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contre le terrorisme
La jeune démocratie, un solide rempart
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000


Par Abdoulaye BA*
Plus de quatre ans après la révolution du 14 janvier 2011, la Tunisie parachève avec succès le processus de sa transition démocratique. La date du 5 février 2015 marque solennellement l'aboutissement final et le couronnement de l'évolution historique et politique du pays, en l'occurrence son passage d'un régime quasi monopartite à un système démocratique. En effet, ce jour-là, l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), résultante des premières élections législatives libres du 26 octobre 2014, a, par un vote massif, accordé sa confiance au premier gouvernement de l'ère nouvelle dirigé par M. Habib Essid et chargé au cours des cinq prochaines années de restaurer la sécurité intérieure et extérieure du pays dangereusement menacée par le terrorisme et de réaliser les réformes urgentes et nécessaires pour redresser la situation économique et sociale fortement dégradée depuis 2011. Cette réussite exemplaire, saluée comme il se doit par la communauté internationale, est une première dans le monde arabe. C'est aussi un événement qui scelle l'entrée de la Tunisie dans le concert des nations démocratiques. S'il est trop tôt pour se faire une opinion sérieuse sur l'avenir de cette démocratie naissante, nous pouvons toutefois tenter d'analyser et de tirer des enseignements utiles sur sa singularité et ses caractéristiques essentielles. Un examen rétrospectif de la période transitoire qui vient de s'achever nous conduit aux constats suivants:
-Les élections générales, législatives et présidentielle de 2014, de l'avis unanime de nombreux observateurs nationaux et internationaux, ont été mieux organisées que celle de l'Assemblée constituante de 2011. La nouvelle Isie, l'instance responsable du bon déroulement du scrutin, a su tirer profit des difficultés, inévitables pour une première, rencontrées par sa devancière. Il y a eu notamment une augmentation significative du nombre des électeurs inscrits sur les listes électorales. Les fichiers électoraux ont été également assainis et les irrégularités notoires corrigées. En revanche, en l'espace de trois ans, le taux de participation aux élections a sensiblement baissé. Si en 2011 près de la moitié de l'électorat potentiel a voté, seule en moyenne plus de quarante pour cent de la population tunisienne en âge de voter s'est rendue aux urnes lors des deux scrutins de 2014. La désaffection des électeurs s'explique par la dégradation de la situation globale du pays et ses conséquences négatives sur leurs conditions générales de vie mais surtout par leur déception de constater l'incapacité des politiques, majorité et opposition confondues, à s'accorder sur l'essentiel pour proposer une sortie de crise salutaire pour le pays. Cette forte abstention est due aussi au fait que la grande majorité de la jeunesse, fer de lance pourtant de la révolution, s'est tout simplement désintéressée du scrutin. C'est là un problème majeur qui nous interpelle tous et auquel il faudra remédier sans plus tarder.
-La participation féminine aux élections de 2014 est en hausse progressive comparée à celle de 2011. Désormais, plus nombreuses que les hommes, selon le dernier recensement de la population, les femmes se sont admirablement acquittées de leur devoir électoral. Toutefois, cet élan patriotique et civique remarquable tarde hélas à être pris en compte au niveau des instances dirigeantes du pays. La gent féminine demeure toujours sous-représentée, aussi bien au parlement qu'au gouvernement, même si un léger mieux est à signaler en ce qui concerne leur présence dans le nouveau cabinet présidé par M. Essid. Huit ministres et secrétaires d'Etat sont des femmes, alors que d'habitude leur nombre ne dépasse guère trois. Pour la jeune démocratie tunisienne, un chemin important reste à faire pour traduire effectivement dans les faits l'égalité de droits et de devoirs entre l'homme et la femme, garantie pourtant par la nouvelle constitution.
- Le paysage politique tunisien, c'est une évidence, est dominé par les deux grands partis que sont Ennahdha et Nida Tounès. Ces deux formations politiques ont remporté tour à tour les élections de 2011 et 2014. Les islamistes modérés d'Ennahdha, dans le cadre d'une coalition politique avec le CPR et Ettakatol appelée « la Troïka », ont conduit les affaires du pays pendant un peu plus de deux ans, précisément de décembre 2011 à janvier 2014, mais n'ont pas eu les coudées franches pour mettre en pratique leur programme politique, ni réussi à améliorer la situation générale du pays. Nonobstant une majorité absolue à l'Assemblée constituante, ils ont eu à faire face à une large opposition au sein et en dehors du parlement comprenant également des organisations de la société civile et animée par le parti laïque et moderniste Nida Tounès, tout cela dans un contexte économique et social très difficile marqué surtout par la montée de l'extrémisme et du terrorisme avec notamment comme corollaire l'assassinat de deux illustres opposants politiques. Il a fallu, pour éviter le pire au pays, recourir au dialogue national initié par le Quartet et encouragé par des pays frères et amis et des organisations internationales. On connaît la suite, une nouvelle constitution a été finalement élaborée et adoptée, un nouveau gouvernement consensuel et non partisan constitué et des élections générales législatives et présidentielle organisées, lesquelles ont consacré la victoire du parti Nida et de son leader M. Béji Caïd Essebsi, qui, pour pouvoir présider durablement aux destinées du pays, ont dû opter pour une gouvernance unitaire.
- En décidant d'associer son grand rival nahdhaoui, arrivé deuxième aux dernières élections législatives, à la gestion des affaires du pays, Nida, en particulier son leader fondateur BCE, a sans doute « pris de court » plus d'un non averti et profane de la chose politique. En fait, il ne s'agit là ni d'une surprise ni d'un renoncement systématique à des engagements électoraux de sa part comme du parti ou encore moins d'un revirement spectaculaire. Il est vrai que cette décision non programmée à l'avance a provoqué des remous et « grincements de dents » au sein de ses partisans. Toutefois, celles et ceux qui connaissent bien Bajbouj sont convaincus qu'il n'a pas changé du tout d'orientation politique. Pour avoir bien compris la réalité et les enjeux de la situation postrévolutionnaire du pays, pour avoir surtout compris que la Tunisie est une et plurielle, il a constamment appelé à l'union de toutes les forces vives pour le salut de la nation. Son « appel de la Tunisie » du 20 avril 2012 en est une parfaite illustration. En dépit de ses divergences de fond avec le parti Ennahdha, il n'a à aucun moment exclu de manière catégorique de composer avec celui-ci, si l'intérêt supérieur du pays l'exigeait. Le rapprochement entre ces deux formations politiques, les plus importantes du pays, scellée par la rencontre le 14 août 2013 à Paris entre BCE et Cheikh Rached Ghannouchi, trouve là toute son explication.
- La Tunisie, arrêtons de « rêver » et de comparer à tout bout de champ, n'est ni l'Europe, ni l'Amérique. Elle est pour le moment une démocratie toute fragile, avec ses spécificités et son histoire propre. Elle doit suivre son petit bonhomme de chemin, composer avec son environnement régional particulièrement complexe, gagner progressivement en maturité pour pouvoir se faire une place de choix dans le concert des nations modernes. La « Troïka », pour n'avoir pas pris en considération cette donnée fondamentale, en a tout simplement fait les frais. Novice en matière de gouvernance et faute de n'avoir pas su faire une bonne lecture de la réalité du pays, elle s'est vue contrainte de lâcher du lest et a fini par perdre de sa crédibilité au sein de l'électorat comme en atteste son modeste score lors des récents scrutins. La Tunisie postrévolutionnaire ne doit pas être forcément et coûte que coûte dirigée en fonction des résultats sortis des urnes. De grâce, arrêtons de faire du « copier-coller » Le mode de direction qui sied le mieux aux particularités de sa situation du moment est la gouvernance unitaire. Depuis 2012, nous n'avons cessé en toute modestie dans nos publications périodiques d'insister sur sa nécessité et son urgence. Dieu merci, les faits actuels nous ont finalement donné raison. Les clivages politiques droite et gauche, les divergences conceptuelles et idéologiques portant sur des projets de société libérale, islamique et social-démocrate, etc., qui « ont encore pignon sur rue, plus particulièrement en Occident», mais qui sont de plus en plus battues en brèche, préoccupent beaucoup plus nos politiques que la population en général. Les Tunisiennes et les tunisiens, dans leur « diversité plurielle », aspirent majoritairement à la quiétude et à de meilleures conditions de vie. Ce n'est pas un hasard si M. Mehdi Jomâa est l'une des personnalités politiques les mieux appréciées par l'opinion publique. Le chef du gouvernement sortant et son équipe laissent ainsi une bonne image de leur passage aux commandes du pays.
La Tunisie a aujourd'hui le gouvernement qui va avec la réalité du moment. Nous le devons essentiellement à M. Béji Caïd Essebsi, premier président de la République tunisienne démocratiquement élu,un homme qui a marqué de son empreinte la période de transition. Les critiques de ses adversaires politiques à propos notamment de son âge avancé n'ont nullement entamé sa détermination et son combat pour l'avènement d'une Tunisie nouvelle, moderne, unie et solidaire. Nous apprécions également à sa juste valeur la contribution importante de Cheikh Rached Ghannouchi et de son parti dans l'amélioration de la situation politique, pour le dépassement des antagonismes et la recherche du consensus indispensables pour l'unité et la cohésion national.
Maintenant que la Tunisie a réussi à tenir son pari démocratique, de multiples défis se dressent devant elle. Nous devons absolument les relever à moyen terme. Le nouveau Chef du gouvernement, M. Habib Essid, en a tracé le cadre. Le pays, au terme des cinq ans à venir, pourra certainement s'enorgueillir d'avoir engagé les mutations économiques et sociales nécessaires pour sa modernité et son progrès sociétal. Cet objectif ambitieux mais à notre portée, pour être atteint, nécessite que nous nous attaquions d'urgence et à bras-le-corps aux principaux chantiers ci-après:
- Le premier chantier, disons plutôt le défi numéro un, c'est l'éradication de l'islamisme radical et du terrorisme. Le gouvernement actuel, à l'instar de son prédécesseur, est déterminé à poursuivre et à intensifier la lutte pour l'élimination progressive de ce fléau. Il n'y a aucun doute à ce sujet et il y va de la survie de la nation, surtout après l'attaque du musée du Bardo à Tunis, un crime odieux perpétré par de lâches et dangereux individus contre de paisibles personnes. Un projet de loi antiterroriste sera très prochainement adopté par le Parlement. La traque des groupuscules extrémistes sur tout le territoire, suite à cet abominable forfait, va plus que jamais se durcir. La coopération dans ce domaine avec l'Algérie va être également renforcée. Le dispositif sécuritaire et douanier a déjà été redéployé tout au long des frontières. Le pouvoir est fermement décidé à juguler la menace que la guerre civile actuelle en Libye fait peser sur la sécurité intérieure et extérieure du pays, tout en sachant que la mouvance jihadiste dans son combat contre le régime officiel en place à Tobrouk bénéficie de l'appui important de ses multiples ramifications en Tunisie. Bref, la guerre contre la nébuleuse terroriste est loin d'être gagnée. Elle sera à coup sûr longue et doit être menée au triple plan national, régional et international. Pour être efficace, elle doit aussi englober la lutte contre la contrebande et le blanchiment d'argent. Pour cela, elle requiert l'adhésion et l'implication massive de toute la population, dont l'apport consiste surtout à aider la jeunesse, hélas fortement réceptive au discours jihadiste, à s'extirper et s'émanciper de l'idéologie extrémiste et suicidaire.
-Le traitement du dossier de tous les martyrs et blessés de la révolution, des assassinats politiques et autres victimes du fanatisme et l'obscurantisme religieux est d'une urgence impérative. Cette épineuse question tarde à trouver une solution définitive pour le grand bien des personnes concernées et de leurs ayants droit, eu égard à sa complexité et à la situation difficile que connaît le pays depuis le 14 janvier 2011. L'absence d'un leadership politique de la révolution et d'une gouvernance consensuelle pendant quasiment toute la période transitoire n'a pas favorisé la tenue d'un procès juste et équitable des dignitaires de l'ancien régime. Il n'y a pas eu au sein des politiques et de la société civile une convergence de vues et d'opinions pour statuer clairement sur la question de savoir qui sont d'une part les personnes réellement coupables et condamnables pour des faits répréhensibles et d'autre part quelles sont les vraies victimes de la répression pendant la dictature. Dès lors, il n'est pas étonnant que le pouvoir judiciaire, en décalage avec la situation nouvelle prévalant dans le pays, n'ait pas pu exercer pleinement et efficacement sa mission. Des personnes proches ou ayant servi sous les ordres de l'ancien dictateur ont été arrêtées puis relâchées sans être jugées. Des familles de martyrs et blessés de la révolution attendent toujours d'être indemnisées. Toutefois, le problème des victimes du terrorisme est plus à même d'être élucidé et traité, la volonté politique aidant. Le gouvernement actuel s'est engagé en tout cas à trouver une issue heureuse à ce dossier, ce qui détendrait sans nul doute le climat politique et social dans le pays.
- Le désarroi de la jeunesse est aujourd'hui un mal profond qui ronge la société et qu'il nous faut absolument vaincre. Cette composante importante de la population, qui, rappelons-le, a grandement contribué à la chute de la dictature, est en grande difficulté culturelle, morale et sociale. L'échec scolaire, le désœuvrement et le chômage sont les principaux problèmes que rencontrent de nombreux jeunes. Cette situation difficile à vivre sape considérablement leur moral, les pousse à la marginalité et fait de la plupart d'entre eux des « oubliés » voire « des laissés-pour-compte » de la société. Il n'est pas du tout surprenant de voir une bonne partie de cette jeunesse « ne pas se sentir concernée » par le devenir du pays, vouloir émigrer sous d'autres cieux ou tout simplement basculer dans l'extrémisme. C'est le moment et il y a urgence d'agir. La solution est qu'il faut envisager sérieusement la refonte de fond en comble du système éducatif. L'Ecole tunisienne, c'est le moins que l'on puisse dire, prodigue depuis belle lurette un enseignement au rabais. Le niveau général des élèves et étudiants a beaucoup baissé et les enseignants sont souvent mal formés et peu motivés. Les parents à l'image de la société n'ont pratiquement pas réussi à influer positivement sur les différentes réformes éducatives décidées par les pouvoirs publics dans l'optique d'infléchir la tendance à la dégradation du système général d'enseignement. Ce problème ne concerne pas uniquement la Tunisie. De nombreux pays dans le monde sont confrontés à la dévalorisation inquiétante de l'Ecole, qui n'est plus perçue comme une clé sûre de la réussite sociale.
Les difficultés économiques de nos sociétés accumulées sur plusieurs décennies, conjuguées à l'émergence de nouveaux métiers et créneaux d'activités, à travers un environnement de plus en plus mondialisé et instable, ont eu pour conséquence le changement de la hiérarchisation des opportunités de carrière d'avenir. On peut ainsi réussir dans sa vie sans faire des études poussées. Par exemple, le sportif de haut niveau ou l'artiste de renommée vit généralement mieux que l'enseignant, l'ingénieur ou le médecin. Cette réalité amère, basée sur la primauté avant tout du confort matériel, ne doit en aucun cas nous décourager dans notre volonté de redonner à l'Ecole ses valeurs de noblesse. Rien ne peut remplacer l'éducation et la formation, pas en tout cas le show business. Il suffit pour s'en convaincre de prendre le cas du football professionnel masculin. Ce sport en dépit de sa grande popularité est celui le plus rétrograde. Il ne véhicule hélas aucune valeur éducative. Bien au contraire, il est un terrain fertile au développement de la passion, du défoulement, de la haine, de la violence, du nationalisme borné, du chauvinisme, de la xénophobie, du racisme, et j'en passe... Nous constatons quasiment ce phénomène lors de la plupart des rencontres de foot et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Les incidents qui ont émaillé la dernière Coupe d'Afrique des Nations, les problèmes entre autres qui gangrènent le football tunisien, les tristes bilans de victimes en Egypte au cours ou à l'issue de certains matches, les bagarres entre supporters de clubs adverses dans nombreux stades de par le monde, les récents propos irrespectueux du joueur vedette du Paris Saint-Germain Zlatan Ibrahimovic à l'égard d'un arbitre français, etc. devraient nous inciter sérieusement à la réflexion. La problématique à résoudre est la suivante: que devons-nous faire pour permettre à la jeunesse de s'immuniser contre tous ces maux qui l'empêchent de participer activement aux efforts de développement du pays? Que devons-nous faire également pour que l'institution scolaire occupe une place de choix dans la société pour le grand bonheur de tous les jeunes?
- L'impérieuse nécessité d'instaurer une trêve sociale et de réhabiliter le travail est plus que jamais vitale pour le pays. Il est grand temps de se retrousser les manches et de se mettre sérieusement au travail. Depuis le 14 janvier 2011, dans tous les secteurs d'activités, nous assistons de façon continue à une recrudescence des mouvements et conflits sociaux ainsi qu'à des manquements à la déontologie professionnelle. Ces grèves, sit-in, revendications et protestations diverses, d'une part, ajoutés au comportement laxiste et peu civique observé chez la population, d'autre part, ont considérablement affecté l'économie nationale. La production comme la productivité du pays sont en nette baisse, autrement dit nous consommons plus que nous ne produisons. Cette situation ne peut plus perdurer au risque d'hypothéquer toute politique de réformes, aussi volontariste soit-elle. C'est la raison pour laquelle le nouveau gouvernement, conscient que « l'heure est grave », a aussitôt engagé des négociations avec le mouvement syndical dans le but de conclure rapidement un accord général en vue de la satisfaction des revendications matérielles légitimes des salariés du secteur public. Aujourd'hui, l'Etat et les partenaires sociaux se doivent de privilégier le dialogue en lieu et place du conflit au nom de l'intérêt général. La grève des enseignants du secondaire, pour ne citer que celle-là, a trop duré. Une solution doit impérativement être trouvée pour sauver l'année scolaire en cours. Il n'en reste pas moins qu'une prise de conscience collective s'impose à nous. Nous devons tempérer nos égoïsmes personnels et corporatistes et nous mettre au diapason de la réalité actuelle du pays. Ce n'est pas le boulot qui manque si on est prêt à « mouiller le maillot ». L'état de délabrement et d'insalubrité de nos villes et campagnes doit nous inciter à nous départir de notre laxisme préoccupant. Ce n'est pas, à travers les médias, le Net et les réseaux sociaux, dans les bars, restaurants, cafés, salons de thé et autres espaces de divertissement, que nous pourrons changer positivement le cours des choses. L'avenir de la Tunisie doit se décider et se construire dans les instances de direction, les usines et chantiers, les champs, les services publics et privés, les écoles, universités et centres culturels, les bureaux d'études et autres structures de réflexion, etc. Nous avons là une formidable opportunité d'exprimer notre patriotisme et notre amour pour ce pays.
- Le pays connaît actuellement une situation très critique. Le chef du gouvernement l'a rappelé dans son discours à la nation du 16 mars 2015. Toutefois, les perspectives économiques et financières à moyen terme sont encourageantes et peuvent inciter à l'optimisme. La réussite de la transition démocratique est entrain de porter ses fruits. L'image et la crédibilité de la Tunisie s'améliorent progressivement, n'en déplaise aux terroristes de tout acabit. Plusieurs pays frères et amis, des organisations internationales lui ont témoigné leur solidarité et soutiennent aussi les efforts de redressement en cours. Les conditions pour une relance existent, le climat est propice à la reprise des affaires et à l'investissement productif, bref l'avenir économique du pays est prometteur, à condition que nous « mettions les bouchées doubles ». Le gouvernement actuel, s'appuyant sur le bilan et les recommandations de son prédécesseur et sans perdre du temps, est directement passé à l'action. M. Habib Essid, en sa qualité de commis de l'Etat, et son équipe multiplient les visites de terrain, histoire de faire bouger les choses. C'est ainsi qu'une diminution des prix de plusieurs produits de grande consommation a été décidée en accord avec le patronat et les grandes entreprises. Le contrôle économique sera renforcé, les circuits de distribution améliorés, la contrebande et le marché parallèle combattus. Beaucoup de projets, notamment en faveur des régions défavorisées, seront relancés. Un plan quinquennal pour la période 2016-2020 sera prochainement élaboré. Il devra recevoir le soutien de toute la collectivité nationale et l'appui de la communauté internationale. La Tunisie, c'est notre intime conviction, a les moyens de réussir son émergence économique et c'est là la meilleure manière de gagner la guerre contre le terrorisme. A nous tous d'y croire et de tout faire pour cet espoir devienne un jour une réalité concrète.
En ces moments difficiles, nous devons surtout, en tant que croyants, avoir présent à l'esprit que nous sommes seulement un temps sur cette terre. Il nous appartient alors de donner le meilleur de nous-mêmes pour n'avoir rien à regretter.
Vive Le 14 Janvier.
Vive la Tunisie nouvelle, démocratique, unie et solidaire.
A.B.
*(Citoyen mauritanien et ami de toujours
de la Tunisie)


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