Par Hella LAHBIB Fait nouveau dans l'opération de Oued Ellil : l'implication massive des femmes. Six femmes, deux hommes et deux enfants en bas âge ont été les acteurs d'une tragédie d'horreur qui a tenu en haleine le pays pendant plus de vingt-quatre heures. Huit adultes suicidaires, retranchés derrière des murs et prêts à tout, après avoir été encerclés par les forces spéciales, ceci les Tunisiens l'ont compris. Mais tout devait être fait pour sauver les enfants. Ils l'ont été. Merci à ceux qui ont exposé leurs vies pour sauver celles de ces innocents sans défense ! Bilan de l'assaut : six morts, cinq femmes et un homme. A l'heure où nous mettions sous presse, un enfant est sain et sauf, mais le deuxième est toujours hospitalisé. Un mort est à déplorer parmi les forces spéciales, bien avant de donner l'assaut. Achraf Ben Aziza, le sergent martyr de 25 ans, membre de cette unité d'élite, a été abattu par les terroristes les premières heures de l'opération. Enseignement à tirer de cette opération d'envergure : le fait d'être femme ne donne pas droit à un traitement spécial. Ces femmes sont responsables de leurs actes et leurs actes sont extrêmement lourds. Elles ne se sont pas trouvées au mauvais endroit, au mauvais moment, mais ont pris les armes et se sont inscrites dans des actes de guerre. Elles enrôlent des femmes et des hommes pour des actions similaires et font partie de réseaux d'envoi de Tunisiens et Tunisiennes en Syrie, à travers la Libye. Elles mêmes avaient l'intention de s'y rendre. Après vingt-huit heures de négociations, et malgré l'insistance et la patience des agents spéciaux, malgré les médiations tour à tour des proches parents, leur imploration à travers les haut-parleurs, notamment celle du mari de l'une d'elles, père des deux enfants, rien n'est venu à bout de l'obstination criminelle de ce groupe terroriste, kamikaze à ses heures. Sous réserve des résultats de l'enquête et en se basant sur les éléments fournis par le ministère de l'Intérieur, la mère des enfants ne s'est pas pas attendrie, et n'a pas fléchi, ni obéi à son mari — selon leur vision —, mais a préféré sacrifier ses propres gamins que de les laisser partir et leur sauver la vie. C'est dire la cruauté de ces gens, la profondeur du réservoir de haine qu'ils ont accumulé, l'étendue du lavage de cerveau qu'ils ont subi. Exposer la vie de ses propres enfants ou celle des autres, les transformer en bouclier humain, c'est au-delà du cruel. C'est inhumain. Les actes des terroristes perpétrés sur le sol national, ou ailleurs en Syrie et en Irak, au quotidien, montrent bien qu'ils ont été déshumanisés, effectivement. Le constat est effroyable. Mais, en arriver là, chez nous, est un drame pour la Tunisie, pour les Tunisiens et pour les familles concernées. Maintenant, invoquer les théories des droits de l'Homme, essayer de toucher l'opinion par la présence de femmes et d'enfants, comparer le nombre de morts, serait une instrumentalisation honteuse. D'abord, parce que le bilan dans ce genre de cas n'est jamais arithmétique. Ensuite, toute la Tunisie est menacée. Un seul terroriste peut entraîner la mort de dizaines, de centaines de victimes. Et tenter de courtiser l'électorat sympathisant de ces thèses, à la veille du scrutin, est tout simplement déshonorant. Le mot de la fin, qui résume toute cette opération, c'est bien « détermination ». Détermination des forces spéciales, à saluer avec insistance et reconnaissance. L'Etat a montré qu'il y a une ligne rouge à ne pas dépasser, sinon il est dans son droit de sévir. Il a sévi. Quant aux Tunisiens, en proclamant unanimement que la Tunisie passe avant tout, ils sauront par la force de leurs voix sanctionner tous ceux qui sont responsables de ce lourd héritage. H.L.