La facilité avec laquelle les terroristes attaquent, s'approvisionnent et échappent aux descentes policières intrigue ! La police parallèle, qu'on dit «éliminée», tient-elle encore la route ? Les attentats terroristes perpétrés dans nos murs se suivent et, fatalement, se ressemblent. Le plus récent, celui de Boulaâba (gouvernorat de Kasserine), en est une parfaite illustration : un faux barrage policier et le tour est joué. Le plus grave est que ces opérations se répètent dans des zones à haut risque, celles-là mêmes qui grouillent de jihadistes armés ! Et pourtant, on a, maintes fois, sur ces mêmes colonnes, attiré l'attention sur l'urgence de s'attaquer au phénomène des faux barrages policiers, une vieille et percutante pratique initiée par Ben Laden en Afghanistan, avant de faire... école en Algérie durant la guerre civile qui avait embrasé ce pays dans les années 90. Pour déraciner cette pratique, les Américains, puis les Algériens, ont dû, alors, recourir à la solution idoine, à savoir la multiplication des «vrais» barrages policiers, tout en les renforçant par des patrouilles mobiles chargées de l'inspection, 24 heures sur 24, de ces points de contrôle et de surveillance. Pourquoi tarde-t-on encore à s'en inspirer chez nous ? Est-ce demander le ciel ? Cela exige-t-il une baguette magique ? Autant de questions qui frisent l'intrigue. Et c'est vrai. D'autant plus vrai que deux flics sur trois s'accordent à dire qu'il faut aller chercher ce casse-tête chez la police parallèle. «Celle-ci, quoi qu'on en dise, n'a pas été totalement éliminée», soutient, sous le couvert de l'anonymat, un officier de la Garde nationale, qui affirme que «ce ne sont pas les preuves qui manquent». Cela se voit dans la planification des attentats et au retardement des opérations d'intervention sur le terrain, en passant par la mise en échec des descentes policières. Les terroristes, insiste notre interlocuteur, bénéficient quelque part de complaisance, d'aide par appels téléphoniques interposés. De surcroît, par quoi expliquer le fait, non moins bizarre, que des cellules dormantes n'aient pas encore été torpillées, bien qu'officiellement recensées dans chaque région du pays ? Comment des jihadistes embusqués dans un mont prennent tout leur temps pour descendre en ville, qui pour commettre un attentat, qui pour s'approvisionner en denrées alimentaires, avant de rentrer à sa retraite pourtant assiégée par des soldats et des policiers ? Et puis, la plus énigmatique des questions : pourquoi la fameuse bataille du Djebel Chaâmbi qui remonte à 2012 s'est-elle éternisée de la sorte ? Et, pour être plus précis, comment ceux qui y ont élu domicile, depuis plus de deux ans, ont réussi à y survivre si longtemps ? Pour y parvenir, ont-ils bénéficié de quelque soutien ? Si oui, qui est derrière ? Pourquoi ne l'a-t-on pas identifié ? A-t-on, par hasard, déclaré forfait dans cette incroyable partie entre le chat et la souris ? A-t-on épuisé toutes les solutions, après tant d'opérations de bombardement aérien et de pilonnage terrestre ? Affronter la triste réalité Pour toutes ces raisons, méconnaître l'existence d'une police parallèle équivaut à trahir la vérité. Notre interlocuteur, qui en sait quelque chose, est allé jusqu'à accuser cette police d'être à l'origine du limogeage, ordonné au temps de la Troïka, d'éminents experts en matière de lutte contre le terrorisme. C'est là, hélas, une probable triste réalité qu'il va falloir avoir le courage d'affronter. Le nouveau ministre de l'Intérieur, ainsi que son secrétaire d'Etat à la Sûreté en sont sans doute conscients. Ils n'ont plus qu'à agir. Du moins, on l'espère.