Quatre solos et deux créations ont été au programme d' « Automne danse », qui tente depuis 2009 de devenir international. Les 7 et 8 novembre, la salle le Mondial a accueilli une nouvelle édition d' « Automne danse ». Cette manifestation qu'organise le chorégraphe Imed Jemaâ depuis 2009, devient, année après année, un symbole du combat de la danse et des danseurs en Tunisie. Imed Jemaâ nous affirme, en effet, que le ministère de la Culture subventionne les spectacles de danse, mais pas encore les manifestations qui lui sont dédiées, ni même les structures. Le danseur se retrouve à gérer tout seul son centre chorégraphique méditerranéen, créé aussi en 2009. Le centre et le festival sont, depuis leurs créations, itinérants. Pour le premier, c'est un choix prémédité, « afin que les jeunes chorégraphes rencontrent des publics différents », nous explique Imed Jemaâ. « Automne danse » est passé par Le Kef, Djerba et différentes salles à Tunis. Quant au centre chorégraphique, il est désormais sis au Mondial, après quatre années de résidence à Mad'art. Imed Jemaâ rêve de lancer un festival tunisien, avec un financement tunisien et des artistes qui ont choisi de vivre ici. « De nombreuses compagnies internationales sont prêtes à venir », nous assure Imed Jemaâ mais, chaque année, le festival est fait avec les moyens du bord. « Nous devons marquer le coup et montrer au ministère que la manifestation continue », déclare le chorégraphe. Dans la programmation d' « Automne danse », il livre la scène à des danseurs professionnels, qui ont entamé leur carrière au centre chorégraphique méditerranéen. « Ce sont des jeunes qui ont choisi de faire de la danse leur métier et leurs créations sont subventionnées par le ministère de la Culture », explique Imed Jemaâ. Pour lui, ces danseurs ont le mérite de travailler dans des conditions précaires et œuvrent, malgré tout, à faire avancer la danse, en Tunisie. Mais le plaisir de danser et de créer est toujours là. Pour le public, « Automne danse » 2014 a proposé, sur les deux jours, 4 solos et deux pièces : Hasra de Marwen Errouine, Kifinek de Amel Laâouini, Etat de Imed Jemaa, Vertige de Malek Zouieidi, Ch'hili de Kaïs Boularès et Marrara de Mohamed Chniti. Le public « est venu nombreux malgré le mauvais temps », se réjouit Imed Jemaâ. Les jeunes danseurs ont exploré des thèmes très différents, entre révolution, désarroi de la jeunesse tunisienne et questionnements intérieurs et existentiels. « Leurs visions sont intéressantes et spéciales, même dans la mise en scène », décrit le chorégraphe. Sa persévérance finira peut-être par payer. Il affirme avoir un accord de principe de la part du ministère pour contribuer au financement de la prochaine édition. « Mais il faut que l'argent soit versé l'avance », précise-t-il. Et de finir : « Sinon, il y aura encore un Automne danse avec les moyens du bord. Mais je ne lâcherais pas prise. Jusqu'à ce que l'Etat tunisien reconnaisse et soutienne la danse ! ».