L'équipe stadiste dégage plus de force que de talent... Le parcours du Stade Tunisien au cours de cette saison nous fait oublier les dérives et les manquements des années précédentes. L'équipe s'est justement envolée à une altitude rarement atteinte, avec notamment dix victoires obtenues en vingt-trois matches joués et une cinquième place désertée depuis très longtemps. Mais indépendamment des résultats, nous osons aujourd'hui affirmer que tout ce qu'elle laisse entrevoir à travers ses différentes prestations ne manque ni d'allure, ni de réalisme. On peut, certes, discourir en permanence sur les concepts, les options et les considérations tactiques, ainsi que d'autres sornettes de ce type. Encore, il y a désormais, au bout du compte, une certaine culture de jeu, une originalité technique, une personnalité collective. La façon à la fois simple et décisive, le goût prononcé pour le mouvement, la faculté à marquer des buts. Finalement, cette aptitude à gérer les matches met en évidence un état d'esprit plus qu'un mode de comportement. La réalité du terrain est la seule qui compte. Cela ne correspond pas à l'idée que l'on se faisait de l'équipe il y a quelque temps. Aujourd'hui et dans la plupart des matches, le ST additionne les satisfactions, emmagasine de la confiance pour la suite de la compétition et installe un jeu qui prend davantage de consistance. Les prochains matches nous diront davantage sur les capacités réelles d'une équipe engagée dans une épreuve de reconstruction sportive. Ils serviront, sans aucun doute, de nouveau révélateur. Cela n'écarte pas parfois des dérives et des défaillances qui ne semblent pas finir. Les occasions de but ratées lamentablement contre l'ASG auraient pu justement coûter cher à l'équipe. Leurs conséquences aussi. Ce à quoi elle n'est pas justement prête, et encore moins aux dérapages de tous genres auxquels elle devrait faire face. Mais dans sa tenue globale, dans ses vertus collectives, dans l'œuvre de son entraîneur et tout le reste, il nous semble qu'elle galope au maximum de ses moyens et qu'elle est toujours capable de dépasser ses propres limites. Dans ce genre d'entreprise, la force mentale et la continuité voulue dans les résultats dépassent l'impact physique. Le Stade cherchera encore à optimiser ses points forts, une façon de suggérer encore et toujours que le réalisme et l'efficacité feront toujours la différence. Ils ont de la ressource... Dridi pourrait ainsi compter sur les joueurs qui ont pris l'habitude de faire tout ce qu'ils sont censés accomplir sur le terrain. Leur régularité dans le rendement n'est qu'un signe d'épanouissement. On leur reconnaît en effet cette aptitude à pouvoir forcer la décision au moment voulu et en temps opportun. Plus qu'un constat, c'est aujourd'hui une évidence: le ST dégage plus de force que de talent. Nous ne sommes pas tous d'accord sur la qualité du jeu développé par l'équipe, et pas plus sur la valeur du spectacle exprimé. On s'indigne des fois d'un jeu qui privilégie l'excès de rigueur à la spontanéité. Mais on peut aussi se dire que dans l'application de cette «philosophie» de jeu, elle possède une ligne de conduite et une compétence certaine. Elle laisse parfois ses supporters sur leur faim, elle apprivoise insuffisamment ses adversaires, elle ne rend pas toujours gai. Mais elle a incontestablement gagné du temps. Son public ne l'ignore pas. Ce qui a été déjà accompli ne peut que montrer le chemin qui reste à faire. Tous ces détails, ces erreurs qui ne pardonnent pas, mais qui permettent d'apprendre sur des bases solides... Pour rejoindre la cour des grands, le ST aurait encore besoin d'acquérir une vraie philosophie de jeu et une structure de club stable, avec un système clairement défini et un style qui lui soit propre et assumé par tous. Une gouvernance administrative intelligente. Un modèle sportif innovant et adapté aux exigences du présent. Cela s'inscrit dans le droit fil des exigences de la nouvelle étape...