Le Stade joue pour gagner et pas nécessairement pour plaire !... L'expression du bonheur peut parfois prendre d'étonnantes formes. Pour s'en convaincre, il aura suffi de scruter les visages des joueurs stadistes après leur victoire sur le CSHL: traits tendus, yeux humides et gestuelle de combattants qui extériorisent soulagement et souffrance après une lutte acharnée. Cela ne manque pas, cependant, de rappeler une vérité : beaucoup plus que les corps, ce sont les esprits qui ont marqué la victoire d'une équipe dont les dirigeants n'arrivent pas à lui assurer les meilleures conditions de travail, et encore moins à subvenir à ses besoins quotidiens. Si les jambes répondent, c'est bien parce que les esprits sont libérés, malgré toutes les contraintes que les joueurs ne cessent de subir chaque jour. Au fait, et contrairement à tout ce que l'on pourrait penser, le Stade joue pour gagner et pas nécessairement pour plaire. L'équipe est bonne aussi bien avec que sans ballon. Comme quoi, ce n'est pas sa possession qui compte, mais son utilisation. Alors, le Stade, une équipe défensive? Plutôt réaliste et dans le cercle merveilleux de Lassaad Dridi, tout le monde s'y retrouve. Les joueurs sont convaincus des raisons des choix de leur entraîneur. Son impact n'est pas négligeable et son rôle sonne vrai. Bien dans le ton, bien dans le match. Bien dans sa peau aussi. Et trop tourné vers les autres. Beaucoup d'équipes veulent gagner, mais peu ont le privilège de le faire. Les joueurs stadistes détiennent des atouts que beaucoup de leurs pairs ne possèdent pas : le charisme, la disponibilité, la souplesse dans les convictions et la capacité de convaincre. Ils ne méritent pas aujourd'hui d'être diabolisés suite à la grève qu'ils avaient observée la semaine dernière pour réclamer leurs émoluments. Incroyable est le nombre de gens qui se sont mêlés à cette affaire. Il y a ceux sortis du bois pour apporter leurs compétences. Il y a aussi des «sauveurs» à gauche et à droite, dont certains sont aux affaires depuis quelque temps et qui feraient bien aujourd'hui de ne pas en rajouter. Les plaisirs simples... Les joueurs stadistes ont prouvé, grâce à leur nouvelle victoire et la cinquième place à laquelle ils ont accédé, qu'ils ne sont pas seulement des joueurs tout juste bons pour jouer. Là où ils sont, il sont en train de réussir là où toute une flopée d'autres, pourtant mieux lotis, avaient échoué. Ils sont capables de s'adapter à tous les choix et les considérations tactiques. Ce sont surtout des joueurs capables de gagner partout. On ne cessera pas de le répéter : il y a des entraîneurs dont le travail est fondé aussi bien sur l'établissement des relations humaines avec les joueurs et le staff que sur l'aspect technique du jeu. Au fait, c'est une question de complémentarité et jamais d'exclusion. Dridi fait jouer un football que les gens aiment regarder et que les joueurs aiment pratiquer. On le voit capable d'insuffler à ses hommes une énergie débordante. Sur la durée d'une compétition comme le championnat, on le dit proche de ses troupes, trop proche, selon certains. C'est dire que le football est aussi capable, des fois, d'inspirer les idées les plus surprenantes comme le fait justement le Stade. Les qualités physiques et techniques ne suffisent pas si on n'y ajoute pas la générosité, le dépassement de soi, s'il n'y a pas ces ingrédients qui provoquent le surpassement dans l'effort. Tout cela ne se décrète pas du jour au lendemain. C'est une question d'état d'esprit. Les Stadistes ont ceci de différent : la patience qu'ils mettent dans leurs mouvements avant de chercher l'ouverture. Ils ne se précipitent pas et usent leurs adversaires. C'est une stratégie qui ne dégage pas le jeu le plus dynamique, mais qui peut toujours très bien marcher...