Penny Prtizker, secrétaire américaine au Commerce, a expressément fait le listing des grands axes de réformes que le gouvernement tunisien devrait engager au plus tôt Il y a urgence à engager des réformes structurelles. Ce sont incontestablement les mots-clés du point de presse qu'a tenu la secrétaire américaine au Commerce dans la foulée de la Conférence sur l'investissement et le partenariat organisée hier à Tunis. Il ne fallait pas être un grand clerc pour y lire un paquet de préalables et de prérequis à tout nouveau et significatif soutien financier américain à la Tunisie. Penny Prtizker n'a sans doute pas manqué d'éloges au sujet de la réussite de la transition politique de la Tunisie et de la culture du consensus au niveau de la classe politique tunisienne. Elle n'a pas non plus manqué de souligner le caractère remarquable des relations entre la Tunisie et les Etats-Unis d'Amérique. Cependant, elle a laissé entrouvertes les perspectives d'un renforcement du partenariat stratégique tuniso-américain. Interrogée sur l'état d'avancement des négociations avec le partenaire tunisien sur l'accord de libre-échange, elle a indiqué que les priorités commerciales sont avec l'océan Pacifique et l'Europe, tout en précisant que la conclusion d'un accord de libre-échange est « complexe et répond à des critères » précis. On l'aura compris, l'accord de libre–échange entre la Tunisie et les Etats-Unis ce n'est pas de si tôt. La conclusion d'un tel accord reste tout au moins largement tributaire de la cadence des réformes structurelles qui seront engagées par le gouvernement tunisien. Les choses sont à cet égard si claires que la secrétaire américaine au Commerce a expressément tenu à faire le listing des grands axes de réformes à engager au plus tôt. Il s'agit de la réforme du Code de l'investissement, qui dans sa forme actuel est, dit-elle, un véritable « labyrinthe ». Il s'agit de réformer le système bancaire qui, dit-elle encore, est plombé par un niveau élevé de crédits accrochés. Par-delà la recapitalisation des banques publiques, il faudra un effort de restructuration du secteur bancaire, qui est nécessaire. Cette réforme devra inclure une loi sur la faillite qui protège les preneurs de risques et permet de réduire au minimum les effets des faillites de manière à créer un environnement favorable à l'investissement. Il s'agit également de s'attaquer au système fiscal et douanier, qualifié d'«imprévisible, et discrétionnaire». Il s'agit aussi de donner enfin corps au principe du partenariat public-privé. D'autant plus que les domaines de partenariat avec la sphère américaine de l'investissement ne manquent pas : agriculture, technologies de l'information, industries chimiques, énergies renouvelables, tourisme... Un peu plus tôt dans la matinée, Mme Penny Prtizker a, dans son discours d'ouverture de la Conférence, ardemment souhaité que « la victoire sur le plan politique en Tunisie se traduise par un triomphe sur le plan économique ». Elle a à ce titre affirmé, citant à plusieurs reprises le nom de Bouazizi, que la « stagnation économique est à la base de la radicalisation et de l'extrémisme». Réformer revenait presque en boucle, comme une antienne. Nous y reviendrons (Lire ,demain, notre entretien avec la secrétaire américaine au Commerce)