Chafik Sarsar, présient de l'Isie, décide que seuls les observateurs de Marzouki et d'Essebsi accéderont aux bureaux de vote, à raison d'un représentant pour chaque candidat pour éviter les accrochages. Les sondeurs d'opinion ne seront pas empêchés de faire leur travail mais les résultats préliminaires ne doivent pas être révélés avant deux heures du matin de la nuit du dimanche 21 au lundi 22 décembre. «Ils seront quelque 59.000 observateurs représentant les candidats Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki à être autorisés à observer l'opération de vote qui se déroulera demain, 21 décembre. Seulement, dans chaque bureau de vote, il y aura un seul observateur pour chacun des deux candidats. Notre objectif, à travers cette décision, est d'éviter l'encombrement des bureaux de vote et les éventuels accrochages entre les observateurs mandatés au nom d'Essebsi et de Marzouki, sachant que les mêmes bureaux de vote accueilleront les observateurs des organisations de la société civile et des organisations étrangères dont le nombre s'élève à 29.000», apprend La Presse d'une source informée auprès de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie). «Quant à la décision relative à l'empêchement des observateurs de se trouver au sein des cours des centres de vote (composés dans leur majorité écrasante d'écoles primaires et de lycées secondaires), elle a pour objectif principal de veiller à la tranquillité des électeurs afin de leur réunir les meilleures conditions pour exercer leur devoir électoral. L'Isie n'a nullement l'intention de tenir les observateurs tunisiens ou étrangers à l'écart de l'opération électorale ou de les empêcher de faire leur travail. D'ailleurs, ils seront autorisés, comme ce fut le cas le 23 novembre dernier, à assister au dépouillement des bulletins dans les bureaux et les centres régionaux», ajoute-t-il. Qu'en est-il des agents des instituts de sondage qui craignent d'être écartés des bureaux de vote de manière qu'ils ne pourront pas poser leurs questions aux électeurs pour sonder leurs votes ? «L'Isie n'empêchera pas les instituts de sondage d'opinion de recueillir les témoignages des électeurs. Toutefois, leurs agents ne pourront pas accéder aux bureaux de vote parce que leur présence dans ces lieux est de nature à perturber l'opération électorale. En parallèle, nous avons demandé officiellement aux médias, plus particulièrement les chaînes TV, de ne pas publier les premières estimations des résultats avant deux heures du matin de la nuit de dimanche 21 au lundi 22 décembre 2014. De son côté, l'Isie annoncera les résultats préliminaires au cours de la nuit de lundi 22 à mardi 23 décembre. Les résultats définitifs seront connus plus tard et dépendront des recours qui pourraient être introduits auprès de la justice par le candidat pendant et après les délais que prendraient les tribunaux (de première instance, Tribunal administratif en cas d'appel) pour statuer définitivement sur ces mêmes recours», indique la même source. L'Atide et Mourakiboun se rebiffent Et comme prévu, les associations d'observation des élections n'ont pas digéré la décision de l'Isie interdisant la présence de leurs observateurs dans les cours des centres de vote. Pour Moëz Bouraoui, «c'est une décision insensée puisqu'elle va limier le rôle de nos observateurs et ouvrir la voie aux irrégularités, dont en premier lieu l'achat des voix ou l'intimidation des électeurs, infractions que nous avons dénoncées lors du premier tour de l'élection présidentielle, et certains de nos observateurs en ont payé les frais quand ils ont alerté les chefs de bureau de vote sur ces infractions. Ces mêmes chefs de bureau doivent avoir le courage, demain, d'interdire l'accès aux bureaux des observateurs disposant d'un badge obtenu lors des législatives mais qui n'ont plus de candidat cette fois. Les consignes de l'Isie sont claires. Seuls les représentants de Marzouki et d'Essebsi y accéderont. Notre ambition est que les directives soient appliquées à la lettre». Rafik Halouani, coordinateur général du réseau Mourakiboun, appelle l'Isie à revenir sur sa décision «afin que la société civile puisse accomplir sa mission dans les meilleures conditions».