La Ligue des cités cananéennes, phéniciennes et puniques, organe de l'Association internationale de sauvegarde de Tyr, dont la Tunisie est un membre à part entière, tenait récemment son cinquième forum en Grèce, au Musée archéologique du Pirée. La Tunisie, dont les côtes sont émaillées de comptoirs phéniciens, et dont plusieurs municipalités adhèrent à cette ligue qui compte cinquante villes du bassin méditerranéen, participait en bonne place à ces travaux. Un thème avait été choisi pour cette cinquième rencontre placée sous le double patronage du ministère grec de la Culture et du Sport, et de la Commission grecque de l'Unesco : «La route de l'alphabet : Héritage et défis en Méditerranée». D'éminents chercheurs, archéologues, scientifiques, politiciens, diplomates tunisiens, grecs, libanais, français, italiens, espagnols, portugais, belges et italiens participaient à cette rencontre ainsi que de nombreux maires de villes de la ligue. Au milieu des vestiges millénaires du musée archéologique du Pirée, on allait évoquer les héritages que nous lègue la Mare Nostrum, mais aussi les défis qu'elle nous offre. Les débats étaient ouverts par Madame Rodi Kratsa, vice-présidente du Parlement européen, Madame Angela Gkerekou, vice-ministre grecque de la Culture et du Sport, et M. Hervé de Charrette, ancien ministre français des Affaires étrangères. Une première session consacrée à la culture et à l'éducation évoquait l'évolution «De l'alphabet phénicien à l'ère du digital». Elle était suivie par une session culture et tourisme, et présentait «un voyage à travers le temps : cités méditerranéennes». Une session consacrée à l'artisanat s'attachait à éclairer «Le mystère de la pourpre». Enfin, le dernier débat sur l'environnement marin posait la question : «Pollution et dégradation : quelles mesures prendre?». Parmi les participants aux travaux, on notait la présence de nombreuses sommités scientifiques : Dr Eric Gubel, du Musée royal d'art et d'histoire de Bruxelles, à qui l'on doit plus de 150 publications sur la civilisation phénicienne. Le docteur Issam Khalifeh, archéologue libanais, spécialisé dans l'histoire des langues anciennes. Le docteur Françoise Briquel Chatonnet, directeur de recherches au CNRS. Le professeur José Maria Gener Bassalote, archéologue de Cadix. Madame Maria Romanou, directeur du développement touristique, et architecte spécialisée dans la restauration et la conservation de sites et de monuments anciens. Concluant les travaux de ce Forum, la présidente de la Ligue, madame Maha Chalabi, déclarait : «L'écriture alphabétique ne vieillit pas par-delà les millénaires. C'est un élément stable dans un monde instable. Cette écriture traduit la diversité culturelle dans toute sa richesse et demeure une référence commune». Elle annonçait également les deux projets phares de la ligue, tous deux en cours de réalisation : la création d'un institut de recherche sur les époques cananéennes, phéniciennes et puniques, et la création d'un village artisanal du nom d'Ashtart. Parallèlement aux travaux du Forum, deux événements importants se déroulaient : la réunion de treize mairies autour du maire d'Athènes, qui débouchait sur «La déclaration d'Athènes» qui instaure les bases d'un programme d'échanges et de collaboration à travers la Méditerranée. Et la décision, par le comité scientifique de la Ligue, de créer un musée virtuel des sites et objets phéniciens dans le monde.