Se focaliser aujourd'hui sur l'Afrique est un choix réfléchi du fait que le monde entier s'intéresse davantage à ce continent et pour cause, l'Afrique représente le moteur de la croissance mondiale avec un taux de croissance moyenne de 7%, un marché de plus d'un milliard de consommateurs et qui sera multiplié par deux d'ici 2050. La raison motivant l'essentiel du discours actuel sur le «réveil de l'Afrique» est évidente. Certaines des économies à très forte croissance dans le monde sont africaines. Alors que la croissance mondiale a baissé de 2,7% en 2014, l'inverse a été constaté en Afrique qui a enregistré une croissance de 5%. Il est à signaler que toutes les sous-régions ont connu une croissance plus forte que la moyenne mondiale, le taux le plus élevé étant de 6,3% et le plus bas de 3,5%. Ces performances sont dues à plusieurs facteurs, notamment une meilleure gestion macroéconomique, l'augmentation des exportations de ressources naturelles et l'émergence d'une classe moyenne. Sans aucun doute, l'Afrique veut la transformation structurelle, objectif primordial qui ne peut être réalisé sans l'industrialisation, génératrice d'emplois, susceptible d'augmenter les revenus et de contribuer à la diversification des économies africaines, y compris leurs exportations. Les économistes africains estiment qu'il faudra de l'innovation et de la détermination pour surmonter les insuffisances dans plusieurs domaines et affirment que le moment est venu pour capitaliser la performance actuelle de l'Afrique et d'en faire une base pour la transformation structurelle. Une percée significative de la Tunisie en Afrique La Tunisie a suffisamment d'atouts pour pénétrer le marché africain, et ce, eu égard à sa position à la tête des pays africains en ce qui concerne les exportations, la maîtrise de l'énergie, le développement des PME, l'industrie pharmaceutique... Elle a misé à maintes reprises et dans différentes manifestations africaines sur la mise en place d'un fonds destiné à la promotion de l'innovation et d'un réseau de PME à l'échelle africaine. Elle a misé entre autres sur les secteurs à haute valeur ajoutée en Afrique, notamment l'énergie et les énergies renouvelables, l'agroalimentaire, les composants automobiles..., outre le renforcement de l'intégration régionale, qui tous favorisent des gains sur le marché local et industriel et autres en économies d'échelle. «La perception de l'Afrique a changé ce continent qui n'est pas seulement vu comme une terre de conflits, de misère et d'émigration. Les investisseurs et décideurs politiques ne se posent plus la question de savoir s'il faut aller en Afrique, mais comment y être. Et au plus vite», une réflexion que la Chambre tuniso-française de commerce et d'industrie (Ctfci) a voulu approfondir à travers la conférence qu'elle a organisée hier conjointement avec la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface) au Cepex sur le thème «Jouer la carte Afrique». Une rencontre qui a enregistré la participation d'éminentes personnalités dont M. Jean-Christophe Battle, directeur Afrique-Groupe Coface. Les assises de la conférence ont été axées sur la présentation de la stratégie de la Tunisie pour l'Afrique, les missions de la Ctfci en 2015 en Côte d'Ivoire et au Sénégal. La conférence a abordé d'autres thèmes relatifs à l'accompagnement financier des entreprises en Afrique (par les banques et assurances) et à l'examen de deux cas de réussite d'entreprises tunisiennes dans le continent. Dans son allocution d'ouverture, M. Foued Makhoua, président de la Ctfci, devait préciser que «l'intérêt pour l'Afrique est aujourd'hui une exigence. Sur l'ensemble du continent, la croissance s'élève à 5,2%. Le PIB de l'Afrique devrait même s'accélérer en 2016. Dans certaines régions comme en Afrique de l'Est, ce taux avoisine les 7%. L'Afrique de l'Ouest est aussi un pôle de croissance encourageant». De son côté, Riadh Attia, PDG du Cepex par intérim, indique que la présence de la Tunisie sur le marché africain, notamment l'Afrique subsaharienne, a été marquée en 2013 par une croissance moyenne de 2,31% et de 11,1% entre 2009-2013. Et d'ajouter qu'une entreprise sur 10 exporte sur l'Afrique, sachant que le nombre des entreprises exportatrices est resté variable entre 2009-2013, avec 612 entreprises en 2009, 656 en 2010, 631 en 2011, 604 en 2012 et 612 en 2013. Pour accéder à un positionnement compétitif, le Cepex s est fixé comme objectif mobilisateur de passer à 1.000 MD d'investissement en 2016. D'autres facteurs de succès et non des moindres favoriseront ce positionnement, dont l'accompagnement diplomatique de proximité, l'appui institutionnel sur le marché (réseau de représentations commerciales du Cepex), les services bancaires et d'assurances, l'accompagnement professionnel et technique qui consiste en la mise en relations commerciales, la facilitation et l'organisation des contacts B to B, les participations et les visites des salons, outre les offres globales (études, assurance, coalition, management...). Par ailleurs, les indicateurs montrent que «six des dix économies ayant le plus fort taux de croissance sont en Afrique et près de 10% des investissements directs étrangers mondiaux ont été dirigés vers le continent africain. Selon la Banque mondiale, dans le classement Doing Business 2015, deux tiers des économies africaines ont connu une amélioration du climat des affaires. Parmi les dix économies ayant le plus progressé depuis l'édition précédente de ce classement, cinq sont africaines. L'Afrique représente aujourd'hui un marché potentiel de 350 millions de consommateurs appartenant à une classe moyenne en plein essor». C'est dans ce contexte que l'entreprise tunisienne «dans sa quête d'internationalisation se tourne aujourd'hui vers les pays de l'Afrique subsaharienne où il existe un potentiel important d'affaires, d'investissement et même de sceller un partenariat triangulaire avec des groupes français qui veulent renforcer leur positionnement en Afrique».