L'histoire de notre pays, connu pour être un carrefour de civilisations, est principalement celle que l'on apprend sur les bancs de l'école et de l'université. Pour les plus courageux, elle s'étend aux excursions, à la visite des musées et des sites archéologiques ainsi qu'à la lecture des livres. Ce dernier moyen offre l'avantage de voyager, dans l'espace et dans le temps, sans se déplacer. C'est exactement la sensation que donne la lecture de La Tunisie du Centre-Ouest, Les hautes steppes, un ouvrage de Fathi Béjaoui, directeur de l'Institut national du patrimoine. Edité par l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle, ce livre s'intéresse, comme son nom l'indique, à la région des Hautes steppes qui correspond au territoire actuel du gouvernorat de Kasserine. Toutefois, par souci de vérité historique et au-delà de l'actuelle division administrative, l'auteur suit les hautes steppes jusqu'aux sites archéologiques se trouvant à Sidi Bouzid. Avec un style simple et une description précise, le livre survole les principales époques par lesquelles est passé l'Homme des Hautes steppes, depuis sa première présence au paléolithique moyen dans cette zone et jusqu'à sa sédentarisation tardive. Entre ces deux points majeurs, il y a eu, par ordre chronologique, la période romaine, vandale, byzantine et arabo-musulmane. Le livre nous explique dans sa première partie que chacune de ces périodes a apporté son lot de changements : chacune de ces périodes a eu ses propres appellations pour les villes comme pour les provinces, son propre mode de vie. Elles ont aussi eu leurs héros, autant du côté des Berbères, dont l'histoire est celle de la résistance aux différentes conquêtes qu'a connues leur terre, que du côté des conquérants. Ce qui est bien avec La Tunisie du Centre-Ouest, Les hautes steppes, c'est que son auteur nous dit d'une manière simplifiée, tout en utilisant un lexique scientifique, comment on a pu, à chaque fois, dire que tels vestiges appartenaient à telle époque et pourquoi il s'est passé telle ou telle chose à un moment donné de l'histoire de la région. Il consacre la deuxième partie de son ouvrage à éplucher les découvertes archéologiques des différentes villes comme Thala, Haïdra et Sbeïtla, en décrivant les églises, les théâtres, marchés, thermes et toutes leurs spécificités au fil des époques et des civilisations qui s'y sont succédé. Des illustrations photographiques accompagnent le texte de Fathi Béjaoui, tout au long des pages. Textes et photos offrent, dans la complémentarité, une image exhaustive de ce qu'était et de ce que sont devenus les sites archéologiques de la région des Hautes steppes dans la Tunisie du Centre-Ouest. Cette démarche est d'autant plus intéressante que les photos sont légendées, ce qui donne à l'ouvrage deux lectures possibles: une à travers les mots et l'autre à travers les photos. Ce qui serait bien, c'est que l'on trouve dans les bibliothèques des maisons tunisiennes, une série de livres comme celui-là, consacrés à chaque région du pays.