Face aux menaces jihadistes sans cesse croissantes, se résoudra-t-on à cette option qui a fait ses preuves un peu partout dans le monde ? Désormais, les jours se suivent et se ressemblent dans la lutte acharnée que mène notre pays contre la nébuleuse intégriste. Celle-ci, on l'a vu, est passée dernièrement à la vitesse supérieure, sous forme d'une hausse d'une ampleur sans précédent, de ses opérations criminelles, prouvant de la sorte qu'elle n'est pas près de lâcher prise. Ainsi, pas un jour qui passe sans que les terroristes ne frappent, non sans essuyer au passage des pertes dans leurs rangs, au milieu d'incertitudes grandissantes quant à l'issue de cette guerre féroce. Dans cette intenable partie entre chat et souris, dans cet âpre combat où l'on s'acharne, des deux côtés, à répondre du tac au tac sans la moindre pitié, bien malin celui qui saura, au juste, de quoi demain sera fait, et ce que nous réserveront les jours à venir. Dire le contraire, c'est carrément occulter la réalité et c'est assurément prendre les Tunisiens pour des niais. C'est que les perspectives de cette guerre sont à la fois mystérieuses et sombres. Mystérieuses, parce que personne, absolument personne, ne connaît le nombre de ces cellules dormantes, et où elles sont confinées. Mystérieuses aussi, parce que les terroristes arrêtés, imbus de l'idéologie fanatique d'Al-Qaïda, ont cette habitude de ne pas tout dire, quelle que soit la méthode des interrogatoires qu'ils subissent. Sombres, disions-nous, dans la mesure où le mouvement de Ansar Echaria mène aujourd'hui son... bal macabre, avec l'appui de plusieurs groupuscules jihadistes de différentes nationalités sévissant dans les pays voisins. Sombres aussi, quand on sait que Abou Iyadh et ses acolytes avaient, bel et bien, échafaudé des plans diaboliques faits d'attentats, d'assassinats et de rapts visant aussi bien les édifices publics, les postes de police et de la Garde nationale, les prisons et les complexes pétrochimiques et gaziers que les intérêts occidentaux et arabes en Tunisie. Des mesures préventives insuffisantes A bien y voir, on a le vertige et on ne priera jamais assez pour que ces catastrophes ne se produisent pas. Sur le terrain, il faut se rendre à l'évidence que l'Etat... s'affole déjà, tout simplement parce qu'il a affaire à un ennemi imprévisible et aux énigmes, qu'on le veuille ou pas, pas encore élucidées. D'où la succession continue des mesures préventives prises à toutes les échelles. Les dernières en date ont sanctionné la réunion du conseil supérieur de la sûreté tenue, jeudi, au palais de Carthage et traduit par une nouvelle batterie de dispositions dont on peut notamment retenir l'intensification des descentes policières et des rafles, le renforcement de la collaboration sur le terrain entre l'armée et les forces de sécurité intérieure, l'autorisation accordée aux agents de l'ordre de conserver leurs armes à la fin du service, l'accélération de l'application des mesures incitatives (primes de risque, primes des accidents de travail...) au profit des agents de la police et de la Garde nationale, ainsi que la multiplication des appels de conscientisation à l'adresse des citoyens pour qu'ils s'impliquent davantage dans la lutte contre le terrorisme, et enfin l'augmentation des horaires de service qui passeront de 8 à 12 heures par jour. Mais tout cela est-il suffisant ? Un mal nécessaire Cependant, il se trouve que plusieurs sources sécuritaires s'accordent à dire que «toutes ces mesures préventives et incitatives ne pourront pas, à elles seules, éliminer la spirale terroriste, étant donné le long retard accusé dans la gestion de ce dossier. D'où l'impérieux besoin de solliciter l'aide étrangère». A cet égard, des cadres expérimentés et avertis, parce que depuis de longue date lancés dans la traque des jihadistes, estiment que «l'heure est venue pour ouvrir notre espace aérien aux drones américains. C'est là un ‘‘mal'' nécessaire qui reste la condition sine qua non de la victoire contre les menaces de plus en plus sérieuses des groupuscules d'Al-Qaïda». Les drones US font mouche En attendant de voir le sort de cette suggestion émanant de connaisseurs et d'experts qui, généralement, ne mâchent pas leurs mots, il convient de signaler que les drones US, véritable force de frappe de la CIA, ont mis hors d'état de nuire, jusqu'ici, tenez-vous bien, pas moins de 4.700 terroristes, a révélé récemment le sénateur américain Lindsey Graham, qui précise que cette arme sophistiquée a fait mouche, non seulement en Afghanistan et au Pakistan, mais aussi dans d'autres régions du monde. A méditer...