Imed Jemaâ, concepteur de cet évènement, s'y accroche malgré toutes les difficultés. Il vient d'organiser la nouvelle édition de son festival qui a fait salle comble. Avant la naissance d'«Automne danse», le chorégraphe Imed Jemaâ avait tout essayé, depuis plus d'une dizaine d'années, pour donner vie à son rêve : le centre chorégraphique méditerranéen. En l'absence de soutien de la part des autorités, il a fini par concrétiser ce rêve avec les moyens du bord. Son centre a été accueilli par l'espace Mad'art où Raja Ben Ammar, fervente défenderesse de la danse, y a cru et continue de fournir gratuitement scènes et salle de répétition. Depuis 2009 Imed Jemaâ forme de jeunes danseurs et chorégraphes. Ensemble, ils créent des performances qu'ils présentent, par la suite, au public, une fois tous les mois. Quand les élèves du centre ont commencé à voler de leurs propres ailes et à créer leurs chorégraphies, il leur fallait une plateforme pour montrer leurs travaux. C'est ainsi qu'«Automne danse» a été lancé. La première édition a eu lieu en 2009 au centre d'arts dramatiques et scéniques du Kef, suivie par «Danse à l'île» où les danseurs se sont déplacés à Djerba. L'itinérance de ce festival est une caractéristique à laquelle Imed Jemaâ tient énormément. Cela permet aux danseurs d'aller à la rencontre d'un public différent, de développer leurs visions artistiques, et de s'inspirer de la vie des gens. A défaut de moyens, on s'est contenté d'organiser le festival à Tunis, entre le 4e art et Mad'art. L'édition 2013 a donc eu lieu à Mad'art, les samedis 14, 21 et 28 décembre. Au programme, parmi les performances, nous citons : Dyéri, Persona non grata et Salle d'attente. Des titres qui révèlent les préoccupations des danseurs, exprimées par le corps et le mouvement. Car, comme le dit si bien l'écrivain, Paul Auster : «Il faut considérer le mouvement, non comme une simple fonction du corps, mais comme un développement de la pensée». Cette phrase est motivante pour Imed Jemaâ. Elle lui donne envie de s'accrocher malgré toutes les difficultés. Le chorégraphe considère l'édition 2013 comme une réussite. «Les bourgeons commencent à fleurir et les spectacles se sont déroulés devant une salle combe et comblée. La commission d'achat du ministère de la culture qui a assisté aux représentations, a été agréablement surprise par le niveau des danseurs», avoue Imed Jemaâ. Selon l'artiste, depuis que le ministère de la culture a décidé, en 2010, d'octroyer à la danse une aide à la création, cet art a commencé à s'épanouir, traitant, dans son contenu, des thèmes et des chorégraphies plus pointus. Imed insiste sur la nécessité de créer un centre national chorégraphique, qui assurerait la continuité. D'après lui, ce centre doit être comme un laboratoire, loin de la formule classique du ballet national, avec des salles de répétition et des espaces de représentation. Quant l'«Automne danse», il se poursuit, tous les samedis à Mad'art jusqu'au mois de février. Des performances créées pour ce festival se reproduiront dans le cadre des JDC, les journées de la danse, une manifestation organisée par Mad'art. En attendant, Imed présentera, le 23 janvier au Théâtre Municipal, sa toute dernière création intitulée «Avalanche».