Plusieurs «pasdaran», les Gardiens de la révolution, figurent parmi les victimes TEHERAN (Reuters) — Au moins 28 personnes ont été tuées hier soir dans un double attentat-suicide commis près d'une mosquée de Zahedan, dans le sud-est de l'Iran, et revendiqué par les rebelles sunnites du Jundollah. Plusieurs «pasdaran», les Gardiens de la révolution, corps d'élite du régime chiite iranien, figurent parmi les victimes, rapportent des médias locaux. L'attaque a été revendiquée auprès de la chaîne de télévision Al Arabiya par le mouvement rebelle sunnite, qui la présente comme sa réponse à l'exécution le mois dernier de son chef, Abdolmalek Rigi. Dans un courriel adressé à la station basée à Dubaï, le Jundollah indique que les bombes visaient un rassemblement des pasdaran à Zahedan, dans le sud-est de l'Iran. Il précise que les deux kamikazes appartenaient à la famille d'Abdolmalek Rigi et a prévenu que d'autres opérations seraient menées, a ajouté Al Arabiya. Les bombes ont explosé devant la grande mosquée chiite de Zahedan. On compte également près de 170 blessés, selon les services médicaux. Le vice-ministre iranien de l'Intérieur, Ali Abdollahi, cité par l'agence officieuse Fars, a déclaré que «plusieurs Gardiens de la révolution iranienne ont été tués ou blessés». Les autorités ont décrété trois jours de deuil dans la province, écrit l'agence officielle Irna. Plusieurs responsables iraniens ont pointé du doigt les Etats-Unis. Pour le député Alaeddin Boroujerdi, les Américains doivent être tenus pour responsables des attentats de Zahedan en raison de leur soutien au Jundollah. «Une fois de plus, la main cruelle de l'Amérique transparaît sous les manches de mercenaires ignorants», a déclaré un religieux local, Kazem Sediqi, lors de la prière du vendredi. Le chef du Jundollah, Abdolmalek Rigi, a été exécuté par pendaison le mois dernier pour son implication dans des attentats meurtriers en Iran, pays majoritairement chiite. Rigi avait été arrêté en février, quatre mois après la revendication par le Jundollah d'un attentat qui avait fait des dizaines de morts dont 15 Gardiens de la révolution. Zahedan est le chef-lieu de la province du Sistan-Baluchistan, frontalière du Pakistan. Cette province connaît de graves problèmes de sécurité et des affrontements y opposent fréquemment la police à des trafiquants de drogue et à des bandits. En mai 2009, un précédent attentat-suicide contre une mosquée de la ville avait fait plus de 30 morts et de 120 blessés. A Washington, la secrétaire américaine d'Etat Hillary Clinton a condamné «dans les termes les plus énergiques» ce double attentat. «Cette attaque, de même que les récents attentats en Ouganda, au Pakistan, en Afghanistan, en Irak et en Algérie, souligne la nécessité qui est faite à la communauté internationale de coopérer pour combattre les organisations terroristes qui menacent la vie de civils innocents sur toute la surface du globe», ajoute-t-elle dans un communiqué. Le Jundollah, qui affirme se battre pour les droits de la minorité sunnite iranienne, est accusé par l'Iran d'entretenir des liens avec les islamistes sunnites d'Al Qaïda. Par le passé, Téhéran a également accusé le Pakistan, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis de soutenir le Jundollah pour créer de l'instabilité dans le Sud-Est. Les trois pays ont rejeté ces accusations. «Les aveux d'Abdolmalek Rigi démontrent que l'Amérique, Israël et plusieurs pays européens sont directement impliqués dans ces attentats», a affirmé Yadollah Javadi, un des responsables des Gardiens de la révolution, cité par l'agence Fars. «Les ennemis de notre pays essaient de créer un conflit entre chiites et sunnites», a-t-il ajouté.