Les rencontres cinématographiques de Douz offrent leur écran aux films de la compétition mais aussi aux projets prometteurs. Depuis l'ouverture, les images défilent chaque jour, devant public et jury, sur l'écran de Douz Doc Days. Autant les thèmes des films de la compétition sont variés et accrocheurs, mettant la lumière sur différentes facettes du Sud tunisien, autant leur qualité est inégale. Il en résulte des débats qui portent sur le sujet traité beaucoup plus que sur la forme. Il s'agit pourtant là d'un important critère dans la sélection des films et l'attribution des prix de chaque festival. Le déroulement de Douz Doc Days nous rappelle que l'éducation à l'image a encore du chemin devant elle, surtout dans le Sud où les artisans de l'image autant que ses récepteurs semblent encore en phase d'initiation. Ils doivent déjà se réjouir de voir à l'écran des histoires qui les concernent, d'échapper à la tradition orale et aux livres d'histoire, de sociologie et d'anthropologie. D'autre part, la portée du tremplin que désire être les Douz Doc Days dépasse l'écran du festival. Les rencontres cinématographiques de Douz sont pour cette troisième édition le relais pour des festivals internationaux qui s'intéressent au cinéma tunisien. Deux parmi les membres du jury sont, dans ce sens, à la recherche de films. Le premier est Hussain Currimbhoy qui est directeur de programmation du festival international du documentaire de Sheffield en Angleterre et la deuxième est Jasmin Basic, responsable du Focus Tunisie du festival Visions du réel en Suisse. Il y aura sans doute de bonnes nouvelles pour certains réalisateurs puisque cette dernière affirme avoir vu des choses intéressantes pendant les Douz Doc Days. Ce festival, dont la prochaine édition aura lieu fin avril 2014, propose depuis quatre éditions une section intitulée « Focus », qui s'intéresse à la production d'un pays du Sud-Est. Après la Colombie, la Bosnie et le Liban, viendra le tour de la Tunisie. Jasmin Basic cherche à programmer des films tunisiens des dix dernières années. Son choix ira vers des œuvres où il y a une recherche et une implication dans la forme comme dans le fond, ainsi qu'un équilibre entre les deux. Les réalisateurs peuvent à leur tour enregistrer leurs films sur le site internet du festival jusqu'au 10 janvier 2014. Outre le panorama des films, « Focus » comporte un pitching pour cinq projets en développement ou en postproduction, en présence de producteurs, de distributeurs et de chaînes de télévision. Le pitching est une pratique courante dans les festivals internationaux, où l'on profite de la présence des réalisateurs et des bailleurs de fonds pour créer la possibilité d'une collaboration. Les différentes appellations données à cet exercice important pour les réalisateurs — qui sont souvent accompagnés par leurs producteurs pour défendre leurs films — ont fini par céder la place au terme pitching. Les rencontres cinématographiques de Douz n'échappent pas au phénomène et cinq projets ont été choisis cette année pour passer devant le jury du festival, et en présence du public. Les participants ont eu à présenter leurs idées, oralement ou par des extraits vidéo, selon l'état d'avancement du projet. Bien entendu, ils ont eu à répondre aux questions du jury. Certains réalisateurs et producteurs étaient plus à l'aise que d'autres dans cet exercice auquel ils s'étaient adonnés, pour la plupart, pour la première fois. Parmi les sujets proposés, les élections en milieu scolaire, les chants des pasteurs chameliers, le camp de Rejim Maâtoug, la communauté grecque de Djerba et les aiguiseurs de couteaux, projets appartenant respectivement à Mohamed Barrak, Mohamed Khamès Chaoued, Sabeur Gueblaoui, Issam Saïdi et Marwen Trabelsi. Ce dernier explique que les membres du jury l'ont poussé à approfondir sa réflexion sur le traitement de son sujet. Mais il regrette que le jury, composé d'étrangers, ne compte aucun membre tunisien, vu la particularité de son sujet. Pour les Douz Doc Days, le pitching n'est pas seulement un exercice puisque deux prix seront attribués par le jury : une bourse d'aide à l'écriture de mille dinars et une bourse d'aide au développement de deux mille dinars. Les prix de la compétition (Dromad'Or et prix spécial du jury pour les courts-métrages et les longs-métrages) ne tarderont pas à être révélés à leur tour.