«De cette tribune, j'appelle les forces démocratiques centristes à s'unir et à présenter un candidat unique à la présidentielle». C'est ce qu'a déclaré en substance Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général d'Ettakatol et candidat à la présidentielle, au cours d'une conférence de presse, décidée à la hâte et tenue hier au siège de son parti. Il a également appelé les anciens militants notamment Ahmed Mestiri et Mohamed Ben Salah à ne pas se taire en martelant : «Ces personnalités historiques n'ont pas le droit de se taire». Et d'appeler également d'autres figures politiques ayant milité contre la dictature et la répression du régime déchu à se rassembler et à s'unir pour entamer un dialogue «afin d'éviter la bipolarisation et le déséquilibre politiques». Et d'ajouter : «J'invite nommément Moncef Marzouki, Néjib Chebbi, Mohamed Abbou, Ali Romdhane, Brahim Hayder, Mohamed El Hamdi, Raouf Ayedi et Maya Jeribi, bien qu'elle ne soit pas candidate à la présidentielle, mais en tant que militante femme appartenant à la famille démocratique, à se réunir dans les 48 heures et au plus tard dans les 72 heures, cela avant la fin de la semaine. Car, la famille démocratique centriste doit être présente dans les institutions du pouvoir d'autant qu'elles seront absentes de la future Assemblée des députés du peuple. La prochaine élection présidentielle offre une occasion aux figures militantes pour œuvrer à gommer le déséquilibre politique et construire un pôle qui pourrait s'ancrer et poursuivre l'œuvre de la construction démocratique». Le président d'Ettakatol a rappelé «que les urnes ont dit leur mot. Or, le peuple nous a sanctionnés, a-t-il précisé, parce que nous n'avons pas uni nos forces. Chacun d'entre nous s'étant empêché de faire des concessions et de proposer une alternative. Nous avons tenté de nous unir, mais chaque parti a cru pouvoir gagner seul les élections. D'où le message envoyé par le peuple qui refuse notre dispersion. Notre devoir nous impose d'écouter ce message et de nous rassembler avant l'élection présidentielle». «Je suis prêt à me désister...» Il a par ailleurs déclaré que les résultats des élections «ont constitué un choc pour Ettakatol et pour le reste des partis sociaux-démocrates». Tout en affirmant qu'«il accepte les résultats des élections». Ben Jaâfar a exprimé son étonnement de voir des militants et des figures qui ont tant œuvré au sein de l'ANC pour l'élaboration de la Constitution et des institutions démocratiques, tels Samir Taïeb, Mohamed Hamdi, Maya Jeribi, Selma Baccar, Nejla Bouriel, Issam Chebbi, Fadhel Moussa, sanctionnés de cette manière, siphonnés par la bipolarisation et par des élections détournées qui se sont focalisées sur des questions identitaires et non sur les programmes de chaque parti». A propos de la demande de Béji Caïd Essebsi à Marzouki et à lui-même de démissionner de leur poste, il a riposté qu'il s'agit-là d'une demande «infantile», surtout de la part d'une personne qui aspire à un poste de grande responsabilité, déplorant «la légèreté avec laquelle Caïd Essebsi parle d'institutions telles l'ANC et l'Instance vérité et dignité». Enfin, à une question de La Presse de savoir s'il accepte de se désister en faveur d'un autre candidat parmi ceux qu'il a nommés, Mustapha Ben Jaâfar a répondu par la positive. «Oui, car c'est là le sens de notre appel à un dialogue urgent entre les forces démocratiques centristes qui se doivent de relever le défi». Le secrétaire général d'Ettakatol s'est dit, par ailleurs, «pour un gouvernement d'union nationale, même si on ne demande pas à en faire partie». Ben Jaâfar n'a pas omis de féliciter le peuple tunisien qui a résisté, malgré les crises connues lors de la période transitoire, et qui n'a pas vu nombre de ses aspirations réalisées. Il a également félicité les vainqueurs des élections, les constituants de l'ANC et remercié les principales figures du Dialogue national ainsi que les membres de l'Isie. Mohamed Hamdi : «Pourquoi pas ?» Interrogé par La Presse sur l'éventualité de la présentation d'une candidature unique pour la présidentielle par les forces démocratiques, Mohamed Hamdi, président de l'Alliance démocratique et candidat à la présidentielle, a répondu : «Pourquoi pas».