Premiers aveux sensationnels du terroriste arrêté à Hammamet Les forces de sécurité intérieure, décidément en verve ces jours-ci, viennent de marquer un nouveau point précieux dans leur âpre face-à-face avec la nébuleuse intégriste, et ce, en procédant, vendredi, à l'arrestation de justesse d'un énième terroriste qui s'apprêtait à commettre un attentat à l'explosif dans un hôtel situé dans la zone touristique de Hammamet. Comment s'est opéré ce coup de filet retentissant ? Quelles répercussions immédiates et à long terme devra-t-on en attendre ? Le héros malheureux de cet acte criminel dira-t-il tout ? L'art d'anticiper Selon les premiers éléments de l'enquête, il est réconfortant de constater que nos forces de sécurité intérieure ont, cette fois-ci, fait preuve d'un véritable professionnalisme qui tranche avec l'hésitation et la précipitation qui leur ont coûté cher lors de leurs dernières descentes «sans». En effet, dans cette affaire de Hammamet, nos policiers sont allés droit au but, en exploitant judicieusement et intelligemment des informations sérieuses recueillies quelque part dans la région, et faisant état de mouvements suspects d'un intrus appartenant à l'aile jihadiste d'Ansar Echaria et qui aurait l'intention de perpétrer un attentat dans un hôtel huppé situé dans la zone touristique. Une fois la crédibilité des informations vérifiée, un convoi d'agents de police et de la Garde nationale démarra, à l'heure «H», tel un bolide, en direction de la cache du suspect. L'effet surprise fut d'autant plus rapide que ce dernier, déconcentré et pris au piège, fut contraint de se rendre sans la moindre opposition. Les armes en sa possession, en l'occurrence des explosifs dissimulés dans un sac, seront saisies. Passant aux aveux, il s'est avéré que le suspect, âgé de 26 ans, n'est autre qu'un membre du réseau jihadiste d'Ansar Echaria qui l'a chargé d'une sale besogne, sous forme d'un attentat à l'explosif dans un établissement hôtelier de la région, dans le cadre d'un plan visant plusieurs autres hôtels situés aussi bien dans le gouvernorat de Nabeul qu'à l'intérieur même du pays. Selon d'autres sources policières, ledit terroriste pourrait détenir une mine d'informations qu'il continue «héroïquement» de taire dans la pure tradition d'Al Qaïda. Cependant, les premières séances d'interrogatoire qu'il a subies jusqu'à présent n'ont pas écarté l'hypothèse de l'existence au Cap Bon d'une cellule dormante d'Ansar Echaria qui chapeaute les mouvements des jihadistes dans la région. Pour un vieux expert en matière de renseignements, cette hypothèse est à prendre très au sérieux, d'abord parce que les réseaux terroristes de par le monde ont l'habitude de «décentraliser» leurs activités, par pôles régionaux interposés, ensuite parce que ces réseaux, jusqu'ici concentrés dans les montagnes, ont achevé d'urbaniser leurs actions et enfin parce que cet attentat avorté in extremis à Hammamet fait, sans doute, partie des plans d'attentats projetés par Abou Iyadh dans les édifices publics, les grandes surfaces, les postes de police et de la Garde nationale, les prisons, les casernes et contre les intérêts occidentaux. Reste maintenant à savoir si la cellule dormante du Cap Bon sera torpillée, avant qu'elle ne fasse mouche. A nos enquêteurs de jouer.