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Me Dalila Ben Mbarek MsaddEk, membre du comité de défense de Zied El Héni : «Sombre journée pour la liberté d'expression et la justice» L'affaire Zied El Héni - Temoignages
«La libération provisoire du journaliste Zied El Héni, contre une caution de 2.000 dinars, a été décidée par la chambre des mises en accusation près la Cour d'appel de Tunis, hier en fin d'après-midi, ne sera effective que lundi 16 septembre, en raison de la fermeture de la poste et de l'administration, le week-end. Cette libération a été prise en raison des vices de forme et de procédure et de la décision injustifiée du juge d'instruction du 10e bureau, car le mandat de dépôt a été émis sans que le journaliste Zied El Héni ne soit auditionné. On ne lui a pas, par ailleurs, signifié les chefs d'inculpation, le juge d'instruction a refusé de nous entendre, alors que nous avons demandé le report de l'interrogatoire pour l'examen approfondi du dossier. Nous n'avons pas pris connaissance des éléments qu'il comprend — y compris le DVD contenant les propos de Zied El Héni concernant l'affaire du jet d'œuf et le communiqué du procureur de la République —. Malgré tout, nous avons informé le juge que nous étions prêts à plaider sur le fond de l'affaire, mais il a refusé. Nous avons, par conséquent, demandé que le juge soit dessaisi de cette affaire, car le jugement de Zied El Héni ne peut avoir lieu au Tribunal de première instance de Tunis; le plaignant, soit le procureur de la République, et le juge d'instruction appartenant au même tribunal. Zied El Héni est aujourd'hui en prison, alors qu'il aurait pu demeurer en état de liberté parce qu'il présente toutes les garanties nécessaires. Mais, encore une fois, le juge a refusé, nous répliquant : «J'ai émis le mandat de dépôt et je ne reviendrai pas en arrière». Ainsi des dépassements et des violations importantes de procédures ont été commis dans cette affaire. Le juge a agi sur les directives du pouvoir en place qui a un problème avec le journaliste Zied El Héni en raison de ses déclarations sur «la police parallèle». Hier, c'était vraiment un vendredi noir, non seulement pour le secteur de l'information, les médias et la liberté d'expression, mais aussi pour la justice, les avocats et les juges. Tout ce scénario émane d'une décision politique mal montée et mal manigancée. Cela d'autant que des dépassements ont été également commis par les forces de l'ordre et d'intervention rapide qui ont violenté les jounalistes, les citoyens et les avocats, notamment ma collègue Me Monia Bousselmi, carrément frappée et malmenée. Le plus aberrant c'est quand Zied El Héni a été quasiment kidnappé et emmené de force par la police. A la suite de quoi nous avons tenu une réunion immédiate afin d'évoquer les dépassements juridiques de l'affaire et les violences subies par le comité d'avocats de la défense et les journalistes. Nous avons donc décidé d'entreprendre des actions en coordination avec tous les médias et nous avons appelé tous les avocats à boycotter le juge d'instruction du 10e bureau, Zouhaïer Ben Abdallah. Nous allons discuter de cette action lors d'une réunion prochaine, en coordination avec l'Ordre des avocats. Nous allons appeler l'Ordre des avocats à se retirer du quartet qui parraine le dialogue national et à refuser de négocier avec ce gouvernement qui a commis toutes sortes de dépassements et d'exactions contre les hommes politiques, les journalistes, les avocats, les défenseurs des droits de l'Homme et autres, et enfin à appeler à sa démission. Nous demandons au final aux juges et magistrats d'assumer leurs fonctions avec courage et d'émettre leurs jugements, loin des pressions et des directives du pouvoir, car la justice est le fondement et l'essence même de la démocratie».