Autant nos femmes et filles débordent de dynamisme, autant nos jeunes garçons sont dans une sorte de léthargie et sont complètement absents des grands rendez-vous qui engagent l'avenir du pays et le leur. Les dernières élections comme celles de 2011 nous donnent la preuve de l'abandon du terrain par une frange importante de la société sur qui pèse la construction de la Tunisie nouvelle Cela se confirme de jour en jour, les jeunes et plus précisément les garçons sont très loin d'être motivés pour la chose publique qui paradoxalement les concerne de près. Ils se font remarquer par leur absence aux grands moments et lors des événements qui engagent l'avenir du pays ainsi que le leur. Pourtant, ils avaient pris une part très active au soulèvement 2010/2011. Ils étaient de tous les combats pendant les premiers mois consécutifs à la chute de l'ancien régime, mais au fil du temps ils ont déchanté pour complètement déserter la scène. Un constat vérifié lors des élections du 23 octobre 2011, et qui s'est poursuivi au cours des trois dernières années. Leur tort est d'avoir très vite décroché et désespéré pour laisser le champ libre aux moins jeunes, dont la mobilisation n'a pas baissé pour, en fin de compte, occuper tout l'espace politique, médiatique et social. Pourtant, cette jeunesse avait de quoi se faire prévaloir pour faire entendre sa voix et influer sur le cours de l'histoire. Autre phénomène marquant de ces années de troubles, la grande motivation de la gent féminine qui a entraîné une grande mobilisation, surtout dans les moments cruciaux qu'a vécus le pays. Ce sont ces mêmes femmes, lors du sit-in du Bardo, qui avaient, à l'occasion de leur marche nocturne en direction du siège de l'ANC, mis la pression sur les constituants pour qu'ils révisent la copie de la Constitution. Mesurant à sa juste valeur le danger que ferait peser ce texte sur les acquis de la femme, elles ont décrété la mobilisation pour faire reculer les représentants du peuple afin qu'un nouveau texte tourné vers l'avenir et non le passé soit débattu et voté. Grâce à la gent féminine C'est désormais une certitude, les femmes ont mis dos au mur les hommes surtout ceux d'entre eux nostalgiques d'un passé révolu. Jeunes et moins jeunes, elles ont bousculé le carcan du conservatisme rétrograde qui a refait surface après les grands événements de 2010-2011. Elles ont toutes résisté pour défendre le modèle de société qui a toujours été le nôtre, un modèle qui n'exclut personne et où tout le monde a sa place sans discrimination de quelque ordre qu'elle soit. Elles ont par leurs actes héroïques sauvé une première fois le pays. Mais leur combat a continué en prévision des échéances électorales dont celle qui a eu lieu le 26 octobre 2014. Elles étaient plus nombreuses que les hommes à aller voter et donner de la voix. La mobilisation au sein des jeunes femmes était très importante, alors que chez les hommes, elle était insignifiante. Ces derniers pour la plupart des lève-tard ont préféré la grasse matinée au devoir d'aller choisir leurs représentants dans le futur parlement. Les rares d'entre eux, qui sont allés voir du côté des centres de vote constatant les longues files d'attente, ont rebroussé chemin pour ne plus revenir sur les lieux. Il ont comme à l'accoutumée rempli les terrasses des cafés avec leurs portables à touches à la main ! Décevant spectacle que celui dont nous avons été témoins, où ces jeunes dont l'avenir était dans la balance se faisaient remarquer par un comportement irresponsable, navrant. Pourtant, ces élections étaient on ne peut plus cruciales pour le futur de la Tunisie. Politiques, certes, ces élections sont importantes dans la mesure où il y va du choix de la société que nous voulons. Il fallait choisir entre un modèle tourné vers l'avenir et un autre attaché à un passé lointain. Les femmes, jeunes et moins jeunes, ont saisi la gravité du moment, les hommes d'un certain âge aussi ont compris qu'il fallait voter. Les jeunes garçons ont pris le sens contraire. Cela explique d'ailleurs la moyenne d'âge des dernières élections qui est assez élevée et le fait que la majeure partie des votants avaient 50 ans et plus ! Ce sont elles avec cette majorité féminine agissante qui ont redressé la courbe et remis les pendules à l'heure afin que les cinq prochaines années soient celles du vrai décollage tant sur le plan politique, économique que social et pour que la Tunisie préserve une fois pour toutes son modèle de société ouvert sur tout ce qui est progrès et modernité, pour que la femme, tant décriée et vouée aux gémonies pendant ces trois dernières années faites d'angoisse et d'intimidation, demeure un élément moteur dans la construction de ce pays et garde la place qui lui revient de droit. La femme élément-moteur ! Grâce aux vaillantes dames et demoiselles, la Tunisie a retrouvé son équilibre, sans exclusion aucune pour quiconque veut vivre sous son ciel radieux dans le respect des lois qui régissent les rapports entre ses habitants. Grâce à elles, la Tunisie avancera davantage sur la voie de la modernité. Je le dis et je le répète, la principale actrice du renouveau de ce pays sera la femme. N'en déplaise aux machos, c'est elle qui sera aux commandes pourvu qu'elle fasse preuve de plus de pugnacité, car elle est majoritaire dans le domaine du savoir. Depuis des années, la courbe des admises à l'examen du bac est ascendante. Au cours des trois dernières années, le pic fut atteint avec un taux de plus de 62% du total des admis. Et les garçons dans tout cela ? Ils cherchent à griller les frontières ou ils se la coulent douce aux dépens du labeur de leurs parents. Ils deviennent de plus en plus improductifs et négatifs. Ils s'installent dans une sorte de fatalisme et de défaitisme qui n'a aucune raison d'être. C'est vrai qu'il y a beaucoup de chômage chez ces jeunes, autant de déception aussi, mais cela ne doit nullement signifier qu'on doit accepter son sort avec résignation. Loin s'en faut car ce moment historique en vaut la chandelle et autorise tous les espoirs en dépit des nombreuses embûches qui cherchent à entraver la marche du pays. Et c'est aux jeunes d'arracher ce droit qui leur revient. Celui d'être à l'avant-garde de la contestation, du choix de société, du choix politique, du choix de la représentation dans toutes les instances. Ils n'ont pas le droit de rester passifs ou de reculer, surtout devant tout ce qui engage leur avenir. Les femmes et les filles ont montré la voie et ont réussi dans leur entreprise, pourquoi ne pas faire comme elles pour avoir sa place au soleil et participer à l'édification de ce pays qui a besoin de l'énergie de tous, surtout des jeunes dont le futur est en jeu.