à eux que des générations de jeunes Mahdois qui s'en sont inspirés, ont pu prendre la relève pour devenir des personnalités nationales de renom. Ces gens-là, auteurs d'un parcours politique héroïque, font encore notre fierté», lance Mehdi Khouaja, fils de l'ex-ministre qui était à l'origine de l'implantation dans les années 80 des bases des télécommunications en Tunisie. Même son de cloche chez son cousin Rafik, autre célébrité mahdoise, qui affirme, avec émotion, que : «Si nous sommes restés si attachés à notre ville, c'est autant par amour que par fierté. Et cette grande fidélité ne changera ni demain ni après-demain». C'est un peu pourquoi tous les hauts cadres de la ville exerçant dans la capitale passent le week-end en hiver à Mahdia. Idem pour les vacances d'été. «Rien ne vaut, lance Mehdi Khouaja, le cadre merveilleux de notre ville où les traditions le disputent au modernisme et où un plat de sardines fraîches (Ndlr: Le poisson préféré des Mahdois) dans un restaurant de la Corniche vaut beaucoup mieux qu'un dîner copieux dans un somptueux restaurant de Gammarth». Non, plus conservateurs et «in» que les Mahdois, y a pas...