Malgré l'humour et l'absurde de certaines situations, le réalisateur tombe vite dans un ton didactique et moralisateur. Le Président et sa famille dirigent leur pays d'une main de fer, profitant d'une vie luxueuse, pendant que ses sujets vivent dans la misère. Du jour au lendemain, un violent coup d'Etat met fin à cette dictature et le Président devient l'homme le plus recherché du pays. Avec son petit-fils de 5 ans, il tente alors de rejoindre la mer où un navire les attend pour les mettre hors de danger. Grimés en musiciens de rue, ils se retrouvent confrontés à la souffrance et à la haine qu'il a suscitées... Enoncée comme cela, l'idée du film Le Président de l'Iranien Mohsen Makhmalbaf, inspirée, visiblement, des «révolutions» du printemps arabe, est plus qu'alléchante. Le début est, même, assez réussi et parvient, un tant soit peu, à faire oublier le grossier aspect caricatural grâce à l'énergie des premières séquences qui parviennent à installer l'ambiance bouillante, bruyante et folle d'une révolte (qui ne manque pas de nous rappeler l'univers et la satire de Kusturica). Tourné en Géorgie en 2014, le film s'amorce avec une scène pour le moins caricaturale : c'est le soir de la chute du tyran. Assis, devant sa grande baie vitrée, son petit-fils sur ses genoux, il s'amusait, d'un simple coup de téléphone, à donner l'ordre d'éteindre et d'allumer toutes les lumières de la capitale. A l'autre bout du fil, le préposé à la lumière ose l'impensable : désobéir. Très vite, des tirs se firent entendre... La famille de «Sa Majesté» prend la fuite, avec les honneurs et tout le tralala (tapis rouge, escorte et fanfare), le lendemain. Le petit, refusant de les accompagner, reste avec son grand-père qui croyait pouvoir arranger les choses. Mais le peuple n'est pas du même avis et il se retrouve vite pourchassé, flanqué de son petit-fils de 5 ans, par les militaires et les insurgés. Commence dès lors le périple du président : il fuit, se cache, se déguise, se fait passer pour un musicien de route, se joint à un groupe, le quitte pour un autre, passe un barrage, et ainsi de suite, avec l'espoir de rejoindre la mer où un bateau va le récupérer. Au fil des situations et des rencontres avec les couches sociales les plus démunies et autres victimes de son régime, il se retrouve confronté à ses actes et à sa tyrannie. Malheureusement, et malgré l'humour et l'absurde de certaines situations, le réalisateur tombe vite dans un ton didactique et moralisateur. Morale de la fable: il ne faut pas user de violence pour combattre la violence. Certes noble, mais très simpliste dans la forme et l'écriture cinématographique. Les scènes tombent dans le propos naïf, voire folklorique, en dépeignant une misère à «la petite fille aux allumettes»; notamment celle avec la prostituée (ponctuée d'une scène musicale injustifiée, voire greffée), une séquence assez longue qui n'ajoute rien aux propos et qui, pire, tombe dans le premier degré et dans la simple caricature. Le réalisateur n'a pas, non plus, réussi le mariage entre les scènes intimistes (entre le tyran déchu et son innocent petit-fils) et les mises en scène (plutôt drôles) de cette ironie du sort. La fin du film est pesante et dérange par sa violence crue et son ton grossièrement moralisateur.